Contes de juillet ★★☆☆

Deux moyens-métrages d’une trentaine de minutes chacun
L’Amie du dimanche : Collègues de travail, Milena et Lucie décident de passer le dimanche à la base nautique de Cergy. Milena s’y fait draguer par un plagiste très entreprenant tandis que Lucie fait la rencontre d’un fleurettiste.
Hanne et la fête nationale : À la veille de son retour dans son pays, Hanne, une étudiante norvégienne, passe le 14 juillet 2016 à Paris, assiste au défilé militaire sur les Champs-Élysées, rentre dîner à la Cité universitaire. Durant cette journée, qui s’achève tragiquement par l’annonce de l’attentat de Nice, elle croise trois garçons.

Guillaume Brac s’est fait connaître en 2012 avec un moyen-métrage plein de charme Un monde sans femmes. Il a sorti un long en 2014, avec Vincent Macaigne dans le rôle principal, Tonnerre. À partir d’un travail mené avec les élèves du Conservatoire, il revient au format d’Un monde… dans ces Contes de juillet dont le titre (on pense à ses Contes d’été) et le lieu (L’Amie de mon amie avait été tourné également à Cergy) se revendiquent ouvertement de Eric Rohmer.

Il y a chez les deux héroïnes de L’Amie du dimanche la même délicatesse, la même pudeur que chez le maître de la Nouvelle Vague, sans la préciosité qui rend certaines de ses œuvres aujourd’hui ridicules voire irregardables. Il y a aussi quelque chose de Hong San-soo dans le quatuor de personnages de Hanne et la fête nationale et dans le long dîner qu’ils partagent ensemble au crépuscule du 14 juillet.

Contes de juillet joue sur la frontière ténue entre l’amitié, le flirt, l’amour. Il le fait avec ce mélange étonnant car intrinsèquement instable de légèreté et de sérieux que Rohmer réussissait si bien à respecter et que Brac reproduit avec autant de talent. Les personnages ont une fraîcheur, une spontanéité que les acteurs de Rohmer, engoncés dans des textes trop écrits, n’atteignaient pas toujours. Comme si #MeToo et #BalanceTonPorc n’étaient pas passés par là, les relations hommes-femmes – ou plutôt garçons-filles car les acteurs semblent à peine sortis de l’adolescence et leurs marivaudages ont le goût des jeux de l’enfance – ont la même texture que dans les Comédies et proverbes ou les Contes des quatre saisons vieux de trente ou quarante ans

Mais l’ensemble pêche par ses qualités même. À force de revendiquer sa délicatesse, il finit par friser l’insignifiance. Sa durée bâtarde ne l’aide pas. Il manque à ses deux moyens métrages de trente minutes chacun un troisième opus – qui figurait d’ailleurs dans les projets du réalisateur mais a été abandonné en cours de route – pour étayer la construction.

La bande-annonce

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