Alors qu’il vient d’être libéré de l’institution où il a passé deux ans pour avoir pratiqué l’euthanasie sur sa femme, Stephen Neale gagne lors d’une tombola un gâteau. Poursuivi par des espions nazis et suspecté par la police britannique, il doit seul contre tous faire la preuve de son innocence.
« Ministry of Fear » – qui est sorti en France sous le titre « Espions sur la Tamise » avant de retrouver un titre plus proche de l’original – est un jalon intéressant dans l’œuvre de Fritz Lang. Le génial réalisateur allemand a trouvé refuge depuis peu aux États-Unis – après un court séjour en France. Il se cherche.
Les fulgurances expressionnistes du « Docteur Mabuse » ou de « M le maudit » sont derrière lui. Fritz Lang n’est pas encore devenu le maître du film noir, un genre qui trouvera avec « Le démon s’éveille la nuit » et « La Femme au gardénia » ses canons indépassables.
« Ministry of Fear » est un film d’espionnage qui louche vers Hitchcock. De l’intrigue passablement embrouillée (inspirée de Graham Greene qui n’a pas encore signé ses chefs d’œuvre), du duo complice que forment ses deux protagonistes en quête de vérité (qui rappelle celui de « Une femme disparaît »), du héros injustement soupçonné (joué par Ray Milland qui ne soutient pas la comparaison avec Cary Grant) à la campagne anglaise où se déroule l’action, tout rappelle le maître britannique. Hitchcock… en moins bien.