Retour à Montauk ★★☆☆

Max est un écrivain renommé. Il est marié à Clara, une femme plus jeune que lui qui l’aide dans son travail. Il est de passage à New York pour la sortie de son dernier roman. Il y évoque, sur un mode autobiographique, l’amour d’une femme disparue. Cette femme, c’est Rebecca, une Allemande qu’il a rencontrée et aimée à New York dix-sept ans plus tôt. Max veut à tout prix la revoir.

Faut-il mieux avoir des remords ou des regrets ? Des remords d’avoir fait. Des regrets de n’avoir pas fait.

Max veut remonter le temps. Il veut retrouver Rebecca et recommencer avec elle la folle histoire d’amour qu’ils ont vécue ensemble. Il est prêt à sacrifier à cette quête désespérée l’amour de Clara qui l’aime pourtant avec la même fougue que celle que Rebecca avait manifestée vingt ans plus tôt. Rebecca, elle, est allée de l’avant. Elle vit toujours seule avec ses chats, mais elle est devenue une brillante avocate et s’est installée dans un splendide duplex. Elle n’est pas prête à revisiter ce passé même si le retour de Max ne peut que la troubler.

La psychologie de Max est bien frustre. Il ne se définit que par son entêtement à reconquérir Rebecca. Celle de Rebecca au contraire m’a semblé si ambiguë qu’elle m’est restée incompréhensible : pourquoi après avoir refusé de revoir Max pour ensuite lui céder ? pourquoi entreprendre à Montauk – où l’on comprend qu’ils vécurent jadis leur idylle – ce pèlerinage condamné par avance à l’échec ?

Retour à Montauk aurait pu être bouleversant, comme le laissait espérer sa bande-annonce. Je dois avouer en être sorti déprimé, tristement conscient du temps qui passe inéluctablement et de l’âge qui vient, écrasé de remords et de regrets.

La bande-annonce

Nothingwood ★★★☆

Qui connaît le cinéma afghan ? Personne. Et pour cause : il n’y existe aucune industrie cinématographique. Ni Hollywood. Ni Bollywood. Rien. Rien … sauf Salim Shaheem, un auteur de série Z qui, avec trois bouts de ficelle filme à la chaîne des romances, des drames, des comédies musicales plus ou moins autobiographiques.

Un héros bigger than life. Il suffit de jeter un œil à la bande annonce pour se laisser séduire par ce cinquantenaire ventripotent, par son inépuisable faconde, par sa mythomanie revendiquée, par son optimisme à tout crin. La documentariste Sonia Kronlund y a succombé. Fine connaisseuse de l’Afghanistan, elle a mis ses pas dans les siens le temps d’un documentaire, heureuse de présenter de l’Afghanistan une image plus riante que celle d’un pays saigné à blanc par le fondamentalisme, l’occupation étrangère et les retards de développement.

Sonia Kronlund a décroché un sujet en or. Elle fait le portrait du héros de l’inépuisable réalisateur, de ses fidèles collaborateurs et aussi, en filigrane, de la société afghane. Celle-ci apparaît moins monolithique qu’on ne l’imagine. Certes, les images de Nothingwood révèle une société qui suinte la misère : des routes défoncées, des intérieurs délabrés et – ce qui choque immanquablement l’audience occidentale – des foules exclusivement masculines. Mais l’accueil bon enfant que cette société réserve aux provocations de Salim Shaheen surprend au moins autant : Qurban Ali, l’acteur de la troupe qui endosse systématiquement des rôles efféminés et dont l’homosexualité ne fait guère de doute, ne fait l’objet d’aucune réprobation.

