Dans une petite ville insulaire du sud du Japon écrasée par la chaleur estivale, une troupe de théâtre vient donner des représentations. Komajuro, le chef de la compagnie, y a une maîtresse, dont il a eu un fils, Kiyoshi, aujourd’hui adulte, qu’elle a élevé seul.
Le secret est bien gardé mais la nouvelle compagne de Komajuro finit par le percer. Sa jalousie est violente et aura des conséquences dramatiques.
L’été est la saison des rétrospectives japonaises. Carlotta Films a flairé le filon et ressort chaque année, en groupe ou isolément, tel ou tel chef d’œuvre d’Ozu, de Kurosawa ou de Mizoguchi. C’est l’occasion de voir ou de revoir ce film de 1959, l’un des rares que Ozu a tourné en couleurs. Il suffit d’avoir déjà vu un ou deux films du maître (mon préféré, ce qui n’est guère original, est Voyage à Tokyo) pour se sentir immédiatement en terrain de connaissance : caméra au ras du tatami, lents travellings, plans de coupe construits comme des tableaux de maîtres, montage cut, très discrète musique de fond, acteurs fétiches (on reconnaît Chishu Ryu et Haruko Sugimura mais Setsuko Hara manque à l’appel)…
Ozu en avait fait une première version de cette histoire vingt-cinq ans plus tôt, intitulée Histoires d’herbes flottantes, en muet et en noir et blanc, dont on dit – je ne l’ai pas vue – qu’elle était plus tragique. Pour autant, Herbes flottantes n’est pas très gai. La sérénité stoïcienne qui caractérise les films du maître est ici interrompue d’inhabituelles disputes : entre Komajuro et sa maîtresse, entre Komajuro et son fils. Si, comme tous les films d’Ozu, il est question de relations familiales, elles sont ici appréhendées du point de vue des seuls parents – à travers la relation de Komajuro avec ses deux maîtresses. Sans doute le film se conclut-il in extremis par une réconciliation générale ; mais elle est trop tardive, trop artificielle, pour être tout à fait crédible.