« Dune is probably the greatest movie never made ». Dune est probablement le plus grand film jamais réalisé. Alejandro Jodorowsky, auréolé du succès de ses deux premiers films El Topo et La Montage sacrée, s’en était vu proposer la réalisation par Michel Seydoux. Pendant deux ans, il rassemble autour de lui les artistes les plus avant-gardistes de son époque : Moebius, Dan O’Bannon, Hans Ruedi Giger et Chris Foss. Il réussit à constituer un casting aussi prestigieux qu’hétéroclite : Keith Carradine, Mick Jagger, Orson Welles, Salvador Dalí et Amanda Lear.
Le documentaire de Frank Pavich (tourné en 2013 et qui mit trois ans à trouver le chemin des salles) raconte ce projet pharaonique et son échec faute de financement. Le sujet n’est pas nouveau. Serge Bromberg en 2009 avait exhumé L’Enfer, un projet avorté de Henri-Georges Clouzot. Keith Fulton et Louis Pepe en 2000 avaient raconté l’échec de Terry Gilliam à tourner L’Homme qui tua Don Quichotte. À chaque fois, les ingrédients sont les mêmes : un rêve fou se brise sur la réalité, faisant naître la nostalgie de ce qui aurait pu être mais qui n’est pas.
Le documentaire de Frank Pavich ne brille pas par son inventivité : il se contente paresseusement d’aligner les interviews des participants au projet, comme le ferait le premier documentaire télévisé venu. Mais il a la chance d’avoir pour héros le réalisateur franco-chilien Alejandro Jodorowsky, un génie fou de son art, avant-gardiste et visionnaire. Même si quelques brèves moments montrent que l’échec de Dune a brisé sa vie – et l’a durablement éloigné du cinéma – la jubilation qu’il manifeste à s’en remémorer les aléas est communicative.