L’Amour qu’il nous reste ★☆☆☆

What the fuck ? L’expression est à la mode chez les ados – ou l’était il y a quelques années avant d’être à son tour périmée. Elle pourrait grossièrement se traduire : « mais c’est quoi ce truc ? ». Ce sont les mots que j’avais sur les lèvres pendant toute la projection, en avant-première, de cet Ovni tourné par un réalisateur islandais dont le précédent film, Godland, tourné dans les austères paysages d’une nature ingrate, ne laissaient en rien présager le suivant.

De quoi s’agit-il ? C’est difficile à dire. Un documentaire sur une plasticienne qui réalise, à partir de plaques de tôles qu’elle découpe, des toiles abstraites ? L’histoire d’une famille qui lentement se délite ? ou bien au contraire qui essaie d’inventer à sa façon, unique, une manière de continuer à vivre harmonieusement ensemble ?

L’amour qu’il reste est un peu tout cela. Sa construction laisse augurer un événement, un catastrophe, qui [attention spoiler] pourtant jamais ne viendra. Rien ne se passe dans ce film qui, du coup, devient vite lassant. Sauf si la lassitude distillée chez le spectateur est un objectif sciemment recherché par le réalisateur qui vise ainsi à nous faire ressentir intimement la lente dissolution du noyau familial.

Mais il faut être très masochiste (ou très islandais ?) pour trouver du plaisir à ce spectacle déconcertant. Sinon à respirer à pleins poumons l’air vivifiant des hautes latitudes islandaises, filmées dans toutes les saisons et la beauté boréale de l’actrice, dont le nom à lui seul est un promesse de dépaysement, Saga Garðarsdóttir.

La bande-annonce

Rebuilding ★★★☆

Dusty (Josh O’Connor) a tout perdu dans l’incendie qui a ravagé la région : son ranch, dévasté par les flammes, son bétail, revendu à vil prix, et sa confiance en lui. Temporairement relogé dans un mobil home avec d’autres sans-abris aussi paumés que lui, il va tenter lentement de se reconstruire.

Je craignais le pire devant l’affiche du film, scandaleusement photoshoppée, son sujet, dont on voit venir à l’avance tous les rebondissements et le dénouement, et sa bande annonce éhontément romanesque engluée dans une musique envahissante.

Et pourtant je me suis laissé embarquer par ce film qui m’a profondément touché.

La responsabilité en revient à ses deux acteurs principaux. Josh O’Connor qu’on a découvert dans The Crown et qu’on a retrouvé avec bonheur dans le hottissime Challengers. Et Lilly Latorre, la gamine qui joue le rôle de sa fille, dont le visage étonnamment mature contraste avec son jeune âge et la frêle stature d’une enfant de six ou sept ans.

La responsabilité en revient plus encore à la délicatesse de l’écriture de Max Walker-Silverman, réalisateur et scénariste. Tout sonne juste sur ce sujet pourtant minimaliste, où il ne se passe pas grand-chose et qui aurait pu donner lieu à des excès trop mélos. Tout y est infiniment délicat et doux, comme cette famille recomposée autour de Ruby, l’ex-femme de Dusty, et celui dont je me suis longtemps demandé s’il était son frère ou son compagnon. La dernière scène m’a fait pleurer à chaudes larmes, avec ses références pudiques à des éléments antérieurs du récit : la plaque à la mémoire de Théo, la couleur bleue de la peinture du mobil home, les bottes de Callie-Rose, si désireuse de s’identifier à son père….

La bande-annonce

Love Me Tender ★☆☆☆

Clémence (Vicky Kreps) a longtemps été en couple avec Laurent (Antoine Reinartz). Elle a un fils Paul, auquel elle est viscéralement attachée. Mais, la quarantaine venue, elle a décidé de tout plaquer, de changer de vie, de quitter son métier d’avocat, de se mettre à écrire…. et d’aimer les filles. Laurent n’accepte pas ce choix et lui interdit de revoir Paul. C’est le début pour Clémence d’un combat épuisant.

