La Belle ★☆☆☆

La petite Irma vit seule avec sa mère. L’adorable fillette a trouvé chez les enfants des voisins, en pâmoison devant sa grâce, une cour d’admirateurs conquis. Mais l’arrivée d’un nouveau petit voisin qui refuse de reconnaître sa beauté la plonge dans le désespoir.

Inédit en France, La Belle a été tourné en noir et blanc en 1969 par le réalisateur lituanien Arunas Žebriūnas. Sa sortie – confidentielle – sur quelques écrans parisiens est l’occasion de découvrir qu’existait avant la Chute du Mur, avant Sharunas Bartas et Alanté Kavaïté, un cinéma en Lituanie.

Ce film de soixante-trois minutes est minimaliste. Il ne quitte pas d’une semelle la gracieuse Inga Mickyté – dont on serait bien curieux de savoir ce qu’elle est ensuite devenue. L’inspiration de Arunas Žebriūnas est aisément identifiable : la Nouvelle Vague et Les Quatre cents coups de Truffaut. Pour autant, il ne s’agit pas, comme chez Truffaut de filmer les facéties de l’enfance ou ses révoltes rentrées. Le cinéma de Žebriūnas emprunte plutôt au réalisme poétique, embarquant la gamine dans une quête, un brin poseuse, de l’essence de la beauté qu’elle recherche dans un bouquet d’aurone en fleurs. Le tout sur une musique très référencée qui rappelle l’acoustique de François de Roubaix.

Ce qui frappe aujourd’hui dans ce film tourné un an seulement après le Printemps de Prague est son absence de tout caractère politique – sauf à considérer que l’histoire d’une enfance qui s’ennuie dessine en creux le portrait d’un système qui l’étouffe. Témoignant de ce que le pouvoir soviétique autorisait l’expression des cultures locales, on s’exprime en lituanien tout le long du film et non en russe (mais je n’ai pas réussi à vérifier que les dialogues étaient d’origine ou résulteraient d’une post-synchronisation plus récente). Et La Belle montre Vilnius, le va-et-vient indolent de ses habitants, les berges paisibles de la rivière qui la traverse, comme n’importe quelle ville au monde.

La bande-annonce

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