Qe, Jeta et Li sont trois amies d’enfance qui chassent ensemble l’ennui qui écrase leur petit village du Kosovo. L’une, orpheline, ne réussit pas à faire le deuil de ses parents ; l’autre est violentée par un père abusif ; la troisième refuse le destin tout tracé que sa mère, propriétaire d’un salon de coiffure, entend lui imposer.
La Colline où rugissent les lionnes, c’est d’abord un joli titre. C’est ensuite un projet sympathique tourné par la jeune actrice franco-kosovare Luàna Bajrami qui, au lieu de flamber ses cachets gagnés sur le tournage de Portrait de la jeune fille en feu, L’Evénément ou Les 2 Alfred, les a investis dans son premier film réalisé dans son pays natal. C’est enfin un sujet inspirant : l’amitié sororale de trois amies qui, lorsque les portes de l’Université se ferment devant elles, décident de se transformer en gang de braqueuses. Après quelques cambriolages et une échappée belle dans un hôtel de luxe payé avec leur butin, le destin les rattrapera.
Le problème de cette Colline est que son thème archi-rebattu a déjà été mille fois visité, souvent avec plus de talent : je pense à l’excellent Foxfire (2012) de l’excellent Laurent Cantet adapté d’un roman de la non moins excellente Joyce Carol Oates.
Son autre problème, le plus grave sans doute, est l’absence de maîtrise de son scénario, qui fait du surplace dans sa première demi-heure, semble ensuite s’engager dans une voie qui n’est pas exploitée (l’irruption d’une quatrième amie, venue de France interprétée par Luàna Bajrami elle-même dans un rôle qu’on imagine très autobiographique), puis trouve enfin son sens après près d’une heure (quand les trois héroïnes se lancent dans une série de braquages) avant de se terminer en épingle à cheveux avec un plan glaçant qu’on peine à comprendre. Beaucoup sera pardonné à un premier film tourné par une réalisatrice âgée de vingt ans à peine ; mais, il ne faut pas pousser Papy dans les orties non plus.