Billie ★★☆☆

Billie Holiday (1915-1959) est l’une des plus grandes voix du siècle.
Le Britannique James Erskine retrace la vie de la chanteuse de jazz avec des bandes son originales et des images colorisées. Il utilise également les interviews inédites qu’avait réalisées dans les années soixante la journaliste Linda Lipnack Kuehl décédée dans des circonstances mystérieuses en 1978.

Billie Holiday a eu une vie cabossée. Abusée dans son enfance, elle se prostitue dès son plus jeune âge et se drogue très jeune. Toute sa vie durant, elle fumera du haschisch et consommera de l’héroïne. La brigade des stupéfiants ne cessera de la harceler et elle sera emprisonnée plusieurs fois dans sa vie.
Billie Holiday a eu une vie sentimentale et sexuelle bien remplie que le documentaire détaille avec parfois une insistance un peu voyeuriste. Bisexuelle, Billie Holiday a eu des amants et des amantes. Des hommes violents et avides, avec qui elle entretenait une relation masochiste, ont souvent abusé d’elle. Elle est morte encore jeune, épuisée par une vie d’excès et sans le sou.

Le principal intérêt de Billie est de voir et d’écouter la chanteuse, sa voix traînante, un peu enrouée, légèrement swingante. Ses plus grands succès n’ont pas pris une ride : Don’t Explain, God Bless the Child aux accents autobiographiques et surtout Strange Fruit, cette métaphore déchirante du lynchage des Noirs dans le Sud esclavagiste.

Noire et femme, Billie Holiday a été doublement discriminée. L’histoire de sa vie et la tonalité des témoignages recueillis à son sujet racontent cette double discrimination. Leur crudité est choquante à qui les écoute en 2020. Est-ce le signe que ce qui était dicible hier ne l’est plus aujourd’hui ? sans doute. Est-ce la preuve que ce qui existait hier n’existe plus aujourd’hui ? espérons-le.

La bande-annonce

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