Lena est une jeune et jolie collégienne. Elle vit au sein d’un foyer uni, même si elle a le sentiment que ses parents consacrent plus de temps à son frère handicapé qu’à elle. Elle a une meilleure amie avec laquelle elle échange des confidences.
Tout bascule le jour où son professeur de mathématiques la viole.
Au lieu de parler, Lena se mure dans le silence et bascule bientôt dans la dépression. Après une tentative de suicide, elle est internée dans un établissement psychiatrique.
Nous vient de l’Est ce film dur, âpre, tranchant comme le couteau avec lequel Lena tente de se cisailler les veines.
On imagine volontiers ce que le sujet aurait donné aux États-Unis où l’asile psychiatrique a constitué le cadre de bien des scénarios. Un héros/une héroïne résiliente y aurait repris son destin en main, coalisant les autres malades contre une institution aveugle et sourde à leurs besoin réels. On pense à Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman, Une vie volée de James Mangold ou, plus récemment, Paranoïa de Steven Soderbergh.
Mais le film de la jeune Slovaque Tereza Nvotova n’emprunte pas ces chemins tracés d’avance. Son personnage principal est une victime, pas une héroïne. Elle ne trouve autour d’elle aucune bouée de secours. Non pas qu’elle soit entourée d’ennemis ; mais simplement que personne, ni sa famille pourtant aimante, ni sa meilleure amie qui lui rend fidèlement visite, ni la malade dont elle partage la chambre à l’hôpital, ne lui tende la main.
Sans jamais le dire ne se contente pas de raconter ce lent étiolement. Le scénario, coupé d’ellipses qui en troublent parfois la compréhension, connaît quelques rebondissements. Pour autant, le film ne se termine pas par un happy end. La scène finale est ouverte à toutes les interprétations : Lena réussit-elle enfin à dire non à un garçon ? ou bien s’est-elle à jamais murée dans un silence dont elle ne sortira jamais ?