Sonia Kronlund s’est peut-être laissée aller à la facilité, se bornant à filmer le temps d’un tournage Salim Shaheem à Bamiyan, là où s’élevaient les Bouddhas géants dynamités par les Taliban en 2001. Elle ne creuse pas assez des questions qui auraient mérité de l’être : comment Shaheem finance-t-il ses films ? comment en assure-t-il la distribution ? Quelles relations entretient-il avec les autorités ? avec la censure ? Pour autant, son héros est tellement exotique, tellement euphorisant qu’on se contente volontiers de le suivre pendant une heure vingt-sept sans se poser trop de questions.

La bande-annonce

Les Lauriers-roses rouges ★★☆☆

Roya est une actrice reconnue à Dacca. Depuis douze ans, elle joue au théâtre Nandini, l’héroïne de la pièce « Les Lauriers-roses rouges » du grand dramaturge bengali Rabindranath Tagore. Son mari, un riche homme d’affaires, la presse d’interrompre sa carrière pour avoir un enfant. Mais Roya veut approfondir son art et faire de Nandini une héroïne plus moderne, à mille lieux du classicisme engoncé dans lequel son metteur en scène l’oblige à jouer. Elle va s’inspirer de l’expérience de sa bonne, Moyna, qui après être tombée enceinte et avoir quitté le service de Roya, travaille dans des conditions misérables dans l’industrie textile.

Le cinéma du sous-continent indien – ou plutôt l’infime partie de ce qui s’y produit et qui s’exporte en Occident – semble s’être fait du féminisme une spécialité : La Saison des femmes, Déesses indiennes en colère pour ne citer que deux films sortis ces dernières années.

Les Lauriers-roses rouges est un film réalisé par une femme, joué par des femmes, ciblant un public féminin. Sur la (petite) vingtaine de spectateurs venus le voir dans l’une des deux (petites) salles parisiennes qui le diffusent, j’étais le seul homme. Cela ne m’a pas empêché d’être sensible aux états d’âmes de Roya, que la caméra de Rubaiyat Hossain ne cherche pas à sublimer : elle est tour à tour d’une beauté fascinante quand elle monte sur scène et très banale, presque bouffie, quand elle retire son maquillage.

Les Lauriers-roses rouges ne nous vient pas d’Inde, mais du Bangladesh. C’est une rareté, les films bangladais diffusés en France se comptant sur les doigts d’une main. Il présente, pour le spectateur français, une dimension nettement documentaire que la réalisatrice ne renie pas. Elle nous fait ressentir la touffeur de Dacca, l’encombrement de sa circulation. En faisant expressément référence à la catastrophe du Rana Plaza – l’effondrement d’un immeuble qui abritait des usines textiles provoquant la mort de plus d’un millier d’employés – elle entend rattacher son pamphlet féministe à l’actualité la plus brûlante.

Les Lauriers-roses rouges n’a ni la frivolité ni les interludes musicaux de ses cousins de Bollywood. Son affiche, le regard grave de son héroïne entre deux âges, le slogan trop sentencieux qui l’orne annoncent la couleur : on n’est pas là pour rigoler.

La bande-annonce

Wùlu ★★☆☆

Savez-vous ce qu’est un coxeur ? C’est la profession qu’exerce Ladji dans la capitale malienne. Debout sur le marchepied d’un minibus, il harangue les clients, encaisse le prix de leur trajet, guide le chauffeur en fonction des arrêts demandés.
Mais soyez rassurés, Wùlu n’est pas un film sur la sociologie des transports à Bamako. C’est plutôt l’histoire d’un Scarface malien qui gravit les échelles de la pègre.

On lui demande d’abord de faire de la contrebande à la frontière sénégalo-malienne. L’ingéniosité dont il fait preuve lors de sa première mission lui attire la confiance de ses commanditaires qui lui confient des missions plus difficiles en Guinée, puis dans le Nord du pays. Mais c’est lui qui, en cheville avec un trafiquant vénézuélien a l’idée de faire prendre à son business un toute autre envergure.

