L’Histoire personnelle de David Copperfield ★★★☆


Le jeune David Copperfield (Dev Patel) raconte sa vie pleine de rebondissements dans l’Angleterre victorienne. S’il naît entouré de l’amour de sa nourrice Peggotty, le remariage de sa mère avec un homme dur et violent le chasse de l’Eden familial. Encore enfant, il doit partir pour Londres travailler dans une usine d’embouteillage. Mr Micawber (Peter Capaldi) et son épouse l’hébergent avant d’être jetés en prison pour dettes. Copperfield se réfugie alors dans le Kent chez sa tante (Tilda Swinton) qui cohabite avec son excentrique cousin Mr Dick (Hugh Laurie). À la fin de ses études, David trouve à s’employer dans l’étude de Mr Wickfield (Benedict Wong) dont il tombe amoureux de la fille Dora. mais c’est sans compter sur la perfidie de Uriah Heep (Ben Whishaw), un ancien employé au pensionnat fréquenté par David qui, à force d’obséquiosité, a réussi à devenir l’homme de confiance de Wickfield.

Le roman de mille pages, en petits caractères, de Charles Dickens est foisonnant. Il se prête volontiers à la forme feuilletonnesque et a fait l’objet de bien des séries télévisées en six, dix ou treize épisodes tant son contenu est riche. Il a bien sûr déjà été adapté au cinéma en 1935 pour la MGM par George Cukor, en 1969 pour la 20th Century Fox par Delbert Mann.

Réalisateur reconnu venu de la télévision (on lui doit les séries à succès The Thick of It et Veep), déjà auteur de deux films remarqués et remarquables (In the Loop et La Mort de Staline) le Britannique Armando Iannucci signe du meilleur roman de Dickens une adaptation étourdissante.

Originalité du casting : il est – comme dans la série Netflix La Chronique des Bridgerton dont on parle beaucoup ces temps-ci – colorblind : David Copperfield est joué par un acteur d’origine indienne, Mr Wickfield par un Asiatique, sa fille Agnes par une actrice noire, etc. Les gardiens du Temple crieront au sacrilège ; les militants de l’hybridation applaudiront. Quant aux agnostiques, ma foi, après un instant d’interrogation, ils auront oublié cette nouvelle bataille d’Hernani.

En deux heures rondement menées, L’Histoire personnelle de David Copperfield raconte à sauts et à gambades la vie rebondissante de son si sympathique héros. La galerie de personnages qu’il croise et que mon résumé trop long a essayé de présenter constitue, comme toujours dans les romans de Dickens (ou de ceux de Hugo à la même époque), une panoplie d’individus représentative de tous les traits de l’espèce humaine : la tendresse maternelle pour Peggotty, la cruauté pour Murdstone, l’optimisme pour Micawber, la folie pour Dick, la dipsomanie pour Wickfield, la servilité pour Heep, etc.

Mais le trait principal de ce David Copperfield, ce qui fait à la fois son unité et son prix, est sa formidable ironie. On rit beaucoup à ce film ; on y sourit plus encore. Non qu’il contienne des scènes comiques mais que tout y soit drôle dans cette histoire dont on comprend progressivement le sens : comme La Recherche, David Copperfield nous raconte la naissance d’un écrivain.

La bande-annonce

Malcolm & Marie ★★★☆

Après l’avant-première de son film, Malcom rentre à minuit passé dans la superbe villa que la production a louée pour lui à Malibu avec sa petite amie Marie. La soirée s’est bien passée. L’avant-première a été un triomphe. Malcolm jubile. Mais Marie lui en veut pour l’avoir oubliée dans son discours de remerciement. Une violente dispute éclate entre les deux amoureux.

Malcolm & Marie partait à mes yeux avec un lourd handicap. Huis clos théâtral mettant en scène deux personnages qui se disputent le temps d’une nuit, il avait toutes les caractéristiques de ces films statiques, bavards et artificiels dont j’ai déjà eu si souvent l’occasion de dire tout le mal que j’en pensais par exemple dans mes critiques de Fences ou du Blues de Ma Rainey – sans parler du Bonheur des uns ni du Dindon.

