Le Monde est à toi ★★☆☆

François (Karim Leklou) en a marre de sa vie en banlieue, des deals minables avec son beau-père, un ex-taulard à moitié branque (Vincent Cassel), des frasques de sa mère, une voleuse professionnelle qui n’a jamais su décrocher (Isabelle Adjani), de l’amour impossible avec l’inaccessible Lamya (Oulaya Amamra). Il veut embrasser une vie ordinaire en reprenant la franchise de Mr Freeze au Maroc. Mais, pour parvenir à ses fins, il a besoin d’un capital que le caïd du quartier, aussi violent que décérébré (Sofian Khammes) lui propose d’aller gagner à Benidorm en Espagne.
Encadré par deux caïras à la gâchette facile, François ne pourra compter sur son ingéniosité et sur ses amis pour affronter la mafia anglaise de la drogue.

Le Monde est à toi présente une affiche paradoxale : un sacré défilé de stars laissant le haut de l’affiche à un quasi inconnu. Le quasi inconnu n’en est plus tout à fait un puisque Karim Leklou a déjà montré sa trogne impayable dans Un prophète, Coup de chaud, Réparer les vivants et Orpheline. C’est autour de lui que le film se construit, seul personnage raisonnable, seul héros positif au milieu d’une galerie de pieds nickelés. Vincent Cassel, Isabelle Adjani, mais aussi Philippe Katerine (en avocat véreux) et François Damiens (en truand rangé des voitures) s’en donnent à cœur joie.

Le résultat est un mélange maladroit entre comédie française pas vraiment drôle et polar gangsta pas vraiment  haletant. Comme dans les films de Guy Ritchie (Revolver, Snatch), la forme l’emporte sur le fond. Pas étonnant de la part d’un réalisateur venu du clip. La Quinzaine des réalisateurs à Cannes n’a pas été convaincue. Elle a eu la dent dure. Sans crier au génie, 15 août oblige, reconnaissons qu’on ne s’ennuie pas et même qu’on passe un moment agréable.

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Mission Impossible – Fallout ★★☆☆

Ethan Hunt (Tom Cruise) et ses coéquipiers de la team Mission impossible doivent récupérer trois bombes au plutonium qu’un terroriste menace de faire exploser au Cachemire.

Vingt ans après le premier opus, Tom Cruise, la musique iconique de Lalo Schifrin et les répliques mythiques qui avaient fait le succès de la série créée en 1967 (« your mission, should you choose to accept it… ») n’ont – presque – pas pris une ride.

Et tel est bien le problème. Quand bien même Tom Cruise répète qu’il ne sert à rien de tourner des suites si elles n’apportent rien de neuf, il peine à mettre en œuvre cette saine résolution. Mission impossible 6 (pourquoi diable les producteurs n’ont ils pas joué avec l’acronyme MI6 ?) ressemble à s’y méprendre aux épisodes précédents : un Tom Cruise rebondissant entouré de top models qui lui mangent la soupe sur la tête, une intrigue suffisamment alambiquée pour qu’on n’y comprenne rien sans préjudice, des cascades toujours plus étourdissantes filmées aux quatre coins du monde…

La seule différence : un budget toujours plus éléphantesque qui tangente le PIB du Nepal et qui autorise toutes les excentricités. Les spectateurs français sont bien placés pour le savoir qui retrouveront avec gourmandise quelques vues parisiennes filmées dans un joyeux désordre. On dirait presque la retape de la sortie de l’ENA : Bercy, le Palais royal, la rue de Valois… ne manquent que le Quai d’Orsay et la place Beauvau !

Scotché par l’accumulation de roulades, on ne regarde pas sa montre. On la regarde d’autant moins qu’on sera allé voir le film en IMAX 3D – et qu’on n’aura pas la mesquinerie de trouver la place à 19.90€ un peu cher payée. De là à dire qu’on attend avec impatience la sortie de MI7, il y a un pas qu’on ne franchira pas.

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Le Poirier sauvage ☆☆☆☆

Sinan vient d’obtenir son diplôme universitaire. Pour autant son avenir reste sombre. Écrivain amateur, il aimerait publier son premier ouvrage intitulé Le Poirier sauvage. Il tente sans conviction le concours d’instituteur en craignant, s’il le réussit, d’être muté dans l’est du pays. Si rien ne se passe, il devra bientôt partir faire son service militaire.
Le jeune Sinan n’a qu’une hantise : reproduire le destin de son père dont l’intelligence et le sens artistique ont été gâchés par le goût du jeu et qui s’est résigné à une vie médiocre.

