Sing Me A Song ★★☆☆

Le Bhoutan est un minuscule royaume himalayen coincé entre l’Inde et la Chine. Il est connu pour ses paysages grandioses. Il est aussi connu pour avoir substitué au produit national brut (PNB), pour mesurer la richesse de ses habitants, un concept original : le « bonheur national brut ».

Thomas Balmès était venu y filmer un monastère tibétain à quatre mille mètres d’altitude. Coupé du monde depuis la nuit des temps, l’électricité allait y être installée et le documentariste français voulait y constater l’irruption des nouvelles technologies.

Il y retrouve dix ans plus tard Peyangki, le petit moinillon facétieux de Happiness. Il a aujourd’hui dix-huit ans et ne supporte plus l’éducation rigoureuse du monastère. Sur les réseaux sociaux, il a fait la rencontre de Ugyen, une jeune chanteuse qui se produit dans un bar de nuit de la capitale. Il décide de quitter le monastère pour la rencontrer.

On risque fort d’aller voir Sing Me A Song (pourquoi diable ce titre anglais et sirupeux qu’on croirait emprunté à un mauvais roman Harlequin ?) pour de mauvaises raisons : le dépaysement de l’Himalaya, la splendeur de ses paysages, la sérénité qu’incarnent ses moines tonsurés, etc.

Or Sing Me A Song bat en brèche tous ces clichés. On y découvre avec effroi les effets débilitants des nouvelles technologies. Une image est stupéfiante : un long traveling arrière sur des jeunes moines récitant mécaniquement leurs mantras les yeux rivés sur leurs téléphones portables, dans une transe hypnotique dont on se demande si elle est l’effet de leur récitation ou bien de leur addiction aux écrans.

Si les monastères les plus reculés sont impactés, la capitale bhoutanaise l’est plus encore. Thomas Balmès filme une ville sans âme avec ses néons criards, ses bars glauques, ses chanteuses trop maquillées, dont on imagine, même si rien d’explicite n’est dit, qu’elles en sont réduites à se prostituer. C’est là que Peyangki retrouve Ugyen dont il découvre qu’elle est déjà la mère d’une petite fille de deux ans. L’affiche du film les photographie tous les trois séparés par un espace infranchissable, lui avec son téléphone, elle avec sa fille, leurs regards ne se croisant pas.

On peut saluer la clairvoyance de ce documentaire désespérant – dont on ne comprend jamais ce qu’il emprunte à la fiction ou à la réalité – sur les effets délétères des nouvelles technologies sur nos existences. On peut aussi lui reprocher de nous renvoyer une image si glaçante de notre monde, menacé par les mêmes dérives, où qu’on se trouve.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Sing Me A Song ★★☆☆

  1. Des longueurs assez ennuyeuses une fois le sujet du documentaire défloré.
    Certes mettre l’accent sur les effets délétères des nouvelles technologies au cœur même de la philosophie bouddhiste était intéressant, n’oublions pas cependant que les enfants entrent ds les monastères pour d autres raisons que la vocation !

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