À douze ans, après avoir commis un larcin qui risque de salir l’honneur de sa famille, le jeune Ali Diallo est renvoyé par sa mère au Mali chez son oncle suivre les cours d’une école religieuse. Il revient à Montfermeil dix ans plus tard avec pour seul bagage ses études théologiques. Bien vite, grâce à sa faconde, il devient l’imam de la mosquée du quartier. Profitant de sa popularité grandissante, Ali organise pour ses ouailles le pèlerinage à La Mecque sans se douter de l’arnaque dont il va être victime et qui va causer sa chute.
On connaît le réalisateur Kim Chapiron pour ses films nerveux qui peignent une jeunesse testostéronée habitée par la fureur de vivre : Sheitan (2005), Dog Pound (2009) et La Crème de la crème (2014). Entouré de ses amis de toujours, le réalisateur Ladj Ly (Les Misérables) et le scénariste Ramzi Ben Sliman, il s’empare d’un sujet culotté qui aurait pu, si la campagne de presse avait été plus agressive, faire polémique.
Comment devient-on imam dans le 9.3 ? Le sujet est passionnant et aurait pu, à lui seul, nourrir tout un film. D’ailleurs Le Jeune Imam l’évoque en son mitan quand il montre comment Ali utilise les réseaux sociaux pour asseoir son autorité. Il y aurait eu bien d’autres choses à dire sur la place de l’Islam dans les banlieues, le rôle qu’il exerce chez les immigrés arabes et subsahariens des deuxième et troisième générations, la communautarisation qu’il induit ou au contraire la pacification qu’il favorise. Mais hélas, Le Jeune Imam n’en dit mot.
La façon dont Ali devient imam n’est qu’un épisode du film coincé entre deux autres qui l’étouffent. Le premier est un prologue trop long qui décrit l’enfance d’Ali au Mali et la façon dont le prend sous son aile son oncle, dans une scène où l’on croirait revoir Jean Valjean et Mgr Myriel (clin d’oeil aux… Misérables ?). Le second est le simulacre de thriller, inspiré nous annonce-t-on d’une histoire vraie et, en fait, en mélangeant plusieurs, organisé autour d’une arnaque au pèlerinage, la pénurie de visas pour le haj conduisant nombre de croyants crédules à confier leurs économies à des agences de voyage peu scrupuleuses.
On comprend à la fin du film que son sujet est la relation d’Ali avec sa mère qui l’a abandonné au Mali, le sevrant d’amour maternel, et dont il essaie désespérément de reconquérir l’affection. Ce sujet-là a, selon moi, beaucoup moins d’intérêt que celui que nous promettait le film et dont j’ai été frustré.