Le dernier Woody Allen (le 47e en date) reçoit des critiques contrastées : Télérama adore, Le Monde et L’Obs font la moue, Pif Gadget n’a pas tout compris.
Et moi ?
I. – Si un Woody Allen, même imparfait, reste un excellent film…
II. -… le réalisateur new-yorkais atteint peut-être les limites de son œuvre
I.- Ne boudons pas notre plaisir, Woody Allen reste toujours Woody Allen
On prend plaisir à le retrouver chaque automne aussi ponctuel qu’un roman de Amélie Nothomb ; avec ses acteurs toujours différents et toujours identiques, remarquablement dirigés, son débit, son humour, ses thèmes de prédilection.
Un mot sur sa tonicité : Woody Allen filme à tout allure. Avec lui, pas un temps mort, pas un instant d’ennui. Son montage est très cut, coupant les scènes sans attendre leur achèvement. Les dix premières minutes sont un modèle du genre, qui devraient être montrées dans les écoles de cinéma pour leur capacité à introduire et à caractériser les personnages.
II. – Mais le cinéma de Woody Allen tourne de plus en plus à vide. Comme une culture hors sol dans un milieu social CSP déconnecté de son époque et des enjeux qui la traversent.
Tout est artificiel dans L’Homme irrationnel. Joaquin Phoenix n’est pas crédible dans le rôle du professeur de philo dépressif. Emma Stone, aussi charmante soit-elle, ne l’est guère plus dans celui de l’étudiante enamourée. Et le meurtre parfait, façon Crime et Châtiment, qui meuble la seconde partie, se juxtapose pesamment à la comédie romantique qu’annonçait la première partie. Du coup, sans bouder son plaisir, on reste extérieur au film, spectateur d’un film plaisant qui nous divertit sans jamais nous happer.
Conclusion : Allez voir L’Homme irrationnel et faites-vous votre propre opinion !