Love Me Tender est l’adaptation du livre éponyme de Constance Debré. Il raconte une histoire déchirante : celle d’une mère injustement privée de tout contact avec son fils par le père homophobe de celui-ci. C’est une histoire dans l’air du temps, un témoignage qui mérite d’être raconté et qui s’inscrit dans une filmographie qui ces temps-ci interroge la maternité dans toutes ses combinaisons (Dites-lui que je l’aime, Les enfants vont bienDes preuves d’amour…).

Mais pour autant, je reproche à Love Me Tender de nous prendre en otage dans un conflit manichéen. Un conflit qui oppose une bonne mère, injustement privée de son droit de visite, à un mauvais père qui a sournoisement éloigné son fils de sa mère.

Love Me Tender est un livre où l’auteure, sous le coup d’une juste colère, règle ses comptes. L’épreuve qu’elle a traversée fut certes terrible. L’impuissance qu’elle a dû ressentir fut sans doute torturante. Elle en fait la catharsis en écrivant un livre – dont on se demande comment il fut accueilli par le père de son fils et quelles actions judiciaires il engagea pour en empêcher la publication. Grand bien lui fasse. Mais on a le droit de se sentir mal à l’aise face à ce procédé qui voudrait de force nous rallier à son combat et nous mettre de son côté.

La bande-annonce

La Condition ★★★☆

En 1908, dans la campagne normande, André (Swann Arlaud), un notaire, a épousé Victoire (Louise Chevillotte). Aucun amour ne soude ce couple sans enfant. André trousse l’une des deux servantes à leur service, Céleste (Galatea Bellugi) qui ne tarde pas à tomber enceinte. La grossesse étant trop avancée pour que son interruption soit encore possible, Victoire propose de se faire passer pour la mère de l’enfant à une double condition : que Céleste renonce à ses droits sur lui et qu’André n’approche plus jamais son lit.

La Condition est l’œuvre d’un réalisateur français peu connu, Jérôme Bonnell, qui creuse pourtant depuis Le Chignon d’Olga un sillon intéressant. Il avait réalisé en 2013 Le Temps de l’aventure avec Gabriel Byrne, qui suscite les pâmoisons de mes amies du dimanche soir. J’avais adoré À trois on y va en 2015, délicieux et drolatique trio amoureux – et trouvé en revanche Chère Léa bien fade en 2021.

La Condition est l’adaptation du roman Amours de Léonor de Recondo sorti en 2015. Jérôme Bonnell a pris quelques libertés avec le livre. Il en a modifié la fin – qu’on peut, non sans motif, trouver guère crédible  – et le titre. Le pluriel du roman renvoyait aux différentes amours qui se tissaient à la naissance de Felix : amour congénital de Céleste pour son enfant, amour moins spontané mais tout aussi fort de Victoire pour Felix et enfin amour (saphique ?) des deux femmes entre elles. « La Condition » est un titre singulier et, pour autant, polysémique : il renvoie aux conditions posées par Victoire à son mari et à sa bonne à la découverte de la grossesse de celle-ci. Il renvoie aussi aux conditions sociales qui structurent le récit : opposition de classes entre les patrons et leurs bonnes corvéables à merci, opposition de genres entre l’homme et les femmes qui l’entourent et le servent.

Le débat a été vif entre nous à la sortie de la salle autour de deux personnages.
Le premier, secondaire, n’a pas même été évoqué dans mon résumé. Il s’agit de la mère d’André, terrassée par un AVC qui l’a rendue aphasique et muette. Marâtre acariâtre qui fait régner la terreur sur son foyer et a traumatisé son fils en mettant en doute sa filiation ou victime impuissante de la maltraitance de son fils ?
L’autre est central. Il s’agit d’André. Pour moi, c’est un salaud absolu qui viole sa femme et sa bonne sans mesurer la gravité de ses actes, un être veule qui sombre dans l’alcoolisme quand la réalité le rattrape. À ma grande surprise, deux amies ont pris sa défense en estimant qu’il était la victime de son éducation et de son temps. Qu’en pensez-vous ?

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Animal Totem ☆☆☆☆

Un mystérieux individu en costume cravate (Samir Guesmi) quitte l’aéroport de Beauvais avec une valise à roulettes menottée à son poignet gauche. Coupant à travers champs, il marche droit devant lui vers Paris. En chemin il fait plusieurs rencontres.

