Joe est un tueur à gages. Un sénateur le recrute pour retrouver sa fille et se débarrasser des pédophiles qui l’ont kidnappée.
Ne vous laissez pas abuser par le titre gentillet de ce thriller esthétisant – qui s’intitule dans sa version originale You were never really here que les distributeurs français ont dû estimer imprononçable par un spectateur de Charente-maritime. Fiez vous plutôt au regard fou de Joaquin Phoenix, qui n’a pas volé son prix d’interprétation masculine à Cannes et au marteau qu’il agite fiévreusement.
L’affiche évoque « le Taxi driver du 21ème siècle ». La comparaison n’est pas usurpée. Comme dans le film de Scorsese, Lynne Ramsay – l’auteur du chef d’œuvre We need to talk about Kevin – donne le premier rôle à un vétéran brutal, solitaire et névrosé qui trouvera sa rédemption en secourant une gamine. On se souvient de la coupe iroquois de Robert de Niro ; on n’oubliera pas de sitôt le corps massif de Joaquin Phoenix, couturé de cicatrices.
Mais le bât blesse quand cette comparaison tourne à la répétition.
Une comparaison d’autant plus déplaisante que je dois avouer, le rouge au front, ne pas tenir Taxi driver pour un chef d’œuvre.
J’ai fort logiquement trouvé à la copie les mêmes défauts qu’à l’original. Un héros trop sombre dont la personnalité ne me touche pas. Un scénario trop simpliste – qui, comble du paradoxe, s’est vu décerner un prix à Cannes faute sans doute pour les jurys de s’accorder pour lui décerner la Palme d’or. Une esthétique trop stylisée qui, sous couvert de dénoncer la violence, la filme avec une complaisance malsaine.