Preuve qu’il faut savoir aller au-delà de ses a priori – et preuve aussi que, faute de sorties au cinéma, on en est réduit ces temps ci à regarder toutes les nouveautés sur Netflix – j’ai regardé Malcolm & Marie et ne le regrette pas. Au contraire. J’y avais été incité par l’identité de son réalisateur, Sam Levinson, dont j’avais adoré le précédent film, le trop méconnu et punk Assassination Nation qui faisait partie de mon Top 10 en 2018.

En revanche, je ne connaissais pas Zindaya et dois reconnaître que l’héroïne de Spider-Man: Homecoming a du talent. C’est elle qui crève l’écran, dans un rôle en or qui lui permet de déployer toute la palette de son jeu. Vamp en robe de soirée au décolleté époustouflant, femme-enfant en débardeur blanc et petite culotte, forte et fragile à la fois, elle dit ses quatre vérités à John David Washington (le héros jamesbondien de Tenet) qui, lui, convainc moins. Son rôle est plus ingrat, son orgueil plus ridicule, son ingratitude plus antipathique.

Pendant près de deux heures filmées dans un noir et blanc soyeux, jusqu’à un ultime plan d’une sublime beauté, rien ne nous fera échapper à ce face-à-face étouffant. Sans doute pourrait-on lui reprocher un rythme un peu répétitif : 1. une engueulade 2. une réconciliation 3. un morceau de jazz. Mais ce serait lui faire un méchant procès car on, ne s’ennuie pas une seconde en compagnie de Malcolm et Marie.

En donnant à un réalisateur noir le rôle principal, Malcolm & Marie nous parle de cinéma, de la façon dont il se construit, de la part des expériences personnelles dans l’écriture d’une fiction, de l’assignation à laquelle un réalisateur afro-américain est souvent condamnée. Mais l’essentiel de son propos n’est pas là. Malcom & Marie est avant tout un film sur le couple, comment il se construit, sur quel pacte, tacite ou explicite, il dure, la part de concessions qu’il suppose, le dialogue et l’écoute auxquels il oblige et surtout peut-être la douce félicité qu’il apporte.

La bande-annonce

Un moment d’égarement ★☆☆☆

Amis de toujours, divorcé pour le premier ou sur le point de l’être pour le second, Antoine (Vincent Cassel) et Laurent (François Cluzet) passent leurs vacances en Corse. Leurs filles les accompagnent : Marie (Alice Isaaz), dix-huit ans, et Louna (Lola Le Lann), dix-sept. Tandis que Marie prend du bon temps sur la plage, Louna, plus romantique, se met en tête de séduire le père de son amie.

Un moment d’égarement est lesté d’une longue série de défauts. Son premier est d’être le remake pas vraiment nécessaire d’un film de Claude Berri sorti en 1977 avec Victor Lanoux et Jean-Pierre Marielle dans le rôle des pères, Agnès Soral et Christine Dejoux dans celui des filles. La comédie bourgeoise un peu lourde, vaguement égrillarde, façon Un éléphant, ça trompe… est passée de mode. Ses ressorts ne font plus rire ; le machisme qui la sous-tend met mal à l’aise. On se demande ce qu’est allé faire dans cette entreprise Jean-François Richet, le cinéaste des banlieues qui craquent, le réalisateur de Mesrine (avec Vincent Cassel déjà)

Un autre défaut est l’interprétation désastreuse de François Cluzet, qui s’enferre dans le rôle stéréotypé du vieux râleur, obsédé par la virginité de sa fille, prêt à tout pour défendre son honneur, et celle qui ne l’est pas moins de Lola Le Lann (dont la carrière n’a d’ailleurs pas décollé alors que celle de Alice Isaaz, ici dans un rôle moins valorisant, continue son cours prometteur). Un dernier défaut : Un moment d’égarement est une comédie estivale tournée dans une Corse de carte postale qui tire le film vers le clip pour office de tourisme.

Pour autant, si l’on fait le – gros – effort de passer par-dessus ces défauts, il faut reconnaître à ce film, produit par le propre fils de Claude Berri, une qualité. Il rend assez bien, au risque parfois de les caricaturer, les affres du désir. Désir de la jeune Louna, aussi brouillon qu’entier, aussi sentimental que sensuel, pour Antoine, si beau, si mature. Désir teinté de culpabilité d’Antoine, en pleine crise de la quarantaine, pour Louna, belle comme le diable, fraîche comme le jour. C’est cette veine là qui aurait dû être exploitée. Il aurait fallu tourner le dos aux ressorts usés de la comédie vieillotte de 1977 de Berri père, aux quiproquos, à l’affrontement des deux mâles. C’eût été un crime de lèse-majesté pour son fils.

