Kika ★★★☆

Kika (Manon Clavel) est assistante sociale à Bruxelles, mariée et mère de famille lorsque deux événements inattendus bouleversent sa vie. Le premier : la rencontre avec David (Makita Samba) dont elle tombe éperdument amoureuse. La seconde : la mort aussi brutale qu’inattendue de David, terrassé par un AVC, qui laisse Kika hagarde, à la rue, sans un sou. Refusant tout secours, Kika en dernière extrémité se résout à se prostituer.

Kika – qui pour moi restera à tout jamais un titre associé à un film d’Almodovar en talons aiguilles – est une réalisation étonnante qui mérite l’excellent bouche à oreille qui l’accompagne depuis sa projection à Cannes en mai dernier à la Semaine de la critique.

C’est un film qui joue sur deux tableaux.

D’une part, c’est une comédie cocasse, l’histoire d’une fille comme tout le monde, une Girl next door, qui fait la découverte du monde du BDSM, ses codes, ses pratiques et qui manifeste à cette découverte la même naïveté, le même étonnement que vous ou moi y manifesteriez – quoique je ne vous connaisse pas…. et que vous ne me connaissez peut-être pas ! Spanking, pegging, edging, face-sitting, si ces mots vous sont inconnus, alors ce film élargira votre vocabulaire et, si ces pratiques ne vous révulsent pas, vous fera beaucoup rire. Venue du documentaire, Alexe Poukine nous fait découvrir cet univers avec une curiosité gourmande sans verser dans le prosélytisme ou dans l’anathème. Son cinéma fait penser à celui, féministe et sororal, de Noémie Lvovsky, de Sophie Letourneur ou de Justine Triet première formule.

D’autre part, sur une veine plus grave, Kika est une tragédie, le récit d’un deuil dont l’héroïne ne réussit pas à se consoler. Enceinte de son compagnon décédé, en charge de sa première fille, sans toit, refusant la main tendue par son ex-mari, par sa mère et par son beau-père, Kika traverse une profonde dépression. Le BDSM lui sert d’exutoire. On en découvre alors la face plus sombre, moins cocasse : une façon, pour celui qui domine et pour celui est dominé, d’exorciser ses démons à travers une violence contrôlée.

Manon Clavel (La Vérité, Le Répondeur) est parfaite dans le rôle titre. Elle lui prête à la fois sa gravité et sa candeur.

La bande-annonce

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