Pour les sortir de la mouise, Leila incite ses quatre frères à réunir leurs économies pour acheter une boutique dans le centre commercial ultra-moderne où elle travaille. Mais leur maigre épargne n’y suffisant pas, ils doivent solliciter l’appui de leur père qui le leur refuse : il préfère en effet consacrer les quarante pièces d’or qu’il a patiemment épargnées toute sa vie durant pour devenir le parrain du clan Jourablou. Des cousins guère scrupuleux lui ont laissé miroiter cette position qui flatte son amour-propre au risque de le ruiner.
Un an après La Loi de Téhéran qui avait fait sensation, Saeed Roustaee revient sur les écrans. Son troisième film (après Life and Day tourné en 2016 mais inédit en France) souffre de la comparaison avec son précédent qui le surpasse. On ne retrouve pas dans Leila… les mêmes qualités que dans La Loi de Téhéran qui nous plongeait vertigineusement dans les bas-fonds interlopes de la capitale iranienne.
Leila et ses frères nous raconte l’histoire d’une famille iranienne qu’on imagine moyenne. Deux parents désormais retraités ; cinq enfants entre trente et cinquante ans aux vies cabossées. Alireza vient de se faire licencier d’une entreprise en faillite frauduleuse. Parviz suffoque sous ses kilos excédentaires et les cinq enfants en bas âge que son épouse lui a donnés. Farhad conduit un taxi. Manouchehr mouille dans des trafics louches. La seule à s’être stabilisée et à jouir d’un emploi fixe est Leila, la sœur cadette. Le manque d’argent oblige Alireza, Farhad et Leila à se serrer sous le toit de leurs parents, en attendant des jours meilleurs.
Leila et ses frères raconte comment cette espérance va tenter de se concrétiser grâce au plan de Leila. Sa réalisation suppose de trancher quelques conflits familiaux et, en premier lieu, de venir à bout de l’égoïsme forcené de Heshmat, patriarche presque gâteux qui n’a jamais su donner à ses enfants l’amour et l’éducation qu’ils réclamaient. Elle doit aussi s’accommoder de quelques coups du sort.
En regardant Leila et ses frères (dont le rôle titre est interprété par une actrice qui avait souvent tourné avec lui), on pense au cinéma de Ashgar Farhadi, à ses drames familiaux poignants qui laissent ses héros brisés. Ici, la recette est un peu indigeste. Le film dure en effet près de trois heures. C’est sans doute nécessaire au déploiement d’une intrigue qui connaît de multiples rebondissements. Mais c’est beaucoup pour le spectateur qui ressort groggy de cette épreuve où chaque scène est un match de boxe où des combattants acharnés se disputent en hurlant.