Gérard (Darmon) se meurt d’un méchant cancer du poumon. Ses amis, Ary (Bittan) et Philippe (Lellouche), souhaitent adoucir ses derniers moments en lui offrant une ultime histoire d’amour. Ils contactent Sandrine (Bonnaire), la patronne d’une agence d’escorts qui, n’écoutant que son cœur, décide de s’atteler en personne à la tâche.
À quatre-vingt quatre ans, Claude Lelouch tourne son cinquantième film. Son titre pourrait être issu d’une intelligence artificielle qui aurait mélangé les mots des titres de ces films précédents. Elle aurait d’ailleurs également proposé : « L’aventure de l’amour de la vie » ou encore « La vie sans amour n’est pas une vie » ou encore « Un homme et une femme vivent l’amour de leur vie ».
Le film lui-même, son scénario, sa réalisation, sa direction d’acteurs auraient pu tout autant être issus de la même intelligence artificielle à laquelle on aurait donné à analyser les quarante-neuf précédents films du réalisateur tant on y retrouve, sans une once de nouveautés, les mêmes recettes éculées. Comme toujours, Lelouch prend prétexte du tournage d’un film pour réunir sa bande de copains. Il aurait aimé, aux frais de la production, faire le tour du monde. Le Covid l’a obligé à se claquemurer à Paris. Qu’importe ! Il prendra ses quartiers dans une luxueuse maison à Montmartre, louera un bateau mouche et, comme dans chacun de ses films, se croira obligé d’accompagner un scénario indigent d’un numéro de music-hall cacophonique.
Ses acteurs sont en roue libre. On les voit placer les deux lignes de texte qu’on leur a confiées et tenter, le reste de la prise, toujours un peu trop étirée, d’improviser tant bien que mal. Lelouch réussit même à rendre Sandrine Bonnaire, toujours si juste, mauvaise. C’est dire !
Il ressasse ad nauseam la même philosophie à deux balles qu’on croirait tout droit tirée d’un manuel de développement personnel : la vie est courte…. mais elle est belle…. et elle vaut d’être vécue à condition de la vivre en aimant. Soit ! Je me souviens que ces films-là – et ses idées là – m’enthousiasmaient quand j’étais jeune. J’avais adoré Les Uns et les Autres. J’avais adoré Itinéraire d’un enfant gâté. J’ai même ici défendu Chacun sa vie sorti en 2017 en écrivant avec emphase : « J’avoue un penchant coupable pour les films de Claude Lelouch. J’en aime l’énergie débordante, le romantisme échevelé, le rythme endiablé, les intrigues polyphoniques, la musique envahissante, les dérapages pas toujours contrôlés. J’ai pour eux une indulgence excessive qui me conduit fidèlement à les voir à leur sortie au cinéma alors que les spectateurs les boudent et la critique les ignore. »
Mais aujourd’hui, la coupe est pleine. Elle a débordé durant la scène où Gérard explique à Sandrine que les hommes aiment les putes, qui sont beaucoup moins compliquées que les femmes ordinaires. Des propos qu’on n’aurait pas imaginé entendre encore, sans rire, à l’ère post #MeToo.
L’amour c’est mieux que la vie est le film de trop. Est-ce le dernier ? Non. Il se présente le premier d’une trilogie. Espérons que les deux suivants le rachètent et offrent à Lelouch une sortie moins caricaturale.