Le cinéma africain fait lentement son entrée dans le grand bain du cinéma mondial. Longtemps condamné à faire de la figuration dans les grands festivals, il en décroche désormais les premiers prix : Un homme qui crie (Prix du jury à Cannes en 2010), Timbuktu (César du meilleur film en 2015), Félicité (Grand prix du jury à Berlin en 2017). Pour autant, le cinéma africain reste un cinéma de niche, handicapé par la faiblesse de ses moyens. On attend toujours le premier blockbuster africain. Wùlu cherche à sortir de ce ghetto en investissant le champ du polar, un genre jusqu’alors étranger au continent.

Il n’y parvient qu’à moitié. Certes, la mise en scène est nerveuse. Certes, le destin de Ladji est attachant dont l’ascension se paie du prix de l’amour des siens (son meilleur ami, sa sœur…) Mais la direction des acteurs laisse à désirer. Autre défaut : le scénario embrasse trop de problématiques et les étreint mal : la criminalisation des sociétés africaines, condamnées, si elles veulent réussir, à sortir de la loi, la corruption des élites (l’histoire se déroule avant le coup d’État de janvier 2012 qui allait conduire à l’effondrement de l’État malien), la quête d’identité d’individus à cheval sur deux cultures…

Malgré ses défauts, Wùlu – dont la palette chromatique de l’affiche rappelle celle de La Cité de Dieu de Fernando Meirelles qui, lui aussi, importait au pays de la salsa le polar et ses violences – mérite le détour.

La bande-annonce

Free Fire ☆☆☆☆

Boston 1978. Dans une usine désaffectée, des trafiquants d’armes ont rendez-vous avec des combattants de l’IRA. Mais rien ne se passe comme prévu. Et le rendez-vous tourne vite au jeu de massacre.

Unité de temps, de lieu et d’action. Sur le papier, le scénario de Ben Wheatley a tout pour mettre l’eau à la bouche. Une fusillade en règle dans un lieu clos entre un nombre limité de protagonistes. On pense évidemment à Reservoir Dogs qui révéla le jeune Quentin Tarantino.

Sauf que ce bien-nommé Free Fire (« Feu à volonté » n’aurait pas été une mauvaise traduction) est un naufrage absolu.
Le premier tiers du film est attachant pendant lequel se mettent en place les personnages. On voit entrer en scène l’un après l’autre chacun de ces pieds nickelés : truands patibulaires, hommes de main décérébrés, combattants irlandais ténébreux, dandy à la fine gâchette, sans oublier la seule femme (Brie Larson) qui leste l’assemblée d’une impalpable tension érotique.

Mais dès que les premiers coups de pistolet éclatent, tout se délite. Pendant plus d’une heure, douze zozos se tirent dessus. Le problème est que ces tirs sont illisibles. On a oublié qui est avec qui, on ne comprend pas qui tire sur qui, on ne note pas qui est blessé, qui est indemne. Filmer une fusillade est un vrai défi de mise en scène. Ben Wheatley ne l’a pas compris qui ne fait aucun effort pour rendre compréhensibles des échanges de coups de feu dont le spectateur au bout de quelques minutes finit par se lasser. Même un des protagonistes en fait le comique aveu : « J’ai oublié de quel côté je suis ! »

La bande-annonce

Churchill ☆☆☆☆

À la veille de déclencher l’opération Overlord en Normandie, Churchill hésite. Responsable en 1915 du désastre de Gallipoli en Turquie, il ne veut pas une seconde fois être responsable d’une boucherie.

Comme son titre ne l’indique pas, Churchill n’est pas un biopic. Il ne s’agit pas ici d’englober dans toute sa richesse, l’histoire du plus grand homme d’État britannique que le vingtième ait connu mais – comme le faisait avec autrement plus de talent Jackie sur la veuve de John Kennedy – de raconter quarante huit heures de sa vie : les quarante-huit heures qui précédèrent le débarquement en Normandie.

Churchill est lesté de tellement de défauts que les épingler l’un après l’autre confine au jeu de massacre.

