Pressentant sa fin prochaine, Daya décide de quitter son foyer et d’aller mourir à Bénarès. Sa décision bouleverse sa famille qui vit sous le même toit : son fils, sa belle-fille, sa petite-fille qui l’adore. Mais Daya n’en démord pas et loue une chambre à l’hôtel Salvation sur les bords du Gange.
Comme le veut la réglementation, il a quinze jours pour mourir. Son fils l’accompagne.
Le premier film du jeune réalisateur Shubhashish Bhutiani, fraîchement émoulu de la School of Visual Arts de New York, arrive sur nos écrans auréolé d’une critique élogieuse. Hotel Salvation ne ressemble en rien aux blockbusters bollywoodiens auxquels les spectateurs occidentaux se sont peu à peu habitués. Sans musique ni chorégraphie, c’est un drame familial dont la tendresse du traitement ne laisse pas oublier la gravité du sujet.
Il n’y est pas question d’euthanasie – comme dans le déchirant Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé – mais d’acceptation réconciliée de la mort. Une échéance qui n’a rien de tragique, rien de morbide. Au contraire, les habitants de Bénarès attendent comme une délivrance et célèbrent comme une fête la mort d’un des leurs dans la ville sainte.
Hotel Salvation a une autre dimension. Le départ de Daya pour Bénarès est l’occasion pour lui de se réconcilier avec son fils Rajiv (Adil Hussain star bollywoodienne devenue célèbre à l’étranger avec L’Odyssée de Pi) qu’il avait écrasé de son mépris sa vie durant faute pour le fils d’avoir su satisfaire les ambitions du père.
Hotel Salvation est un film délicat qu’on aurait aimé aimer. Mais il n’est pas assez exotique pour être dépaysant, pas assez américain pour qu’on y trouve ses marques, pas assez grave pour être déchirant, pas assez léger pour nous faire sourire. Au bord du Gange, comme on serait au bord du Styx, il reste entre deux rives à force d’hésiter sur son parti pris.