Gabrielle (Alice Isaaz) débarque à Paris pour faire un stage . Elle se retrouve dans une équipe de reporters chevronnés, passionnés par leur métier mais obligés de se remettre en cause par une direction qui rogne leur budget et s’inquiète de la baisse de leur audience.
Alix Delaporte est une réalisatrice rare qui a écrit et tourné avec Clotilde Hesme et Grégory Gadebois deux longs métrages remarqués, Angèle et Tony et Le Dernier Coup de marteau, avant de disparaître du radar. Elle revient derrière la caméra avec une histoire inspirée de sa première expérience professionnelle, comme stagiaire à l’agence Capa.
Même si Vivants est censé se passer de nos jours, il a un parfum vintage. Son action pourrait tout aussi bien se dérouler dans les années 70 ou 80. On y retrouve l’ambiance fiévreuse des rédactions et de leurs open spaces, leurs journalistes charismatiques et archétypaux qu’Hollywood nous a rendus presque familiers : Les Hommes du président, Révélations, Spotlight, Pentagon Papers…
L’action est vue à travers les yeux – fort jolis – de Gabrielle, double autobiographique d’Alix Delaporte, Candide qui nous fait pénétrer dans ce milieu fermé. Elle rencontre une bande de vieux briscards. À leur tête Vincent (Roschdy Zem, impeccable, comme d’habitude), une légende dans la profession qui ronge son frein à Paris après avoir baroudé sur tous les théâtres de guerre. Camille (Pascale Arbillot, dont j’ai appris qu’elle était sortie de Sciences Po quelques années avant moi) leur sert de mère de substitution : Damien (Vincent Elbaz), la tête brûlée, Kosta (Jean-Charles Clichet), défoncé du soir au matin, Alex (Pierre Lottin)…
Vivants – un titre inutilement lyrique dont je n’ai pas compris le sens – a un gros souci d’écriture et de format. Une fois Gabrielle débarquée au cœur de la rédaction, les personnages introduits et l’enjeu du film exposé, le scénario ne sait quel fil tirer : un reportage dans un pays africain où vient d’éclater une guerre civile ? l’infiltration des triades chinoises du 75013 ? l’histoire d’amour naissante entre Gabrielle et Vincent ? Il n’en tire aucun et se clôt par une séquence certes attachante mais un peu perchée, en une heure et vingt trois minutes, générique inclus.
On passe un excellent moment devant Vivants et on en sort avec un seul regret : le sujet, ses acteurs auraient pu sans problème donner matière à une mini-série de six épisodes.
Perché/girafe : elle est bonne ! Bien d’accord avec toi sur l’inaboutissement du scénario, et avec tes trois étoiles qui marquent des personnages bien campés, qu’effectivement on aimerait retrouver plus longtemps