Le moindre n’est pas son académisme. Churchill se veut un film en costumes. Hélas, il ne quitte guère les sous-sols du 10, Downing Street sinon pour quelques échappées en bord de mer – bizarrement filmées sur le littoral écossais.
Brian Cox, un des plus grands acteurs shakespeariens vivants, y cabotine à loisir. Comme si son personnage s’y résumait, il ne cesse de tirer sur son cigare – au point qu’on se demande si l’équipe technique a dû filmer avec un masque à gaz pour se protéger de ses volutes.

Mais plus fondamentalement, Churchill repose sur un grave défaut de structure. Toute l’intrigue est construite autour d’un faux suspense. Le débarquement aura-t-il lieu ? On sait que oui. Dès lors, les états d’âme du Premier ministre font long feu. Pire : ils donnent de lui l’image d’un homme qui manque cruellement et de flair et de détermination, alors que sa vie aura donné l’exemple du contraire.

La bande-annonce

Wonder Woman ☆☆☆☆

Wonder Woman est un infâme brouet décérébré dont je ne comprends pas le succès chez un public de plus de quatorze ans.

Le film débute par un interminable prologue chez les Amazones, réfugiées sur l’île de Themyscira pour se protéger des foudres d’Arès, le fils belliqueux de Zeus. Diana, la fille de la reine Hippolyta (que les sous-titres français ont malencontreusement traduit par Hippolyte), est initiée à l’art de la guerre par sa tante Antiope (interprétée par Robin Wright qui a sans doute besoin, elle aussi, de payer ses impôts).

La félicité qui prévaut au sein de ce paisible gynécée (on aurait bien aimé passer deux heures vingt à voir des amazones en bikini se rouler dans la boue en de virils combats de catch) est hélas troublée par l’arrivée inopinée (subtile allitération) d’un bel espion américain (Chris Pine dont la seule qualité est d’avoir vingt ans de moins que Brad Pitt… et de ne pas être né en France où son patronyme lui aurait probablement interdit l’accès à la célébrité) poursuivi par l’armée allemande. Car nous sommes en 1918 et que le maréchal Ludendorff (Dany Huston dans le rôle du méchant dont on ne se souvient jamais du nom), dans un effort désespéré pour éviter la défaite, est sur le point de lancer une arme biologique dévastatrice forgée par l’infâme docteur « Poison ».

Si on était pédant, on dirait que Wonder Woman s’inscrit à la croisée de trois genres : les film de superhéros (Wonder Woman est une héroïne DC, petite sœur de Batman et Superman auprès desquels elle avait d’ailleurs fait une apparition dans l’oubliable Batman vs. Superman : L’Aube de la justice), la mythologie grecque (« This is Spartaaaaa » et ses avatars) et le steampunk (Hellboy, Sucker Punch). Sans oublier de nombreux emprunts à la BD et les désormais inévitables combats filmés en bullet time. Mais cette savante exégèse serait faire trop d’honneur à ce qui se réduit à un médiocre divertissement pour adolescents pubères.

J’entends dire que Wonder Woman serait un film féministe. La preuve : son réalisateur est une femme, Patty Jenkins (expulsée sans ménagement de la réalisation de Thor 2) et son actrice principale aussi (faire jouer Wonder Woman par un homme aurait été sacrément transgressif). Pour autant, je ne suis pas certain que les jeunes adolescentes s’identifient à une grande cruche en maillot de bain avec une épée, un bouclier et un lasso. En revanche, je suis certain que Wonder Woman attirera une tripotée de vieux messieurs – dont je dois avouer que je fus – vaguement émoustillés par la plastique affriolante de Gal Gadot (ex Miss Israël, découverte par la franchise Fast and Furious). Et je ne suis pas sûr que ce voyeurisme grandisse la cause des femmes.

