Régis Sauder est né à Forbach. Pas dans sa partie la plus chic. Mais « en bas », dans le quartier des houillères, avant que la crise ne frappe, que l’emploi ne se raréfie, que la population, abandonnée à sa rancœur ne cède aux sirènes du Front national, représenté par Florian Philippot, un enfant du cru.
Régis Sauder revient dans la ville de son enfance. On aurait aimé qu’il en fasse la sociologie, qu’il en décrypte les ressorts du vote Front national – comme l’avait fait en 2012 l’excellent Mains brunes sur la ville à Orange et Bollène. Malheureusement, le réalisateur préfère la veine autobiographique. Comme Annie Ernaux dans La Honte, il étudie ses relations à son passé, la difficulté d’assumer ses origines, d’en éprouver sinon de la fierté du moins de la reconnaissance.
Sa démarche gagne peut-être en sincérité. Mais elle perd en intelligence. On est émus de le voir revenir dans sa maison d’enfance, dialoguer avec ses amis poussés en graine, comme on l’est tous, qui avons connu le déracinement, lorsque nous revenons dans la ville de nos origines. Mais la démarche fait long feu.
Plus stimulante aurait été une immersion dans la vie politique locale pour en connaître les ressorts. Sur quoi reposait l’autorité paternaliste des Houillères ? Comment se traduisait-elle politiquement ? Par un vote d’allégeance démocrate-chrétien ou par un vote contestataire communiste ? À quoi a-t-elle laissé place ? Comment le Front national s’est-il implanté et a-t-il prospéré ? Autant de questions qui restent sans réponse.
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