Nuri Bilge Ceylan raconte l’histoire d’un fils ni vraiment prodige ni vraiment prodigue qui s’en revient chez lui, ses études achevées, et qui hésite sur le sens à donner à sa vie. Pendant tout le film la caméra le suit qui déambule dans son village au fil des rencontres plus ou moins fortuites qu’il y fait.

Une critique internationale pâmée a décrété que Ceylan était le plus grand réalisateur turc contemporain. Depuis Uzak et jusqu’à Winter Sleep consacré en 2014 par la Palme d’Or, elle a invoqué à chacun de ses films les mânes de Tchekov pour la finesse de la description des caractères, de Dostoievski pour leur ambition métaphysique, d’Antonioni pour la peinture des relations de couple et d’Angelopoulos pour la beauté hypnotisante de ses plans et leur longueur déroutante.

C’est beaucoup. C’est trop. Le dernier film en date de Ceylan, certes sélectionné à Cannes mais dont il est revenu bredouille à la différence des cinq précédents, dévoile les limites de l’exercice sinon la mystification dont il est coupable.

Pendant près de trois heures, une durée que rien ne justifie sinon l’orgueil démesuré du réalisateur-scénariste-monteur et son mépris de ses spectateurs, le même procédé est inlassablement répété : le héros solitaire, filmé en plongée pour mieux l’écraser, arpente la campagne turque en attendant de faire une rencontre qui plonge l’auditoire dans un tunnel logorrhéique d’une vingtaine de minutes.

Chaque face à face, quasiment filmé à l’identique a sa thématique lourdement soulignée. Avec le père ou le grand père qui le sollicite pour les aider dans les travaux agricoles, l’atavisme familial. Avec le maire ou l’entrepreneur de BTP auprès desquels Sinan mendie une subvention pour publier son livre, la corruption et la bêtise des classes dirigeantes. Avec l’ancienne amie de lycée qu’il embrasse sous un poirier sauvage, la nostalgie des vertes amours enfantines et des occasions à tout jamais perdues. Avec le jeune imam faussement moderniste, le dévoiement de l’Islam. Etc.

Les acteurs, à commencer par l’acteur principal qui a la tête d’un écrivain comme j’ai celle d’un champion de patinage artistique, sont si obnubilés par la diction de leur texte interminable filmé en longs plans-séquences qu’ils en perdent toute spontanéité.

La seule chose à sauver de ce Poirier sauvage serait la musique de Bach qui pare sa bande-annonce d’une élégance grave. Mais répétée dix fois, le thème tourne au jingle et finit par produire l’effet inverse de celui escompté : l’agacement plutôt que la fascination.

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Cornélius, le meunier hurlant ★☆☆☆

Un meunier venu de nulle part s’installe près d’un petit village coupé du monde. Il y construit un moulin, y fabrique la meilleur des farines. Il n’a qu’un seul défaut : la nuit tombé, il hurle à la mort, empêchant les villageois de trouver le sommeil.

On attendait avec gourmandise le premier long de Yann Le Quellec qui avait sorti en 2012 deux moyens métrages enthousiasmants : Je sens le beat qui monte en moi et La Quepa sur la Vilni. On l’attendait d’autant plus qu’il adaptait un roman du loufoque auteur finlandais Arto Paasilinna qui, depuis qu’il a été tardivement traduit en français (Le Lièvre de Vatanen écrit en 1975 n’est traduit qu’en 1989) s’est acquis dans l’hexagone un public fidèle.

On est bien déçu par le résultat qui ne fonctionne pas.
Pourtant ce western poétique, cette comédie grave, cet hymne à la différence avait de quoi séduire. Comme dans Je sens le beat…, Yann Le Quéllec filme des corps : celui massif et gigantesque de Cornélius Bloom interprété par Bonaventure Gacon (des faux airs de Depardieu jeune), celui gracile et séduisant de Carmen Cardamome, la fille du maire interprétée avec toujours autant de fraîcheur par Anaïs Demoustier. Il a même demandé à Maguy Marin de les chorégraphier dans des séquences aussi belles qu’enlevées.

Sa fable gentiment absurde se laisse voir sans déplaisir. On se laisse conquérir par l’ambiance bon enfant de ce village d’opérette ; on est impressionné par les paysages sauvages des Cévennes et par ce moulin steampunk construit à partir de rien ; on est attendri par la folie douce de Cornélius et par l’amour naïf qui l’unit à Carmen. Mais, ce sympathique bric-à-brac, aussi pétri soit-il de bonnes intentions et de bonnes idées, ne suffit pas à faire un film avec un sujet et un point de vue.