La bande-annonce

A Serious Game ★★☆☆

À Stockholm, au tout début du vingtième siècle, Arvid est un jeune journaliste d’une extraction modeste. Il tombe follement amoureux de Lydia, la fille d’un peintre célèbre. Ses sentiments sont partagés mais les deux jeunes gens sont de milieux trop différents pour envisager une union. Lydia se marie à un riche veuf tandis que Arvid épouse une héritière. Des années plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau.

Pernilla August a eu une carrière étonnante. Née en 1958, elle fait ses premiers pas au cinéma avec Ingrid Bergman dans Fanny et Alexandre en 1982. Sociétaire du Théâtre dramatique royal, elle y joue les plus grandes pièces du répertoire : Strindberg, Ibsen, Tchekov, Shakespeare… Elle obtient le prix d’interprétation féminine à Cannes en 1992 pour son rôle dans Les Meilleurs intentions de Bille August – dont elle fut l’épouse de 1991 à 1997. Elle joue la mère de Anakin Skywalker dans les deux premiers épisodes de la saga Star Wars. De retour en Suède, elle passe derrière la caméra pour signer l’adaptation d’un grand classique de la littérature suédoise.

Le Jeu sérieux (pourquoi donner un titre anglais à un film suédois ?) de Hjalmar Söderberg n’est pas de la litt chick. Comme ses contemporains Ibsen, Strindberg, Hamsun ou Hardy, Söderberg écrivait des drames poignants. Les amours de Arvid et de Lydia sont des amours contrariées et il ne faut pas escompter un happy end.

Fidèle au roman qu’elle adapte, Pernilla August ne verse pas pour autant dans la reconstitution méticuleuse. Elle le doit à son actrice principale qui ravit la vedette – et la tête d’affiche – à son acolyte masculin. Ballottée par la vie, tout à tour trop sage et trop exaltée, Karin Franz Körlof est bouleversante.

La bande-annonce

Zombillénium ★★★☆

Arthur de Pins a écrit et dessiné Zombillénium. Lancé par Spirou, publié ensuite chez Dupuis, décliné en trois tomes, couronné en 2012, Zombillénium poursuit sa carrière au cinéma.

Zombillénium porte le nom du parc d’attractions où l’essentiel de son intrigue se déroule. Ce lieu est aussi paradoxal qu’excitant. Il est peuplé de sympathiques créatures diaboliques : des zombies, des vampires, des fantômes, unis contre les humains par leur condition d’immortels, mais opposés entre eux par une haine atavique. Zombillénium a pour héros Hector Sachs (Aurélien Zahner dans la BD), un humain que les premières images ne rendent guère sympathiques : un employé de l’administration qui consacre plus d’énergie à son travail qu’au bien-être de sa fille qu’il dépose au pensionnat avant de se rendre à Zombillénium qu’il s’est mis en tête de faire fermer pour non-conformité aux  normes de sécurité (critique implicite d’une société hyper-hygiéniste où le respect scrupuleux des règlements viendrait tuer dans l’œuf le plaisir ?). Mais, sitôt passé de vie en trépas, et employé derechef au stand de barbe-à-papa, notre héros devient positif.

Ses réalisateurs ajoutent à Zombillénium une dimension sociale et politique que la bande dessinée n’avait pas. Le film d’animation se déroule dans une région désindustrialisée du Nord de la France. Les habitants du village voisin, noyé dans un frimas grisâtre, fréquentent le bistro du coin en y tenant des propos volontiers xénophobes. Comme l’expose en quelques plans d’une rare efficacité un générique qui constitue un modèle du genre, le parc d’attractions a été construit sur le site d’une ancienne mine et ses employés sont d’anciens mineurs tués lors d’un coup de grisou.