J’ai longtemps été déconcerté par le cinéma des Delépine-Kervern, ses personnages taiseux, son humour absurde, les banlieues anomiques qu’ils filment sous toutes les coutures : MammuthSaint-AmourI Feel Good… J’avais plus aimé leurs deux derniers films, peut-être car ils semblaient tourner le dos à cette veine absurde trop hermétique pour moi  : Effacer l’historiqueEn même temps

Hélas pour moi, Animal Totem, tourné par le seul Délépine, semble renouer avec l’esprit des premiers films du duo. Comme Aaltra, comme Mammuth, comme Saint-Amour, Animal Totem est un road movie. Le genre est paresseux ; car il permet de filmer une succession de saynètes sans rime ni raison. C’est l’occasion aussi de faire venir sur le plateau les amis du réalisateur pour un bref passage – et un gueuleton auquel hélas le spectateur n’est pas invité : Yolande Moreau, Pierre Lottin, Patrick Bouchitey, Harpo Guit…

L’identité de Darius et sa mystérieuse destination constituent l’enjeu du film. J’avais longtemps pensé qu’il s’agissait d’un Andromédien (référence !) aux pouvoirs surnaturels. Le titre du film et les animaux rencontrés en cours de route, par les yeux desquels certaines scènes sont filmées, auraient dû me mettre la puce à l’oreille. La résolution de ces mystères n’en est pas moins platement décevante. Tout ça pour ça…

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Arco ★☆☆☆

Arco est un garçonnet de dix ans. Il vit au trentième siècle  sur la planète Terre dans des jardins suspendus au sommet de mâts vertigineux. À cette époque lointaine, la civilisation  humaine maîtrise le pouvoir de voyager dans le temps grâce à une cape magique et à un diamant qui fend la lumière. À l’insu de ses parents qui le lui avaient interdit, Arco remonte le temps jusqu’en 2075. Une fillette de son âge, Iris, est témoin de sa chute et le recueille tandis qu’un trio de chasseurs sont à sa poursuite. Iris va l’aider à retrouver le diamant qu’il a perdu et à retourner chez lui.

Projeté à Cannes en mai, Cristal du long métrage à Annecy en juin, Arco est arrivé en octobre sur les écrans précédé d’une réputation louangeuse. Il la mérite. Les thèmes qu’il traite – l’écologie, l’amitié, la solitude… – sont majeurs. Sa technique en 2D, avec ses couleurs pop qui rappellent Miyazaki, est pleine de poésie.

Arco est un film d’animation à recommander aux enfants dès 7-8 ans. Sans doute les adultes qui les accompagneront ne s’y ennuieront pas et auront eu le sentiment de faire œuvre utile. En revanche, quand bien même la salle où je suis allé le voir était remplie de jeunes adultes, je ne suis pas sûr d’avoir pris la bonne décision en y allant seul, sans l’alibi d’un neveu, d’une filleule ou d’un petit-enfant.

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Eleanor the Great ★★★☆

Eleanor (June Squibb) est nonagénaire. Elle vient de perdre Bessie, sa meilleure amie, avec laquelle elle coulait des jours heureux en Floride et décide de revenir vivre chez sa fille unique en pleine midlife crisis à New York. Elle s’y retrouve contre sa volonté dans un groupe de survivants de l’Holocauste à raconter une histoire qui n’est pas la sienne mais celle de Bessie. L’histoire émeut Nina (Erin Kellyman) une jeune étudiante en journalisme qui vient de perdre sa mère.

Eleanor the Great est le premier film de Scarlett Johansson. Il sort quelques semaines après celui de Kristen Stewart, The Chronology of Water. Les deux films des deux wonder kids hollywoodiennes  n’auraient pas pu être plus différents. Autant celui de la star de Twilight est (trop) arty et veut à tout prix briller par son originalité, autant celui de la révélation de Lost in Translation est sage et académique.