Le public ne s’y est pas trompé qui a boudé la sortie de Cornélius…, quasiment sorti des écrans au bout de quelques semaines.

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Corpo Eléctrico ★★☆☆

Elias a vingt-cinq ans à peine. Il vient d’arriver à São Paulo. Ses journées sont bien occupées : il exerce des fonctions d’encadrement dans une usine textile aux côtés de la patronne. Mais ses soirées ne le sont pas moins : Elias multiplie les rencontres et les conquêtes masculines.

Le cinéma brésilien nous réserve de belles surprises. Aquarius – dont Marcelo Caetano avait dirigé le casting – avait enthousiasmé la Croisette en 2016 et emporté un beau succès en salles (156.000 entrées en France). Gabriel et la montagne nous entrainait en 2017 en Afrique orientale sur les pas d’un étudiant brésilien idéaliste. Les bonnes manières osait en 2018 le film vampire lesbien.

Corpo Eléctrico ne trouvera pas sa place dans ce palmarès. Mais ce n’est pas faute de qualités.

Corpo Eléctrico est un film dyonisiaque qui exalte sans tabous la joie de vivre et d’aimer. D’ailleurs il aurait pu sans rougir détourner à son profit le titre de Christophe Honoré : Plaire, aimer et coudre.

Corpo Eléctrico n’est pas sans rappeler Mektoub my love. Comme Abdellatif Kechiche, Marcelo Caetano filme les corps, leur beauté solaire, leur sensualité provocatrice. Comme Kechiche, Caetano aime filmer des groupes de jeunes qui se croisent et se frôlent. Il le fait parfois avec un peu trop d’afféterie : ainsi de ce long traveling arrière dans les rues de São Paulo où Elias et ses amis déambulent d’un bon pas. Mais il faut lui reconnaître le don rare de réussir à capter la vie comme elle va.

Corpo Eléctrico a les défauts de ses qualités. Son refus du dramatique lui fait parfois friser l’insignifiance. Son goût prononcé pour les scènes de groupes l’empêche d’isoler les caractères. Sa manie d’étirer les plans tourne parfois à la pose. Sous ses aspects faussement cool, il n’en reste pas moins un film politique en affirmant que les différences de race et de sexualité, que les inégalités de classes peuvent se dissoudre dans un hédonisme post-moderne. (Dé)culotté.

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La Paysanne aux pieds nus ★☆☆☆

En 1943, à Rome, Cesira (Sophia Loren) élève seule sa fille Rosetta en tenant le troquet de son mari défunt. Les bombardements alliés la conduisent à fuir la capitale avec sa fille et à retourner dans sa région d’origine, la Ciociarie. Mais elle ne reconnaît plus son village, envahi par des hordes de réfugiés qui fuient tout à la fois les exactions des Allemands en déroute et l’avancée des troupes alliées encalminées au Mont-Cassin.

La Ciociara (connu egalement sous son calamiteux titre français La Paysanne aux pieds nus) marque les retrouvailles de Sophia Loren et de Vittorio De Sica six ans après L’Or de Naples. L’explosive actrice vient de passer trois ans à Hollywood. Le vieux réalisateur a déjà à son actif Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan et Umberto D. Carlo Ponti, l’influent producteur, veut offrir un rôle marquant à sa femme pour qu’elle revienne en Italie. L’adaptation d’un livre de Moravia, inspiré de faits réels, lui en fournira l’occasion.

Filmé en noir et blanc, La Ciociara ressemble aux films néoréalistes de la fin des années quarante dont il reprend les thèmes et les formes : Rome ville ouverte, Païsa, Riz amer… Il en a à la fois la beauté tragique et le lyrisme démodé.

Le film fut un triomphe pour Sophia Loren qui obtint le Prix d’interprétation féminine à Cannes, l’Oscar de la meilleure actrice (le premier jamais décerné pour un film en langue étrangère), le Donatello – l’équivalent transalpin des Césars – de la meilleure actrice, etc.

