Philosophe de formation, la documentariste Éléonore Weber a glané sur YouTube des images de guerre déclassifiées filmées sur des théâtres d’opérations exterieures (Afghanistan, Irak, Sahel…) depuis des hélicoptères américains ou français. La voix off de Nathalie Richard les commente.
En 2014, l’excellent Andrew Niccol réalisait Good Kill, une fiction dans laquelle Ethan Hawke interprétait le rôle d’un pilote de drone américain, passant des heures derrière son joystick, sur une base américaine du Nevada, effaçant quelques cibles, avant d’aller benoîtement chercher ses enfants à l’école à la fin de ses heures de service. Cette fiction soulignait, mieux que n’importe quel documentaire, la transformation de la guerre moderne en jeu video, la déréalisation du théâtre d’opérations, le déséquilibre des forces en présence et les questions éthiques qu’ils soulèvent.
Le documentaire de Éléonore Weber traite le même sujet. Il a le mérite de le faire avec des images « vraies », celles muettes, gris blanc, captées par les caméras thermiques embarquées à bord. Pendant quelques minutes, le temps de la bande annonce voire celui du premier quart du film, elles produisent un effet fascinant, accru par la voix off hypnotisante de Nathalie Richard. On essaie de se repérer, d’évaluer les distances, de distinguer les cibles, en évitant, comme les tireurs, les « bavures » : cette silhouette est-elle celle d’un paysan qui porte un râteau ou d’un moudjahidine brandissant une kalashnikov ? Mais bien vite l’ennui s’installe.
Car Il n’y aura plus de nuit souffre d’un défaut rédhibitoire : son absence de scénario. Il n’y a aucune progression dans ce film. Un seul point de vue nous est montré et répété ad libitum. La succession des séquences ne dessine aucune structure, n’articule aucun récit. Éléonore Weber aurait pu en montrer le double ou la moitié sans que l’équilibre de son documentaire en soit modifié. Reconnaissons lui le mérite de s’être borné à soixante-quinze minutes seulement.
Jeune veuve, Virginie (Suliane Brahim) s’occupe seule de sa fille et de son fils. Dans une ferme du Lot-et-Garonne, cette jeune agricultrice écoresponsable élève non sans mal des sauterelles dont elle tire une farine hyper-protéinée destinée à l’alimentation animale. Mais sa production n’est pas suffisante pour couvrir ses coûts. Tout change lorsque Virginie découvre par hasard que ses bêtes, trop peu charnues, enregistrent une croissance monstrueuse si on les nourrit avec du sang. Prête à tout pour sauver son exploitation, Virginie se lance dans une surenchère productiviste.
Thomas Edison (Alex Lutz) a été un jeune prodige du tennis plein d’avenir comme ce sport en connut tant. Mais après avoir échoué d’un cheveu à se qualifier en finale de Roland-Garros en 2001, il a plongé dans les profondeurs du classement ATP. Aujourd’hui, à près de trente-huit ans, marié à Ève (Ana Girardot), une ex-championne de tennis elle aussi, père d’un petit garçon, il vivote grâce à quelques maigres cachets et quelques cours particuliers.
Qu’est-il arrivé de la famille Abbot après l’accouchement de Evelyn et la mort de Lee ?
Suzanne a seize ans et Suzanne s’ennuie. Elle vit à Paris avec ses parents et sa sœur cadette dans un appartement cossu d’un immeuble bourgeois sur la butte Montmartre. De ses camarades, elle ne partage ni les joies ni les peines.
Mikaël (Vincent Macaigne) est médecin de nuit à Paris. Chaque nuit, à bord de sa Volvo hors d’âge, sa lourde sacoche vissée au bras, il sillonne les rues de Paris pour soigner les malades et apaiser les crises d’angoisse.
Alexandre (Denis Podalydès) est un has been. La cinquantaine bien entamée, les comptes dans le rouge, il élève seul ses deux enfants en bas âge depuis que sa femme, sous-marinière, l’a quitté. Ouvrier typographe, il n’a pas les compétences qu’un marché du travail de plus en plus compétitif, recherche. Sur un malentendu, The Box, une start-up, l’embauche. Mais il est à craindre que le malheureux Alexandre ne résiste pas longtemps aux méthodes managériales ultra-modernes de Aymeric (Yann Frisch), son patron, et de Séverine (Sandrine Kiberlain), sa supérieure hiérarchique. D’autant que la start-up interdit à ses salariés – en flagrante violation du Code du travail – d’avoir des enfants. C’est sans compter sur la rencontre providentielle que fait Alexandre, à la crèche de son cadet, de Arcimboldo (Bruno Podalydès), roi de la débrouille.
Le couple de documentaristes français Thomas Jenkoe et Diane-Sara Bouzgarrou est allé filmer au cœur des Appalaches, le dernier des « hillbillies ». L’idiotisme signifie « plouc », bouseux ». Pour les Américains, et pour le reste du monde depuis Delivrance de Boorman, les habitants de ces montagnes reculées sont des rednecks, des péquenauds arriérés, des dégénérés consanguins et analphabètes, racistes et trumpistes. L’injure a été reprise à son compte par Brian Ritchie, le héros de ce documentaire, qui retourne les stéréotypes dont sa communauté est affublée. Il explique son histoire. Il décrit sa géographie.
Adrien (Benjamin Lavernhe), la trentaine, passe la soirée chez ses parents. Il écoute, navré, la conversation qui roule entre son beau-frère qui pérore (Kyan Khojandi), sa sœur qui opine à tout (Julia Piaton), son père qui répète ad nauseam les mêmes histoires (François Morel) et sa mère qui s’apprête à servir son sempiternel gâteau au yaourt (Guilaine Londez que je m’entête à confondre avec Ariane Ascaride).
En 1999, le jeune documentariste Davy Rothbart rencontre sur un terrain de basket de Washington Smurf Sanford, quinze ans, et son petit frère, Emmanuel, neuf ans à peine. Il fait bientôt la connaissance de Cheryl, leur mère, et de Denice, leur sœur, filme la famille, prête à Emmanuel un caméscope et le laisse filmer à son tour quelques images. Pendant vingt ans, avec de longues ellipses, Davy Rothbart gardera le contact avec les Sanford. Des mille heures de rush qu’il a accumulés, il a tiré 17 Blocks.