Marie Curie compte parmi les scientifiques les plus renommés de son temps. Née Maria Skłodowska, elle perd sa mère à l’âge de dix ans et rejoint à Paris sa sœur pour y poursuivre ses études. Diplômé de la faculté des sciences, elle rencontre Pierre Curie, l’épouse et mène avec lui des travaux sur la radioactivité. En 1903, à trente-six ans à peine, le prix Nobel de physique lui est décerné conjointement avec son mari et avec Henri Becquerel. Huit ans plus tard, elle reçoit seule le prix Nobel de chimie pour sa découverte du polonium et du radium.
Le paragraphe qui précède semble tout droit sorti de Wikipedia ? C’est – quasiment – le cas. Le problème est que Radioactive a les mêmes caractéristiques : vouloir nous raconter la vie de la grande femme. Il le fait avec une application qui frise l’académisme. Et quelques maladresses. La première est de faire parler tous les personnages uniformément en anglais. La deuxième : reconstituer les rues de Paris à la Belle Époque dans une anonyme ville d’Europe centrale (Budapest ?) en carton-pâte. La troisième : faire la part belle à la vie privée de Marie au détriment de la description, à peine esquissée de ses découvertes. La quatrième : avoir inséré quatre flashwordards, aussi coûteux qu’académiques, pour montrer les conséquences qu’ont eues au vingtième siècle les découvertes de Marie Curie (la bombe d’Hiroshima, la catastrophe de Chernobyl mais aussi la radiothérapie).
Il n’y a pas grand chose à sauver dans ce gloubi-boulga anonyme que signe Marjane Satrapi. Où sont passés la verve, l’humour, la touche de l’auteur-réalisateur de Persépolis (2008) et de Poulet aux prunes (2011) ?
La seule à tirer son épingle du jeu est Rosamund Pike dans le rôle de Marie Curie. Toujours impeccable, malgré les maquillages qui la défigurent, l’ancienne James Bond Girl évite l’écueil qui aurait consisté à faire de Marie Curie une sainte en insistant paradoxalement sur son principal défaut (ou, du moins, sur le défaut que le film lui prête) : un orgueil, un égoïsme, un féminisme avant l’heure qui la conduisirent, malgré elle, à blesser ceux qui l’aimaient, à commencer par son mari, son amant, Paul Langevin, et sa fille aînée, Irène.