Pour faire avancer l’intrigue, les réalisateurs de Zombillénium ont recours à des ressorts… marxistes. D’un côté des rivalités de classe opposent entre eux les employés du parc. Les vampires, au charme venimeux tout droit importé de Twilight, se sentent plus proches des humains que les zombies, que les pantomimes empruntées au Thriller de Michael Jackson ne font plus rire. De l’autre d’infâmes capitalistes se sont mis en tête de redresser la rentabilité du parc et somment son directeur, le sympathique Francis von Bloodt, de le faire en licenciant les zombies. Comme de bien entendu, Hector, aidé de Gretchen, une sorcière aux super-pouvoirs, et de Sirius, un cadavre cool, viendra à bout de ces sombres desseins – et retrouvera l’amour de sa fille.

On l’aura compris : Zombillénium vise un public d’enfants mais ne s’interdit pas de divertir les parents qui les accompagnent. Présenté en sélection officielle à Cannes, Zombillénium sera projeté au festival d’Annecy avant de sortir sur les écrans le 18 octobre 2017.

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Le Jour d’après ★☆☆☆

Un éditeur se rend à son travail dès potron-minet. Quelques jours auparavant, sa collaboratrice, qui était aussi son amante, l’a quitté. Une nouvelle collaboratrice le remplace. Se noue entre elle et lui une relation qui n’est pas sans rappeler celle qui vient de se rompre. L’épouse de l’éditeur, qui a découvert une lettre d’amour anonyme, déboule à son bureau et rosse la nouvelle collaboratrice. C’est le moment que choisit l’ancienne pour revenir.

« Hong Sangsoo, le Rohmer coréen, signe avec son vingtième film un chef d’œuvre. Avec une remarquable économie de moyens, dans un noir et blanc très doux, il met en scène un homme et trois femmes : son épouse, son ancienne maîtresse, celle qui aurait pu devenir sa prochaine maîtresse. Vaudeville à la Feydeau ponctué de quiproquos ? Le scénario ainsi grossièrement résumé pourrait le laisser croire ; mais il est beaucoup plus désespéré qu’il n’en a l’air. Le Jour d’après est moins l’histoire d’un mari volage que le portrait à charge d’un homme lâche. »

Voilà la critique que j’aurais pu faire du dernier film de Hong Sangsoo s’il m’avait conquis. Hélas ce n’est pas le cas. Et j’en suis le premier désolé. Car je conçois volontiers le pouvoir de séduction que Le jour d’après peut exercer. Mon manque d’enthousiasme tient à deux raisons.

La première est que je me suis copieusement ennuyé. Hong Sangsoo filme d’interminables dialogues. Les acteurs, aussi bons soient-ils, sont abandonnés à eux-mêmes, sans texte, et leurs efforts désespérés pour se renvoyer la balle tournent vite court. Le feraient-ils en plans fixes, on s’endormirait douillettement. Hong Sangsoo a hélas un cadreur qui essaie, comme l’arbitre dépassé d’un match de tennis, de cadrer un personnage après l’autre, substituant à la sieste qu’une telle logorrhée aurait dû déclencher un sévère mal de tête.

La seconde est l’effet de lassitude induit par la répétition, de film en film, des mêmes thèmes et des mêmes situations. Hong Sangsoo est un réalisateur prolifique. Il tourne environ trois films par an. Le Jour d’après est sorti le 7 juin tandis que son précédent film, Yourself and Yours, sorti le 1er février, n’a pas encore quitté les écrans parisiens. Cette productivité ne serait pas en soi un problème si elle ne confinait au bégaiement. Or, Hong Sangsoo nous livre à chaque fois le même film. Un homme mûr (double autobiographique à peine déguisé du réalisateur ?) se débattant dans des amours compliquées avec des femmes plus jeunes. Des scènes de bar tournant inéluctablement à l’orgie éthylique (les Coréens passent-ils tous leurs soirées à s’enivrer ?). Un monde flottant où les identités se confondent, où le ressassement des mêmes situations conduit à remettre en cause les identités des êtres et la réalité des sentiments qu’ils inspirent.

La bande-annonce