Au seuil de la mort, Barny appelle un prêtre pour se confesser du lourd secret qu’elle a porté toute sa vie durant. Pendant la Seconde guerre mondiale, sous l’occupation allemande, la jeune et belle communiste, mariée et mère de famille, était tombée amoureuse du curé de son village, le séduisant Léon Morin.
Pourquoi diable ce remake ?
A l’origine de « La Confession », il y a un livre et un film d’un autre âge. « Léon Morin, prêtre », un roman largement autobiographique de Béatrix Beck publié en 1952 et couronné la même année par le prix Goncourt. Le film épnoyme de Jean-Pierre Melville sorti en 1961 avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle de Léon Morin et Emmanuelle Riva dans celui de Barny.
À l’époque, le roman comme le film avaient un retentissement que son remake n’a plus guère aujourd’hui. Dans la France de l’immédiat après-guerre, le souvenir de l’occupation allemande était encore vivace. Dans la France de Vincent Auriol ou du général de Gaulle, la conversion d’une communiste athée portait une charge émotive qui ne touchera plus nos sociétés déchristianisées et postcommuniste.
Le remake est d’autant plus anachronique que les deux acteurs jouent un marivaudage hors de propos. Trop beaux, trop séduisants, Romain Duris et Marine Vacth se tournent autour comme deux amants sur le point de se sauter dessus. Faute d’avoir l’austérité janséniste d’Emmanuelle Riva (qui venait de tourner « Hiroshima mon amour » avec Alain Resnais), Marine Vacth ne convainc pas entièrement. Mais c’est Romain Duris qui est le plus navrant, plagiant Bébel alors que le jeune Belmondo n’était encore en 1961 qu’un jeune acteur de la Nouvelle vague bien loin de la caricature franchouillarde dans laquelle il allait sombrer dix ans plus tard.
En réduisant « Léon Morin, prêtre » à l’histoire d’un flirt chaud-bouillant, Nicolas Boukhrieff trahit l’œuvre qu’il adapte et son élan métaphysique.