Agent du NKVD, la police politique stalinienne, qui pratique couramment la torture sur les opposants du régime, le capitaine Volkonogov (Yuriy Borrsov déjà vu dans La Fièvre de Petrov et Compartiment n° 6) sent le vent tourner lorsque son collègue, le major Gvozdev, se suicide devant lui. Il a l’intuition d’être la prochaine victime des purges qui font rage à Leningrad depuis quelques mois en 1938. Son ami Veretennikov n’a pas sa prescience et se fait tuer immédiatement. Le spectre de Veretennikov apparaît à Volkonogov et lui lance un avertissement : s’il ne veut pas aller en enfer, il doit retrouver les familles de ses victimes et obtenir leur pardon.
Son affiche et sa bande-annonce le laissaient augurer : Le Capitaine Volkonogov… emprunte à une esthétique surprenante, rétro-futuriste, pour décrire la Leningrad des années Trente filmée comme on filmerait Saint-Petersbourg aujourd’hui. Aucun objet n’y est anachronique ; mais les personnages, leurs attitudes, leur langage y sont étonnamment contemporains.
Ce parti pris est à la fois déroutant et excitant. Mais il fait long feu.
Et le problème de ce Capitaine est que le scénario qu’il déroule, une fois ses enjeux posés, ne présente pas grand intérêt : on sait par avance qu’on va assister à une longue course poursuite entre un fugitif aussi résistant que futé et des poursuivants coriaces. On sait par avance que ce jeu de cache-cache sera ponctué par les rencontres que Volkonogov fera avec les proches des victimes qu’il a torturées et qui lui refuseront les uns après les autres le pardon qu’il leur demande – si l’une d’entre eux le lui accordait, le film se terminerait illico. Quand approche la fin du film, on devine que la prochaine rencontre sera différente. Et après l’avoir découverte sans surprise, on se dit qu’il est temps que le film se conclue comme on savait depuis le début qu’il se conclurait.