Joseph (Benoît Poelvoorde) a deux fils. Joachim (Vincent Lacoste) peine d’autant à achever ses études de psychiatrie qu’il sort d’une difficile rupture amoureuse. Ivan (Mathieu Capella), de dix ans son cadet, est en pleine crise d’adolescence. Joseph ne va guère mieux. La mort de son frère aîné l’a traumatisé. Il a décidé d’abandonner son métier et de se consacrer à la littérature.
Deux fils aurait pu s’appeler Deux frères ; mais le titre avait déjà été utilisé par Jean-Jacques Annaud en 2004. Il aurait pu aussi s’appeler Un père et ses deux fils. Le film en effet n’oppose pas deux frères l’un à l’autre. Il raconte un trio déséquilibré mais aimant.
Un trio résumé lumineusement par l’affiche reconnaissable entre mille de Floc’h, l’illustrateur qui, depuis plus de quarante ans, signe les affiches de Diane Kurys, de Alain Resnais et même de Woody Allen. Woody Allen, justement, aurait inspiré à Félix Moati son premier film, qui raconte sur un mode tragi-comique les crises existentielles de trois hommes à trois âges de leur vie.
Qui est le plus puéril des trois ? Sans doute, le père de famille, Joseph, qui, renonçant à ses responsabilités familiales et malgré son manque évident de talent, s’est mis en tête d’écrire. La séquence où il lit quelques pages de son premier roman, en séance publique, dans une librairie, devant ses proches effarés, est particulièrement drôle.
Le père, paradoxalement, devient le fils de ses fils. L’aîné Joachim se cherche. Il trouve Esther (Anaïs Demoustier), qui enseigne le latin à son frère, aussi insouciante qu’il est névrosé, aussi libérée qu’il est refoulé. La scène qui les réunit dans une piscine est d’une rare poésie. Le cadet Ivan est le plus drôle. Le collégien n’a qu’une obsession : séduire Mélissa, la plus jolie fille de sa classe. Quand il ne fugue pas, il trouve un refuge chez la psychologue scolaire (India Hair).
Deux fils n’est pas sans qualités. La direction d’acteurs est excellente. Les plans tournés de nuit autour de la porte Saint-Martin créent une vraie atmosphère soulignée par la musique jazzy. Mais Deux fils a un défaut rédhibitoire : sa flagrante absence d’originalité qui, dans une programmation surabondante, dissuadera son public potentiel d’aller le voir et réduira ceux qui l’auront vu à l’oublier illico.