Ulysse (Eric Cantona) est un plasticien renommé qui, suite à une grave dépression, vit reclus à la campagne. Mona (Manal Issa) est une jeune étudiante aux Beaux-Arts qui s’est mise en tête de le faire sortir de son isolement.
Depuis quelques années déjà, un petit groupe de jeunes réalisateurs fait souffler un vent d’air frais dans le cinéma français. Sébastien Betbeder en fait partie avec Guillaume Brac (Contes de juillet, L’Île au trésor, Tonnerre, Un monde sans femmes), Antonin Peretjatko (La Loi de la jungle, La Fille du 14 juillet), Vincent Macaigne (Pour le Réconfort), Sophie Letourneur (Les Coquillettes, Le Marin masqué, La Vie au ranch) ou Léonor Serraille (Jeune Femme). Leur marque de fabrique : une légèreté, une fantaisie, une ironie qui rompent agréablement avec le naturalisme pesant de leurs aînés.
Sébastien Betbeder retrouve Eric Cantona qu’il avait fait tourner dans Marie et les naufragés. Cet acteur est étonnant. Sa célébrité lui vient du football. Il joue comme une casserole, manifestement à la peine pour retenir ses trois lignes de texte qu’il prononce d’une voix mécanique avec son inimitable accent. Et pourtant il dégage une puissance, une minéralité étonnantes. Face à lui, Manal Issa, jeune actrice libanaise révélée par Peur de rien, dégage une sensualité douce bizarrement asexuée.
On ne trouvera dans Ulysse & Mona rien de ce qui fait le fond de sauce sempiternel des comédies romantiques françaises : pas de meilleure amie branquignole, pas de scènes dans une boîte de nuit aussi bruyante qu’obscure, pas d’amants repus fumant une cigarette dans un lit blanc en milieu d’après-midi… Le problème de Ulysse & Mona est qu’à force de refuser d’emprunter les codes d’un certain cinéma, contre lequel Betbeder se construit, on n’y trouve pas grand chose : juste l’errance de deux solitaires qu’unit une grande tendresse. Ce n’est pas mal. Mais c’est trop peu.