Près de soixante ans plus tard, la plastique tout en courbes de Sophia Loren n’a rien perdu de sa générosité mais son jeu exubérant a hélas bien vieilli. De tous les plans, l’actrice monopolise l’attention ne laissant aucune place à ses partenaires, y inclus le malheureux Jean-Paul Belmondo qui n’en peut mais. Son jeu se réduit à deux expressions : rouler des yeux scandalisés quand un homme reluque son décolleté, les étrécir dans un soupir pâmé quand elle se laisse embrasser.

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The Cured ★★★☆

Quelques années plus tôt, le terrible virus Maze a transformé la quasi-totalité de l’humanité en zombies cannibales. Mais un vaccin a été trouvé, permettant de soigner les personnes infectées.
Pour autant, des problèmes demeurent. Une partie des zombies est incurable. Quant à ceux revenus à la vie civile, ils peinent à se réinsérer.

The Cured commence là où World War Z et nombre de films de zombies se terminent : un vaccin a été trouvé qui va sauver l’humanité d’une extinction cannibale. Happy end ? Pas évident nous répond ce thriller malin qui pose de stimulantes questions éthiques, sur le pardon et sur le remords.

Il questionne d’une part le rapport des humains rescapés face aux zombies guéris. Ceux-ci pardonneront-ils à ceux-là les crimes qu’ils ont commis ?  Leur feront-ils une place dans la société ? Ou les maintiendront-ils sous surveillance, de peur d’une rechute et/ou par refus de leur pardonner ?

Il questionne d’autre part les remords des zombies que le vaccin n’a hélas pas privés de souvenirs, condamnés à être hantés par les cauchemars des crimes monstrueux qu’ils ont commis. Parviendront-ils à se réconcilier avec eux-mêmes et avec les autres ? Ou s’enfermeront-ils dans un séparatisme radical ?

Toutes ces questions éthiques sont traitées à travers trois personnages. Senan (Sam Keeley) a perdu son frère pendant l’infection, dans des conditions qu’on découvrira bien vite. Il est hébergé par sa belle-sœur Abbie (Ellen Page) qui élève, seule, un fils. Conor (Tom Vaughan-Lawlor) n’a pas cette chance. Sa famille l’a banni. Il en est réduit à loger dans un foyer pour anciens zombies. Brillant politicien en pleine ascension avant l’épidémie, il n’accepte pas d’être relégué dans un statut parasite et fomente une révolte. Le docteur Lyons (Paula Malcomson) cherche inlassablement un remède pour soigner sa femme qui a pour l’instant résisté à tous les traitements.

The Cured a tous les ingrédients du film de genre, jump scares anxiogènes et cauchemars effrayants inclus. Mais il s’en distingue par la qualité de son interprétation (Ellen Page, qui tisse depuis Juno une carrière étonnante entre blockbuster – X-Men, Inception – et film d’auteur) et la finesse de son scénario dont le dénouement, aussi surprenant que logique, m’a cloué sur mon siège. The Cured devait sortir en salles le 18 juillet. Pour des raisons qui m’échappent, son distributeur, Bac Films, a baissé les bras.  Le film est directement sorti… dans les bacs.

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Mamma Mia! Here We Go Again ★★☆☆

Dix ans après Mamma Mia! voici sa suite. Elle aurait pu s’appeler Mamma Mia 2 ; mais aujourd’hui les suites ne sont plus numérotées. On ne parle pas de Mission impossible 6 – alors qu’on parlait pourtant du 2 ou du 3 – ni de Jurassic Park 5. Pourquoi ? Pour ne pas donner au gogo l’impression trop flagrante qu’il est face à un sequel qui n’a d’autre raison d’être que de capitaliser sur le succès commercial d’une franchise. Vous m’opposerez Les Indestructibles 2 et Hôtel Transylvanie 3 et vous aurez raison. Mais cela ne redonne pour autant pas beaucoup d’intérêt à ces suites dispensables.

Cette introduction augure mal de ma critique. On cherche désespérément l’intérêt de donner une suite au film de 2008, lui même adapté de la comédie musicale créée à Londres en 1999 par Catherine Johnson et voué depuis lors à une gloire intergalactique. Tout semblait avoir été dit de Donna (Meryl Streep), de sa fille Sophie (Amanda Seyfried) et de sa paternité compliquée avec Sam (Pierce Brosnan), Harry (Colin Firth) et Bill (Stellan Skarsgård). Tout surtout semblait avoir été chanté des principaux tubes de Abba : Mamma Mia, Dancing Queen, Super Trooper, The Winner Takes It All

De quoi une suite pouvait-elle être faite ? Comment raconter une histoire sans répéter la même ? Quels tubes reprendre sans bégayer ? Les producteurs choisissent la solution la plus paresseuse : un scénario qui revient en flashbacks sur la rencontre de Donna jeune avec les trois pères putatifs de Sophie et une bande son qui mêle hits et chansons moins connus (parmi lesquels l’iconoclaste When I Kissed the Teacher).

