Il faudrait être ermite pour l’ignorer : Ghost in the Shell a débarqué hier sur nos écrans. Plus d’un million de spectateurs, petits et grands, iront le voir ce week-end. À tort ? À raison ?
Dans une salle archi-comble – plutôt jeune et masculine – je me suis laissé happer dès le générique (une réussite du genre !) par l’envoutante beauté des effets spéciaux. J’ai adoré le Tokyo (Hong Kong ? Shanghai ?) dystopique, la fascinante hybridation du robot et de l’humain et la lippe de Scarlett Johansson.
Je suis resté sourd à la vaine polémique provoquée par son rôle : on accuse à cette actrice américaine d’incarner une héroïne typiquement japonaise. Un peu comme si Hamlet était joué par un acteur noir ! Sauf que … Hamlet a été déjà joué par un acteur noir et que Hollywood n’a pas son pareil pour recycler et mondialiser des succès nationaux. En témoigne ce blockbuster tourné en Nouvelle-Zélande par un réalisateur britannique avec, dans les rôles principaux, outre une Américaine, une Française (Juliette Binoche), un Danois (Pilou Asbaek) et un Japonais (Takeshi Kitano).
Le problème de Ghost in the Shell n’est pas son casting mais son scénario. Je n’avais pas compris grand chose aux dessins animés volontiers ésotériques. Les scénaristes de Hollywood m’ont fait sentir moins bêtes. Prenez l’héroïne de Lucy, une pincée de Blade Runner pour les décors futuristes, une once de Assasin’s Creed pour les manipulations bioniques. Assaisonnez avec un poil de Matrix pour la philosophie pseudo-leibnizienne. Secouez. Servez froid.
Le problème de ce gloubiboulga cyberpunk est qu’il n’a plus grand goût. Reste à se réfugier dans la beauté hypnotique d’un Tokyo dystopique et de la lippe de Scarlett.