La bande-annonce

Le Feu follet (1963) ★★☆☆

Alain Leroy (Maurice Ronet)  vient de passer une nuit avec sa maîtresse. Il est séparé de sa femme Dorothy qui vit aux États-Unis. Alcoolique repenti, il achève une cure de désintoxication dans une clinique versaillaise. Agité de pensées suicidaires, il va passer une dernière journée à Paris. Les rencontres qu’il va y faire – un ami passionné d’égyptologie, marié et père de famille, deux camarades de régiment pervertis par l’OAS, une ancienne maîtresse (Jeanne Moreau à laquelle Louis Malle venait de donner le rôle principal d’Ascenseur pour l’échafaud) – ne parviennent pas à le détourner de son macabre projet.

Le film de Louis Malle, sorti en 1963, est l’adaptation du roman de Pierre Drieu la Rochelle écrit trente ans plus tôt. Il lui est très fidèle même s’il transpose son action dans le Paris des années soixante, dont on revoit avec nostalgie les rues incroyablement embouteillées de l’époque, et s’il évoque la guerre d’Algérie et ses répliques dans la société française.

Il ne quitte pas d’une semelle Maurice Ronet, qui habite le rôle de ce trentenaire désabusé, rongé par ses démons intérieurs. Trop tôt disparu en 1983, l’acteur allait connaître son heure de gloire dans les années soixante. À l’époque sa renommée égalait celle d’un Belmondo ou d’un Delon, avec lequel il partagea d’ailleurs l’affiche de Plein soleil ou de La Piscine.

J’avais lu Le Feu follet il y a quelques années. J’en étais curieux d’en voir l’adaptation. Le film comme le livre ont fait sur moi la même impression. J’ai trouvé qu’ils souffraient l’un comme l’autre d’un défaut de construction et d’un manque de rythme, les rencontres qu’Alain Leroy fait à Paris durant sa déambulation s’accumulant sans ordre ni logique. Mais j’ai été surtout mortellement déprimé par ce sujet plombant qui m’a laissé hagard et atone.

Si vous hésitez encore à vous suicider, cher lecteur, courrez voir Le Feu follet et n’oubliez pas la corde pour vous pendre !

La bande-annonce

Plein sud (2009) ★☆☆☆

Au volant d’une Ford hors d’âge, Sam (Yannick Rénier) a pris la route du Sud et la direction de l’Espagne pour y retrouver sa mère (Nicole Garcia) et solder avec elle un lourd passif familial. Il a pris en stop Léa (Léa Seydoux) et son frère Mathieu. Un quatrième passager, Jérémie, se joint bientôt à eux.

Sébastien Lifshitz est un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération. Très investi dans la cause LGBT, il a réalisé ces dix dernières années, quatre documentaires marquants : Les Invisibles (2012) sur les couples homosexuels menant une vie ultra-normale, loin des caricatures qu’on en fait trop souvent, Bambi (2013) sur la vie d’une célèbre artiste transgenre de cabaret, Adolescentes (2019) sur deux jeunes filles de province qui cherchent leur voie et enfin Petite fille (2020) sur le combat d’une mère dont le fils souhaite changer de genre.

Mais avant de se fixer définitivement sur le documentaire, Sébastien Lifshitz s’était frotté à la fiction. Il avait tourné Wild Side en 2004 autour d’un trio de marginaux prostitués et transgenres. Cinq ans plus tard, il réalisait Plein sud, avec un scénario plus mainstream et des acteurs plus bankables : Léa Seydoux, icône de l’hyperféminité, Nicole Garcia toujours magnétique, Yannick Rénier dont le talent de son demi-frère, Jérémie, a hélas occulté la carrière.

Malheureusement la sauce ne prend pas. Les combinaisons amoureuses du quatuor (Mathieu aime Sam, Léa couche avec Jérémie) se déploient dans le huis clos de la voiture puis sur les plages atlantiques battues par le vent sans qu’on s’y intéresse ni s’en émeuve.
Plus intéressant serait le trauma familial de Sam qui se révèle par une série de flashbacks et dont la résolution constitue le point d’orgue du film. Mais, son manque de lien avec le road movie des quatre jeunes donne la fâcheuse impression d’un scénario mal ficelé à partir de deux sujets sans lien entre eux.