Son sujet est un hommage à la grand-mère maternelle de la réalisatrice, juive ashkénaze d’origine polonaise. Une actrice nonagénaire en est en effet l’héroïne. Et on se demande, en en voyant le titre, l’affiche, le pitch, si son sujet, comme tant d’autres films en ont déjà parlé (À feu doux,  Tout s’est bien passéFallingSupernovaThe Father… ), ne racontera pas son lent déclin dans la maladie et ses répercussions sur ses proches. Mais son histoire ne prend pas cette direction-là et se concentre sur un épisode moins morbide : un mensonge qu’on pourrait considérer comme inexcusable mais dont le film choisit d’innocenter l’auteur et l’amitié qu’il fait naître entre deux femmes en deuil.

Car cette amitié à la Harold et Maude se construit autour d’un double deuil : l’amie de Bessie – dont je me suis demandé si, la cohabitation aidant, elle n’en était pas devenue l’amante cachée – et la mère de Nina sur la mort de laquelle son père (Chiwetel Ejiofor), pourtant journaliste à succès sur une chaîne de grande écoute, ne parvient pas à mettre de mots.

J’entends les critiques qui ont égratigné ce film, lui reprochant d’être trop lacrymal et de jouer sur une surabondance de bons sentiments. Cela ne m’a pas empêché d’être embarqué de bout en bout, séduit par l’ironie mordante des répliques d’Eleanor, bouleversé par le chagrin de Nina et par ses taches de rousseur, emporté par les rebondissements d’un scénario bien écrit même si des esprits chagrins pourraient lui reprocher de ne pas être crédible.

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L’Incroyable Femme des neiges ★☆☆☆

Coline Morel (Blanche Gardin) est une exploratrice qui revient sans crier gare dans son village natal, une station de ski du Jura, et y retrouve ses deux frères (Philippe Katerine et Bastien Bouillon). Atteinte d’un cancer incurable, elle sait qu’elle n’a plus que quelques mois à vivre.

Sébastien Betbeder est un drôle de réalisateur drôle. Sa marque de fabrique : sa passion pour le Groenland où il a tourné plusieurs courts et longs métrages (Le Voyage au Groenland, Inipuk…). Ce film-ci y commence. Il y finira après un long détour par le Jura – décidément très à la mode ces temps-ci dans le cinéma français (Vingt Dieux, Un ours dans le Jura, Le Roman de Jim…)

L’Incroyable Femme des neiges met en scène trois des acteurs français les plus intéressants du moment : Blanche Gardin qui fait du Blanche Gardin, Philippe Katerine qui fait du Philippe Katerine et Bastien Bouillon qui semble abonné aux rôles de losers de province (Connemara, Partir un jour…). Mais il souffre d’un scénario mal écrit qui concatène deux volets, le premier dans le Jura le second au Groenland, qui s’assemblent mal.

Dommage…

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Bugonia ★★★☆

Deux rednecks décérébrés et complotistes kidnappent la patronne d’une compagnie pharmaceutique, persuadés qu’elle est extraterrestre.

Yorgos Lanthimos, après quelques films tournés dans son pays natal, est passé à Hollywood, y a tourné plusieurs œuvres marquantes (The Lobster, Mise à mort du cerf sacré, La Favorite, Pauvres Créatures), qui ont remporté un grand succès public et critique. À chacune, je leur ai mis trois étoiles, une note particulièrement généreuse de ma part qui ne le suis pas et qui place peut-être Lanthimos au sommet de ma liste des réalisateurs les plus appréciés.

Je lui reconnais un culot incroyable pour choisir des sujets improbables, loin des sentiers battus du tout-venant hollywoodien, un humour noir grinçant, des mises en abyme philosophiques vertigineuses et une direction d’acteurs hors pair. Qui connaît mon adoration pour La La Land se doute que la présence d’Emma Stone dans la quasi-totalité de ses films n’est pas sans incidence sur mon appréciation ! Je lui reconnais surtout un vrai génie du cinéma, dans la façon dont il place sa caméra, au raz du sol en contre-plongée ou en surplomb au-dessus des acteurs, et dans l’usage qu’il fait de la musique de Jerskin Fendrix, qui a signé celle de ses trois derniers films.

