Publiée en 1973, l’autobiographie de Joseph Joffo met en scène deux enfants juifs jetés sur les routes de France entre 1942 et 1944. Jacques Doillon, qui n’était alors qu’un tout jeune réalisateur, en a tourné une première adaptation dès 1975. Que Christian Duguay en tourne une seconde n’est pas surprenant.
Ses producteurs ont l’espoir légitime d’attirer les lecteurs de ce roman qui a rencontré dès sa sortie un immense succès malgré sa médiocrité littéraire et que toute une génération, dont je fais partie, a lu en versant des larmes sur les bancs de l’école ou sous la pression de ses parents.
Deuxième ressort : la Seconde guerre mondiale et la traque des Juifs. Un événement toujours marquant de notre histoire auquel le cinéma continue soixante dix ans après les faits à se mesurer. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont les années 2010 l’ont filmé de « La Rafle » à la série « Un village français » en passant par « Suite française » la – dispensable – adaptation du roman posthume d’Irène Nemirowsky ou « Elle s’appelait Sarah ».
La Seconde guerre mondiale est filmée à travers les yeux d’un enfant. Son innocence brisée dans le chaos de la guerre renforce l’effet pathétique. Mais la candeur de son regard est la porte ouverte à toutes les simplifications et à tous les manichéismes.
Mais ce qui est le plus dérangeant est que cet arrière plan historique se réduit à un décor de carton pâte. La traque des Juifs est un ressort dramatique efficace pour donner du nerf à des histoires d’enfant dans une France éternelle. « Un sac de billes », « Belle et Sébastien », « Les Choristes » : tous ces films se ressemblent, tous ces films racontent au fond la même histoire.
Alors pourquoi deux étoiles malgré cette critique assassine ? Parce que « Un sac de billes » reste néanmoins une réalisation bien filmée et bien jouée qui se regarde volontiers le dimanche soir sur TF1 en versant sa larme.