La bande-annonce

Captive ★★★☆

Au milieu du dix-neuvième siècle, au Canada, dans la province de l’Ontario, Grace Marks et James McDermott furent accusés du double meurtre de leur employeur, Thomas Kinnear, et de sa gouvernante, Nancy Montgomery. Si McDermott fut pendu, la peine de Grace Marks fut commuée en prison à vie. Quelques années après son procès, un jeune psychiatre obtient le droit de l’interroger. Captive raconte leur face-à-face.

Diffusé sur Netflix en 2017, Captive est une mini-série en six épisodes adaptée du roman Alias Grace de Margaret Atwood publié en 1996, Sans doute ce livre n’a-t-il pas la même renommée que La Servante écarlate, qui valut à la romancière canadienne une célébrité mondiale. Sans doute cette série n’a-t-elle pas le même prestige que celle qui vient d’être tirée de sa glaçante dystopie. Sans doute enfin la jeune Sarah Gadon – qui a pourtant joué dans plusieurs films de David Cronenberg – n’est elle pas aussi connue qu’Elisabeth Moss.

Pour autant, Captive est une œuvre exceptionnelle qui séduira non seulement les inconditionnels, déjà nombreux, de La Servante écarlate, mais aussi tous ceux, s’il en existe encore, qui n’ont jamais rien lu ni vu de Margaret Atwood. La soigneuse adaptation qu’en signe Mary Harron lui rend honneur

Alias Grace n’a, à première vue, rien de commun avec The Handmaid’s Tale. Il ne s’agit pas d’une dystopie mais d’un roman historique dont l’action se déroule dans le Canada du milieu du dix-neuvième siècle. Mais les deux romans sont traversés par le même féminisme brûlant qui caractérise toute l’œuvre de Margaret Atwood. Si The Handmaid’s Tale évoque, dans un futur cauchemardesque mais hélas crédible, la possibilité de l’asservissement de la femme, Alias Grace documente l’asservissement bien réel qui caractérisa sa condition il y a moins de deux siècles.

Grace est la victime des hommes. Elle est la victime de son père alcoolique, joueur, voire incestueux, qui lui fait traverser l’Atlantique, avec sa mère, ses frères et ses sœurs, avant de la placer comme domestique dans une maison. Elle est la victime de George Parkinson, le fils de ses premiers employeurs, qui cause la mort de Mary Whitney, sa meilleure amie, avant de provoquer son renvoi. Elle est enfin la victime de James McDermott, le garçon de ferme de Thomas Kinnear, qui l’entraîne dans ses délires criminels.

Sera-t-elle sauvée par le docteur Jordan qui veut tester sur elle les premières ébauches d’une psychiatrie freudienne avant l’heure ? Tel est l’enjeu du roman qui alterne les rencontres entre les deux protagonistes et les longs flashbacks. La série suit la même structure avec la même efficacité.

Captive est construit autour d’un mystère : Grace est-elle une innocente jeune femme qui, traumatisée par tous les drames qu’elle a vécus depuis son enfance, ne saurait être tenue pour responsable des crimes qu’elle a commis ? Ou est-elle au contraire, une dangereuse criminelle qui a tué de sang froid ? L’immense qualité du livre – et de la série – est de laisser planer le doute jusqu’au bout, laissant en suspens la question de la duplicité et donc de l’identité profonde de Grace. Le paradoxe de sa construction est d’entourer Grace de personnes bienveillantes : son psychiatre, le Dr Jordan, dont l’attirance pour la jeune femme le prive de sa lucidité, le pasteur de la société de tempérance qui œuvre pour son amnistie (interprété par David Cronenberg himself). Paradoxalement, c’est Grace elle-même qui semble la moins désireuse d’être blanchie. Et c’est avec un plaisir sournois qu’elle humilie le Dr Jordan et discrédite son protocole – faisant écho à la défiance de certaines branches du féminisme contemporain pour la méthode freudienne.

La vie de Grace est un patchwork (Marie Delord, “A Textual Quilt: Margaret Atwood’s Alias Grace” in Études Canadiennes / Canadian Studies, n° 46, 1999, pp. 111-121). Chacun des quinze chapitres qui compose le livre a pour titre un motif de courtepointe. La série ne pousse pas la fidélité jusqu’à leur emprunter les titres de ses épisodes. Mais elle prend soin de commencer par des images de ces superbes broderies et s’achève avec celle que Grace réalise au crépuscule de sa vie, enfin réconciliée avec elle-même.

