On ne peut être insensible au dernier film de Bruno Dumont, un des réalisateurs français les plus originaux. On est pour ou on est contre. Contre, je le suis résolument.
Tout dans ce film pourtant est original, à commencer par son titre. « Ma Loute » est le prénom d’un des protagonistes, fils aîné d’une famille de paysans, les Brufort, qui voit débarquer, l’été venu, les Van Peteghem, de riches bourgeois du Nord en villégiature au bord de la mer. Nous sommes en 1910 entre Proust et Jarry ; mais nous pourrions être aujourd’hui. Les Brufort sont des rustres mal dégrossis dont on apprendra (trop) vite le lourd secret. Mais, sous le vernis de la civilisation, les Van Peteghem ne valent guère mieux. Sort seule du lot Billie, la fille androgyne des Van Peteghem, qu’une attirance partagée rapproche du fils Brufort.
« Ma Loute » est un spectacle totalement inédit. Par son cadre : la baie de la Slack superbement photographiée. Par son esthétique de bande dessinée et ses personnages truculents à commencer par le duo d’inspecteurs inspirés des Dupont & Dupond ou Laurel & Hardy. Par son mélange des genres : polar, gore, histoire d’amour, critique sociale…
Alors, me direz-vous, pourquoi être hostile à ce film si c’est pour l’encenser ? À cause de son inanité. « Ma Loute » est une belle machine qui tourne dans le vide. À trop vouloir critiquer bourgeois et paysans, consanguins et cannibales, Bruno Dumont les réduit à des caricatures cartoonesques. Immenses acteurs l’un et l’autre, Fabrice Luchini et Juliette Binoche jouent le ridicule au point de se ridiculiser. En tuant la lueur d’espoir qu’avait fait naître l’idylle naissante entre Billie et Ma Loute, Bruno Dumont étouffe la seule parcelle d’humanité que ce film nihiliste avait laissé éclore.
En 1947, Sherlock Holmes, âgé de 93 ans, prend une retraite méritée au bord de la mer. Secondé par le fils de sa gouvernante, il essaie de se remémorer sa dernière enquête malgré une mémoire défaillante.
Encore un film français me direz-vous ? Un film sans grand budget mais avec des seconds rôles aux petits oignons ? Un de ceux qui disparaissent de l’écran au bout de deux semaines faute de trouver son public ? Qui passera en fin de soirée sur France 2 ? Qu’on ne trouvera jamais en VOD ni sur Air France ? Certes, mais je les aime tant. C’est à croire que je suis sponsorisé par UniFrance !
Il est de bon ton de critiquer les séries B françaises en les comparant à leurs homologues outre-Atlantique : budgets riquiqui, intrigues banales, misérabilisme social… C’est souvent injuste, car le cinéma français sait produire des petits films bien troussés, bien écrits, bien joués, secs et efficaces.
Depuis que je vais au cinéma, je n’ai jamais raté un Woody Allen. À mon âge ça commence à faire. 1987 ? 1988 ? C’est devenu un rite saisonnier, en général automnal mais cette année printanier, Cannes oblige. Un rendez-vous immanquable. Un peu comme le raisin en septembre et les truffes à Noël.