Sophie (Sara Forestier) a vingt-huit ans, une amie-pour-la-vie (Laetitia Dosch) et pas mal de soucis. Elle a un solide coup de crayon mais n’a pas fait les Beaux-Arts. Faute de mieux, elle cumule un boulot de serveuse dans un restaurant et d’attachée de presse dans une petite maison d’édition dirigée par un patron tyrannique (Grégoire Colin). Sa vie amoureuse n’est guère plus flamboyante. Elle enchaîne coups de foudre et ruptures.
L’affiche de Playlist est prometteuse. Elle nous annonce « la comédie pour retourner au cinéma, danser dans les bars, retomber amoureux, dîner entre amis, revoir sa famille, donner des coups de boule ».
Sa bande-annonce ne l’est pas moins qui nous introduit à Sophie, ses amis, ses amours, ses emmerdes (Aznavour ! sors de ce corps !).
On escompte une sympathique comédie sentimentale, pas le film de l’année, mais un bon moment avec deux des actrices les plus touchantes de leur génération.
Hélas ! On est vite déçu. Nine Antico, elle-même bédéiste, a mis beaucoup d’elle-même dans le personnage de Suzanne ; mais cela ne suffit pas à donner de l’épaisseur aux cartons successifs, filmés à la va comme je te pousse, qui racontent sa vie parisienne. Les actrices y sont excellentes – Sara Forestier, au premier chef, qui est de chaque plan, mais aussi Laetitia Dosch dont le talent avait explosé en 2016 dans Jeune femme et dont on espère qu’elle transformera très vite l’essai – mais elles ont peut-être passé l’âge d’interpréter des rôles d’adulescentes [je tremble d’être taxé d’âgisme ou de sexisme pour ce bémol]. La BOF est omniprésente, au risque parfois de prendre le pas sur l’image. Quant au noir et blanc satiné, qui louche éhontément du côté de la Nouvelle Vague, on peine à voir la valeur ajoutée qu’il apporte.
On ne rit jamais – sinon à une réplique qu’on avait déjà entendue dix fois dans la bande-annonce – on ne sourit guère ; on n’est pas vraiment touché ; on s’ennuie ferme.