La bande-annonce

La Cabane dans les bois (2011) ☆☆☆☆

Dana, Curt, Jules, Marty et Holden sont cinq jeunes étudiants américains insouciants qui partent passer un week-end dans un chalet au fond des bois. Ils ignorent qu’ils sont l’objet d’une minutieuse surveillance d’une mystérieuse organisation qui a truffé le chalet de caméras cachées et qui s’apprête à déchaîner contre eux les forces de l’enfer.

Le slasher est un genre essoré. On a trop souvent vu des jeunes se perdre dans les bois où, en T-shirt mouillés pour les filles, couverts de sangs pour les garçons, ils sont l’un après l’autre cruellement éviscérés par des loups-garous/ des zombies / des sorcières, pour ne pas attendre un dépassement du genre. Ce renouvellement est longtemps passé par le rire : Scream, Shaun of the dead, Bienvenue à Zombieland

La Cabane dans les bois s’inscrit dans cette veine. Il s’agit d’une parodie des films gore qui se voudrait non seulement drôle mais aussi intelligente, un croisement improbable entre The Truman Show (voire Westworld qui à l’époque n’était pas encore sorti) et Scary Movie. Josh Whedon, le créateur de Buffy contre les vampires en est le producteur et le co-scénariste. Je ne l’avais pas vu à sa sortie début 2012 ; mais ses bonnes critiques, son succès public et les loisirs que laisse (hélas) le couvre-feu m’ont incité à une séance de rattrapage.

Las ! Je n’ai rien aimé dans ce film. Je n’y ai trouvé rien de drôle (alors que Shaun of the Dead par exemple m’avait fait rire aux larmes). Rien d’intelligent non plus. Très vite, tuant tout suspens, on comprend l’intrigue qui se déploie mollement jusqu’à une conclusion inutilement grandiloquente – et l’apparition en guest star de Sigourney Weaver qui, la pauvre, doit avoir des impôts à payer. Deux consolations pour les cochon.nes qui sommeillent en chacun.e d’entre nous : et les pectoraux bodybuildés de Jesse Williams à 18′ et le chemisier de l’héroïne qu’elle a le bon goût d’ôter à 41′.

La bande-annonce

Motherland ★☆☆☆

1992. Kovas a douze ans. Sa mère Viktorija a fui l’URSS vingt ans plus tôt pour les États-Unis sans espoir de retour. L’indépendance récemment acquise lui permet de faire un voyage en Lituanie et d’y retrouver sa famille. Viktorija rêve de remettre la main sur le grand domaine dont sa famille avait été expropriée. Mais pour faire reconnaître ses droits, il lui faut démarcher une administration corrompue et se débarrasser des occupants sans titre qui se sont installés sur son terrain.

Un joli titre. Gimtine en lituanien signifie patrie, pays d’origine. Les distributeurs internationaux du film ont eu la riche idée de le traduire par Motherland, un néologisme forgé à partir de « fatherland », qu’on pourrait traduire par « la patrie de la mère » voire la « matrie » ce que Arte qui le diffuse n’a pas eu l’audace de faire.

C’est en effet dans le pays de sa mère que revient Kovas. Ou plutôt qu’il y vient car tout porte à croire qu’il n’y a jamais mis les pieds depuis sa naissance, bien que sa mère l’ait élevé dans sa langue. Pour ce petit Américain, qui est né et a grandi à Boston, tout est étrange et déconcertant dans ce « pays natal » filmé à travers ses yeux.

Ce presque-« retour au pays natal » aurait pu donner lieu à de stimulantes réflexions sur le post-soviétisme ou l’indépendance fraîchement acquise de la Lituanie. Mais ce n’est pas ce terrain qui intéresse Tomas Vengris qui, comme Kovas a grandi aux États-Unis de parents lituaniens. Il préfère la piste du roman d’apprentissage comme on en a hélas déjà vu treize à la douzaine, s’attardant, sans qu’ils présentent grand intérêt, sur les premiers émois adolescents du jeune homme, notamment en compagnie de Marija qui l’initie à la conduite automobile.

Sauf à nourrir pour les pays baltes et pour leur timide cinématographie un intérêt suspect, Motherland ne présente guère d’intérêt.

La bande-annonce