J’ai trouvé toutes ses qualités dans Bugonia. L’histoire y est à la fois complètement perchée – y inclus son twist final hallucinant dont je vous ai déjà trop dit en le mentionnant – et implacablement ancrée dans notre temps : qui fréquente un tant soit peu les réseaux sociaux y croise avec un mélange de stupéfaction et d’horreur des énergumènes complotistes et se demande comment on peut en arriver à de tels délires. L’interprétation d’Emma Stone et de Jesse Plemons est impeccable avec une mention spéciale à Aidan Delbis dans le rôle du cousin obèse, neuneu et finalement moins inhumain que les deux autres personnages. Le scénario nous tient en haleine pendant près de deux heures sans un seul temps mort – alors que l’histoire, si on y réfléchit, se réduit à pas grand chose. Et la mise en scène nous cloue à notre siège.

Pour autant, aussi admiratif que je sois devant la maîtrise de Lanthimos, il y a dans son cinéma un je-ne-sais-quoi qui m’empêche. J’admire ses films. je ne les aime pas. D’ailleurs aucun n’a eu quatre étoiles, même Mise à mort – qui est pourtant l’un des films préférés de mon fils cadet. La raison en est peut-être leur froideur glaçante, leur manque d’empathie. Lanthimos réalise des œuvres en apesanteur qui n’adhèrent pas.

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Teresa ★☆☆☆

La réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska (L’Homme le plus heureux du monde, Dieu existe, son nom est Petrunya) consacre un film à la plus célèbre de ses compatriotes. Je l’ignorais avant de m’y rendre : Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, passée à la postérité sous le nom de Mère Térésa, est née en 1910 à Uskub dans l’empire Ottoman, l’actuelle Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord.

Le biopic est un genre à la mode qui connaît plusieurs déclinaisons. Sous sa forme la plus classique, il raconte l’histoire glorieuse d’une personnalité célèbre de sa naissance à sa mort. Mais il en est des formes plus sophistiquées qui choisissent de se concentrer sur un épisode de sa vie. C’est par exemple le cas de ceux de Pablo Larrain sur Maria Callas qui raconte les derniers jours de sa vie ou sur Jackie Kennedy qui se concentre sur les quelques jours qui ont suivi la mort de son époux.

Tel est le parti pris dans ce biopic-ci qui se concentre sur une semaine décisive de la vie de la fondatrice des Missionnaires de la charité, sans aucun flashback sur l’enfance de la future religieuse en Macédoine, sa formation en Irlande ou son arrivée à Calcutta en 1929 ni flashforward sur la fantastique business story qu’est devenu l’ordre religieux qu’elle y a fondé. Cette semaine d’août 1948 est celle pendant laquelle Teresa, qui dirige alors une école de jeunes filles des sœurs de Lorette, attend fébrilement la réponse du Pape à sa demande d’exclaustration pour aller créer une nouvelle congrégation.

On pouvait craindre que ce biopic soit tout entier à la gloire de son héroïne, de la même farine que ces films qu’on projette non-stop à Lourdes en l’honneur de Bernadette Soubirous. Tel n’est pas le cas. Bien au contraire. Teresa ne lui tresse pas des couronnes de lauriers. Il décrit une femme dure, déterminée, inflexible, presque dogmatique dans la définition des règles qui régiront sa congrégation.

Ce portrait surprenant, à l’opposé de l’image mielleuse qui entoure la mémoire de Mère Térésa, aurait de quoi séduire. Prendre le contrepied de l’hagiographie attendue, par exemple avec l’utilisation des riffs de guitare électrique d’un groupe de hard rock finlandais, était un pari audacieux. Mais hélas, le pari est raté.

Car l’histoire se déroule quasi exclusivement au sein de l’établissement que Teresa dirige d’une main de fer, en persécutant son adjointe, une vieille comptable acariâtre qui l’a peut-être bien mérité, et en couvrant sa protégée qui vient de tomber enceinte. Ces intrigues de couvent n’ont pas grand intérêt. Elles ont surtout un grave défaut : elles occultent l’Inde et Calcutta dont on ne verra quasiment rien, sinon la première scène du film et quelques images de carte postale vers sa fin.

Teresa aurait pu se dérouler n’importe où, en Inde, en Macédoine, en Irlande… C’est un comble et un non-sens.

La bande-annonce