Le grand reporter Gianfranco Rosi a bourlingué sur toute la planète. À partir des archives pontificales, il a monté ce documentaire consacré aux innombrables voyages effectués par le pape François depuis 2013.
Au risque d’être répétitives, on y voit les mêmes images : le pape juché sur sa papamobile bénissant la foule nombreuse qui l’ovationne, le pape au pupitre lisant son discours dans toutes les langues qu’il maîtrise (il parle couramment l’espagnol et l’italien et, avec plus d’hésitation, l’anglais et le français), souvent plus convaincant dans les digressions qu’il s’autorise à partir de son texte, que dans sa lecture, le pape dans « Sheperd One » (l’équivalent d’Air Force One) répondant aux questions des journalistes.
Ces images sont l’occasion d’un formidable tour du monde géopolitique dans les pays les plus improbables : à Lampedusa où l’odyssée des réfugiés se fracasse sur la « mondialisation de l’indifférence », au Chili où les propos du pape sur les « preuves » des abus sexuels commis par l’évêque Barros suscitent un tollé et l’obligent à faire son mea culpa), au Kenya, au Japon, aux Émirats arabes unis, aux Philippines, en Israël au pied du mur des lamentations et en Palestine devant le mur érigé par Israël, en Arménie où sa dénonciation du « génocide » commis par les Turcs provoque l’ire de Ankara, à Cuba où une rencontre historique est organisée avec le patriarche Kirill, à la Maison-Blanche, au Canada où il présente ses excuses pour les abus commis sur les jeunes autochtones enfermés dans des pensionnats catholiques et parfois abusés, etc.
Partout, inlassablement, le Souverain pontife s’adresse aux plus faibles : aux réfugiés loin de leur pays, aux prisonniers privés de liberté, aux plus pauvres dans leurs bidonvilles…Quelques grands thèmes reviennent fréquemment : la dénonciation du commerce mortifère des armes, l’irréfragable respect de la dignité humaine, le droit de rêver et d’espérer….
Comme dans Le Pape François – Un homme de parole que Wim Wenders lui avait consacré il y a quelques années, la figure de François est exaltée par ce panégyrique qu’on croirait tout droit sorti du Centro Televiso de Vaticano. Aucune distance critique n’est établie. On a parfois la désagréable impression de participer à une soirée diapositives avec un grand-oncle qui nous raconte ses voyages. Certes les voyages sont exotiques et le grand-oncle est un sacré bonhomme…. mais ça ressemble quand même furieusement à une soirée diapos !