Le resultat réjouira les fans et les autres tant la rythmique sucrée des chansons de Abba et les chorégraphies bollywoodiennes qui les accompagnent débordent d’une communicative énergie. Une telle indulgence est largement incompréhensible. Car l’histoire courue d’avance est sans intérêt, le jeu des acteurs horripilant (Lily James, remarquée dans Downton Abbey et Le Cercle litteraire de Guernesey est à baffer) et les chansons moins euphorisantes que celles de la face A. Le seul intérêt de ce Mamma Mia 2 : pouvoir organiser une soirée à thème sans regarder deux fois le même film.

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Mario ★☆☆☆

Mario (Max Hubacher révélé par The Captain) n’a qu’un rêve : devenir footballeur professionnel. La prochaine saison s’annonce déterminante. Son père et son nouvel agent le lui rappellent à l’envi.
L’équipe de Mario, les YB de Berne, voit l’arrivée d’un nouvel attaquant venu d’Allemagne, Leon (Aaron Altaras), avec lequel Mario emménage dans une colocation mise à leur disposition par leur club à proximité du stade.
Entre les deux jeunes gens l’attraction est immédiate. Mais la révélation de leur liaison risque de compromettre leur avenir sportif.

Joli sens du timing pour Mario, qui est d’abord édité le 3 juillet en DVD et VOD avant de connaître le 1er août au MK2 Beaubourg une – confidentielle – sortie en salles : sa diffusion coïncide avec le Mondial de football 2018 et prend pour sujet l’homophobie dans le sport dont la Gay Pride du 30 juin avait fait son thème.

Le sujet est délicat. Quand la rumeur de la liaison entre Mario et Leon circule dans les couloirs du club, deux attitudes sont possibles, qu’incarne chacun des deux joueurs. Celle de Mario consiste à nier envers et contre tout, allant jusqu’à convoquer une amie d’enfance pour convaincre les autres joueurs et l’encadrement de son hétérosexualité. Celle de Leon est moins hypocrite : il assume son homosexualité et ses sentiments pour son coéquipier, renvoyant ceux qui les dénigrent à leur homophobie.

Mais le film est gâché par une mise en scène insipide, proche des canons téléfilmiques, qui en étire la durée sur près de deux heures. On tangente plus la bluette gay que le drame de société – comme l’affiche hélas aurait dû nous en avertir. Et l’épilogue a beau éviter l’écueil du happy end convenu, il ne suffit pas à sauver ce film trop mièvre. Son contenu et son traitement rendent d’autant plus dérisoire la décision des organisateurs de Cannes Écrans Juniors de le déprogrammer, faisant à ce film sans grand intérêt une publicité paradoxale qu’il ne méritait pas.

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Ma fille ★★★☆

Vittoria a bientôt dix ans. Elle est l’enfant unique de Tina (Valeria Giolini) qui lui voue une affection étouffante et de Umberto. À quelque distance du petit village portuaire de Sardaigne où la famille est installée vit dans une ferme isolée Angelica (Alba Rohrwacher).

Le deuxième film de Laura Bispuri a des faux airs de tragédie grecque. Unité de temps. Unité de lieu. Unité d’action. Avec une économie de moyens admirable, qui ne vire jamais au minimalisme, la realisatrice filme à l’os. Son sujet est ténu et se devoile rapidement : l’ecartelement d’une enfant entre sa mère biologique et sa mère adoptive.

Ma fille – un titre aussi simple qu’intelligent – aurait pu aussi bien s’intituler Ma mère. La petite Vittoria hésite entre deux modèles : la maman (Tina) et la putain (Angelica). L’opposition pourrait sembler simpliste. Elle ne l’est pas. Car la réalisatrice réussit, sans effet de manches ni dramaturgie inutile, à nous toucher.

Sa réussite doit beaucoup à son trio d’actrices. Valeria Giolino, découverte il y a une trentaine d’années dans Rain Man, vieillit merveilleusement bien. Alba Rohrwacher, curieux alliage de blondeur germanique et de sensualité méditerranéenne, confirme son talent. Et la jeune Sara Casu évite l’écueil du cabotinage. Une réussite sur toute la ligne.

La bande-annonce