Valerian et la Cité des mille planètes est l’adaptation de la BD Valerian et Laureline. Tant pis pour Laureline. les féministes apprécieront. Luc Besson l’avait lue enfant et en avait été marqué à vie. C’est intéressant. Mais on s’en fout.
Un (premier) prologue raconte l’histoire de la cité aux mille planètes qui s’est construite par l’agrégation de plusieurs vaisseaux spatiaux dont les équipages ont décidé, après s’être serrés la main – ou la tentacule ou la pince – de mettre en commun leurs talents.
Un (deuxième) prologue nous projette une dizaine de siècles plus tard sur la planète Mül, dans un décor de dessin animé façon My Little Pony où une princesse sylphide – avec un corps interminable et des toutes petites fesses – se réveille sur les bords d’une plage paradisiaque pour se laver avec une perle miraculeuse avant de demander à son animal de compagnie d’en chier (pardon) une tripotée. Inutile de préciser que cet Éden inviolé sera bientôt attaqué par des forces ennemies écrasantes laissant seulement à son roi et à sa reine le temps de se réfugier dans un vaisseau pendant que la princesse susmentionnée meurt dans un flash aveuglant – parce que la poignée du vaisseau est cassée (si si !)
Un (troisième) prologue nous fait – enfin – découvrir Valerian et Laureline en maillot de bain (non ! cette tenue dégradante ne réduit pas la jeune fille à un simple statut d’objet sexuel) sur une plage. Ils ont soi-disant vingt-cinq ans et flirtent avec la subtilité d’ados de quatorze sur le mode « Je t’aime. moi non plus » : « Mais non je ne suis pas un coureur de jupons. Je cherche juste la bonne et, la bonne, c’est toi. » (sic)
Valerian (Dane DeHaan pour exciter les jeunes spectatrices) et Laureline (Cara Delevingne pour mettre en émoi les jeunes spectateurs) sont des agents de la Fédération. Ils ne sont pas sur une plage exotique mais dans la salle de repos de leur navette spatiale qui les conduit sur le lieu de leur – périlleuse – mission : récupérer dans un caravansérail façon Tatouine de SW1 le « transmuteur » qui « chie des perles ». S’ensuit une course poursuite – à laquelle je n’ai rien compris – en réalité virtuelle où nos deux héros arrachent à Jabba le Hutt sa précieuse possession.
Ils la rapportent au Commandeur d’Alpha (Clive Owen relooké en Jean-Paul Gaultier) qui les alerte du danger imminent qui menace la colonie : une zone interdite, en son cœur, va bientôt exploser. N’écoutant que leur courage, Valerian et Laureline vont aller l’explorer avec l’aide d’un vieux loup de mer (Alain Chabat). Ils croiseront une chanteuse de cabaret (Rihanna) dont la confusion des identités est censée faire écho à la crise des réfugiés en Europe – et aux Etats-Unis.
On l’aura compris : Valerian… est un salmigondis science-fictionnel incompréhensible et difficilement crédible. De deux choses l’une. Soit on attache une vague importance à un scénario quand on va au cinéma – ce qui est mon cas. Soit on s’en contrefiche et on se laisse porter par la féerie et l’inventivité de ce space opera boursouflé. D’un budget total de près de 200 millions de dollars, chacun de ses plans a coûté le PNB du Bhoutan. C’est cher. Et, au service d’un scenario sans intérêt, c’est paradoxalement futile et gratuit.