La vie de Sophia (Anne-Élisabeth Bossé) est dans une impasse. La trentaine bien entamée, elle soutient sa thèse sur « les intrications des dynamiques familiales et politiques chez les continueurs d’Antonio Gramsci » (sic) mais se voit refuser un poste de titulaire à l’université, prisonnière de ses coteries. Célibataire, elle est enceinte et décide d’avorter. Sans toit, elle est hébergée par son frère Karim (Patrick Hivon) auquel la lie une complicité fusionnelle.
Drôle de titre. Si Karim se met en couple avec la médecin qui procède à l’avortement de Sophia, la femme du frère reste très secondaire. La vraie vedette, c’est Sophia, quasiment de chaque plan, sorte de Bridget Jones québecoise, plus dépressive, mais pas moins drôle, dont on imagine volontiers ce que la réalisatrice, dont le père est tunisien et le frère doctorant, a emprunté à sa propre biographie.
La Femme de mon frère creuse le sillon bien connu de la comédie célibattante. On en a déjà vu treize à la douzaine, plus ou moins réussies, d’Ally Mc Beal à Sex and the City.
La Femme de mon frère contient quelques passages aussi drôles qu’intelligents. Ainsi du couple paradoxal que forment les parents de Sophia, un immigré maghrébin et une québécoise militante gauchiste, divorcés depuis plus de vingt ans mais habitant sous le même toit et unis par une longue complicité. C’est dans la bouche de cette mère attachante qu’on entend la réplique la plus mordante du film (hélas déflorée par la bande-annonce) : « Une femme passe la moitié de sa vie à se trouver grosse, l’autre à se trouver vieille et grosse ».
La limite du genre est qu’il enchaîne les scènes sans toujours réussir à les relier entre elles. La Femme de mon frère n’échappe pas à ce travers. Il l’accentue par la surenchère typiquement « dolanienne » (la réalisatrice Monia Chokri avait tourné sous la direction de Xavier Dolan dans Les Amours imaginaires) qu’il pratique. Sophia est dans une constante hystérie. Elle est souvent hilarante. Mais elle devient à la longue épuisante.
Ping Babysitter ☆☆☆☆ | Un film, un jour