Sal (Gael Garcia Bernal) ne parvient pas à se remettre du chagrin causé par la mort de sa compagne, Zoé, dans un accident de voiture. Sa sœur, Ebe (Bérénice Bejo), le convainc de recourir aux services de la société Aeterna où elle travaille. Pour rendre le deuil moins douloureux, cette société propose à ses clients de réimplanter temporairement la personnalité et les souvenirs de l’Absent dans le corps d’un Hôte.
Another End baigne dans un climat étrange. C’est un film cosmopolite : son réalisateur est italien, ses acteurs sont mexicain, norvégien, français et britannique et on reconnaît les décors nocturnes et futuristes du quartier de La Défense près de Paris.
Mais son climat étrange, Another End le doit d’abord à son scénario original qu’on croirait sorti d’un épisode de Black Mirror (notamment Be Right Back, le premier épisode de la deuxième saison). L’écueil qui guette ce genre de films est de ne savoir que faire d’un postulat génial de départ : une histoire d’amour avec une voix artificielle dans Her, la duplication des « consommables » dans Mickey 17…
Another End évite cet écueil. Il y réussit doublement. D’une part en proposant une réflexion profondément philosophique sur le deuil et l’attachement (qui était déjà au cœur du précédent film de Piero Messina L’Attente). D’autre part, en racontant une histoire avec un début, un milieu et une fin. Grâce à Ebe, Sal ressuscite Zoe. Mais Zoe lui revient dans une enveloppe corporelle qui n’est pas la sienne. Sal en est déconcerté. Le temps qu’il s’habitue à la nouvelle Zoé, il lui faut respecter le protocole imposé par Aeterna et se préparer à s’en séparer à nouveau.
Je n’en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher la fin du film. Je lis ici et là qu’elle est alambiquée et décevante. Je l’ai au contraire trouvée bluffante, la pressentant peu à peu sans l’imaginer possible.