Les frères Sisters sont tueurs à gages. Dans l’Amérique de la ruée vers l’or, ils vendent leurs talents au plus offrant. Charlie le cadet (Joaquin Phoenix) est le plus insouciant des deux, qui boit et qui couche dès que l’occasion s’en présente. Eli l’aîné (John C. Reilly) est le plus sensible, qui peut abattre de sang froid un homme mais ne supporte pas de voir une bête souffrir.
Leur donneur d’ordres, le mystérieux Commodore, leur a désigné leur prochaine cible : Hermann Kermit Warm (Riz Ahmed) un alchimiste auquel ils devront, avant de l’exécuter, arracher la formule qu’il a inventée. Un détective privé est déjà sur ses trousses : l’élégant John Morris (Jake Gyllenhaal).
De tels tombereaux d’éloges se sont déjà abattus sur Les Frères Sisters qu’on sera bien hardi d’en dire ici du mal. On le sera d’autant plus qu’on tient Jacques Audiard pour le plus grand réalisateur français contemporain avec Abdellatif Kechiche : tous ses films, à l’exception peut-être de Dheepan, qui ne méritait pas la Palme, sont des chefs d’œuvre inoubliables de Sur mes lèvres à De rouille et d’os en passant par Un prophète et De battre mon cœur s’est arrêté.
On lit qu’il tourne un « western crépusculaire ». Expression ô combien galvaudée depuis que le western, genre éminemment daté, contemporain d’un âge d’or américain, qui n’en finit plus de connaître un long épuisement et dont on se demande diable ce que le réalisateur français est allé y chercher, dans des décors naturels espagnols ou roumains et avec des acteurs américains recrutés à prix d’or.
On lit aussi qu’il raconte « un sublime récit de fraternité » en mettant en scène deux frères au patronyme déroutant. On n’y voit pourtant, comme on l’a vu mille fois, qu’un duo de cowboys, ici unis par les liens du sang, qui incarnent chacun à leur façon des caricatures : l’aîné incarne la voix de la raison laissant au puîné le rôle du débauché capricieux et immature.
On lit enfin qu’il s’agit d’une « réflexion terrassante sur la banalité du mal », un sujet qui traverse l’œuvre de Audiard. C’est sans doute faire beaucoup de cas à ce quatuor de personnages dont l’histoire ne surprend guère, sinon par la scène, attendue pendant près de deux heures durant laquelle Warm teste enfin sa formule. Elle restera gravée dans les mémoires. Elle ne justifie pas à elle seule les éloges excessifs venus saluer cette odyssée américaine d’un réalisateur dont on espère le retour rapide à des horizons plus familiers.
Tom (Thomasin McKenzie) a quinze ans. Elle vit seule dans les bois de l’Oregon avec son père Will (Ben Foster) qui fuit un passé qui le hante. Leurs contacts avec la société des hommes sont réduits au minimum.
Le docteur Sanada (Takashi Shimura) a installé son cabinet dans un quartier pauvre de Tokyo au bord d’une mare pestilentielle. Il cache derrière une approche revêche un grand cœur. Il soigne tous les malades, même ceux qui ne peuvent le payer. Aussi accepte-t-il de retirer la balle que Matsunaga (Toshiro Mifune) un yakuza patibulaire, a reçue dans la main. À l’occasion de cette consultation, le docteur diagnostique une tuberculose. Il ordonne à son patient de se soigner en évitant l’alcool et les femmes. Mais l’orgueilleux Matsunaga n’en fait qu’à sa tête au risque de s’affaiblir rapidement.
Ben se travestit sous le pseudo de Miranda. Il se prostitue à Phnom Penh. Accro à la drogue il partage une chambre avec un amant khmer. Son amie Judith, qui enquête sur le génocide pour le Tribunal international, l’aide.
1982. Pigalle. Deux agents des impôts sous couverture dirigent un peep show pour piéger les barons du X.
Une troupe de jeunes danseurs fête la fin des répétitions avant de partir en tournée. La soirée commence dans la liesse. Mais bientôt, le trip devient very bad. La sangria a semble-t-il été préparée au LSD plongeant les participants à la fête dans un état de transe anxiogène.
Deux moyens-métrages d’une trentaine de minutes chacun
Abel Rosenberg (David Carradine) est un trapéziste américain échoué à Berlin en novembre 1923. La République de Weimar est en plein chaos, minée par l’hyperinflation et le chômage. Abel et son frère Max partagent une chambre insalubre. Le film débute avec le suicide de Max qui se donne la mort d’une balle de pistolet dans la tête.
Keith (McCaul Lombardi) a vingt-quatre ans. Il vient de sortir de prison. Il retourne chez son père, un bracelet électronique à la chevillle qui limite son autonomie, à Baltimore dans le quartier de Sollers Point.
Keiko n’a guère plus de trente ans. Mais la mort de son mari cinq ans plus tôt et ses responsabilité à la tête d’un bar à hôtesses du centre de Tokyo l’obligent à revêtir un habit trop grand pour elle. Chaque soir, elle doit monter l’escalier étroit qui conduit à son établissement et y faire bonne figure pour attirer une clientèle qui se fait de plus en plus rare.