Voilà un film indien intitulé Court. On comprend que les distributeurs français aient hésité à le sortir sous ce titre qui aurait conduit à bien des incompréhensions. On imagine qu’ils ont cherché une traduction française plus explicite. En court aurait pu faire l’affaire. En instance n’est pas mal non plus : le titre renvoie à la fois au statut de l’accusé (il est en instance d’être jugé) et au procès qui se déroule sous nos yeux (l’instance judiciaire). Mais pourquoi diable avoir accolé les deux titres, anglais et français ?
Ce titre bancal est un bien mauvais service rendu à ce film hors norme. A mi-chemin du documentaire et de la fiction, le jeune réalisateur indien Chaitanya Tamhane fait jouer à des acteurs, amateurs et professionnels, un procès bien réel. L’accusé : un vieux chanteur contestataire, à la mise irréprochable, mais dont les compositions inquiètent le pouvoir et électrisent les foules. Le chef d’inculpation : le texte d’une de ses chansons aurait poussé au suicide un éboueur. Le seul énoncé des faits suffit à prouver l’inanité de l’accusation. Mais le caractère ubuesque de la justice indienne, son formalisme ampoulé, son mépris éclatant des individus derrière ses formes policées ne résistent pas à l’exposition clinique de ses procédures par la caméra d’un documentariste qui louche du côté de Frederik Wiseman ou de Raymond Depardon (on pense aux procès de 10e chambre, instants d’audience).
Rien d’excessif, rien de manichéen dans ce film. Le président fait son travail, le procureur aussi, l’avocat de la défense de même. Court (en instance) se termine par un épilogue déconcertant qui nous éloigne de l’instance… pour mieux nous la faire comprendre.
BONJOUR PASCALE !!!!!!
formalisme ampoulé !!!!!!!!! sic