Le Dindon ☆☆☆☆

Pontagnac (Guillaume Galienne), dragueur invétéré, harcèle Victoire (Alice Pol), une jolie interprète à l’Unesco. Il la poursuit jusqu’à son domicile où il découvre qu’elle est l’épouse de Vatelin (Danny Boom), un vieil ami du Racing. Son embarras grandit encore quand arrive son épouse (Laure Calamy), qui questionne à bon droit la fidélité de son époux.
Victoire a un autre soupirant, Ernest Rédiop (Ahmed Sylla), le fils d’un premier ministre centrafricain (sic). Mais sa vertu est sans tâche. Elle n’acceptera de tromper son mari qu’à condition d’avoir la preuve que celui-ci la trompe. C’est le moment que choisit Suzy Wayne, une Américaine avec qui Vatelin a eu une aventure d’un soir, pour débarquer à Paris accompagnée de son Yankee de mari.

Le Dindon de Georges Feydeau a été représenté pour la première fois le 8 février 1896 au Théâtre du Palais-Royal (merci Wikipedia). C’est une des pièces les plus jouées du répertoire français contemporain. Elle a été adaptée plusieurs fois au cinéma : en 1913, en 1951, en 1986.

Quelle mouche a donc piqué Jalil Lespert de l’adapter aujourd’hui, dans une version qui en respecte, à la virgule près, le texte ? On connaissait le réalisateur, qui avait signé Yves Saint-Laurent en 2016, plus inspiré.
Seule innovation : l’action se déroule dans le Paris du début des 60ies que Pontagnac, aux trousses de Victoire, traverse dans une introduction joyeusement polychrome.

Las ! si cette première scène augure bien de la suite, le reste du film n’est pas à l’avenant. Malgré le soin porté aux décors et aux costumes, malgré la qualité des acteurs, choisis parmi les plus bankables du moment, on a l’impression de se retrouver au Théâtre ce soir – cette retransmission télévisée hebdomadaire qui n’éveillera guère d’écho parmi les moins de cinquante ans (« les décors sont de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell »).

Tout sent l’antimite dans ce vaudeville recuit, aux quiproquos pas drôles, au sexisme d’un autre âge. Les hommes sont des lâches et des queutards incapables de fidélité, les femmes des gourdes superficielles qui ne mettent jamais en œuvre leurs menaces de vengeance. Quelques réparties font mouche (« les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbéciles ») ; mais inutile d’aller voir cette purge : elles sont dans la bande-annonce.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Le Dindon ☆☆☆☆

  1. Pas vu… N’ayant pas le souvenir d’un Africain chez Feydeau, je subodore que (comme dans le dernier « Mary Stuart ») il s’agit de respecter un quota, ce qui s’avère, encore une fois, aussi aberrant que ridicule.

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