La Mort de Staline ★★★☆

Le soir du 28 février 1953, après de copieuses libations en compagnie de Malenkov, Béria, Khrouchtchev et Molotov, Joseph Staline, le tout puissant secrétaire général de l’Union soviétique, est victime d’une attaque cérébrale. Son corps, trempé d’urine, est découvert au matin par sa gouvernante. Sa garde rapprochée accourt. Personne n’ose toucher le corps de peur de commettre un acte fatal qui lui serait immédiatement reproché. Les meilleurs docteurs, dont Staline redoutait qu’ils attentent à sa vie, ont été déportés au goulag.
C’est seulement une semaine plus tard, après plusieurs réveils, que Staline est déclaré mort, au petit matin du 5 mars.
Pendant ce temps, ses proches se déchirent sa succession. Malenkov, le secrétaire général adjoint est censé l’assumer. Mais Beria, le chef de la police politique, l’âme damnée du Père des peuples, chargé de prononcer son éloge funèbre le 9 mars sur la Place rouge, se verrait bien le remplacer. Molotov entend, lui, rester fidèle à la figure de Staline. Khrouchtchev, avec l’aide du maréchal Joukov, réussira à coaliser l’opposition à Beria.

L’histoire est tragique. Le réalisateur britannique (comme son nom ne l’indique pas) Armando Iannucci choisit de la raconter sur un mode comique en adaptant la bande dessinée en deux tomes des français Fabien Nury et Thierry Robin. La Mort de Staline est une immense farce politique qui colle à la réalité des faits, tels que je viens de les présenter, pour ne s’en éloigner que lorsque les nécessités de l’intrigue l’exigent – ainsi de l’exécution de Beria qui, en fait, eut lieu trois mois plus tard.

La Mort de Staline réussit à rester sur la corde raide du drame et de la comédie. Il montre sans les euphémiser les exécutions arbitraires pratiquées dans les caves de la Loubianka et décrit l’atmosphère paranoïaque qui prévalait dans l’entourage de Staline où le moindre mot de travers pouvait valoir à son auteur la déportation sinon la mort. Mais cette violence absurde est décrite sur le mode loufoque de la comédie la plus triviale : Malenkov est un sot, Khrouchtchev un bouffon, Molotov un pleutre, Béria un traitre de comédie. La palme revient à Joukov, qui fait son apparition dans la seconde moitié du film, costumé comme un empereur romain, le torse couvert de médailles.

Qu’il ait été censuré en Russie, où l’on ne plaisante pas avec la réputation des hôtes du Kremlin, montre amplement que La Mort de Staline a touché juste.

La bande-annonce

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