La petite trentaine, Ramón (Nahuel Perez Biscayart) et Céline (Noémie Merlant) s’aiment d’un amour pur et vivent ensemble depuis quelque temps. Le soir du 13 novembre 2015, ils étaient au Bataclan. leur vie en a été bouleversée à tout jamais.
Un an, une nuit a un défaut majeur qui le condamne à l’invisibilité. Ce film espagnol, adapté du roman autobiographique – et inédit en France – d’un survivant du Bataclan, Paz, amor y death metal de Ramón González vient après Amanda, Revoir Paris, Novembre et Vous n’aurez pas ma haine. Il nous fait craindre une overdose autour du V13.
Pour autant, ce seul motif ne suffit pas à le disqualifier.
J’en ai lu beaucoup de critiques sévères. je les trouve injustes.
Elles ne soulignent pas assez l’immense qualité du jeu de ces deux acteurs, qui comptent à bon droit parmi les meilleurs du moment. J’ai déjà dit l’état liquide dans lequel me mettait la voix de Noémie Merlant. je devrais aussi, pour faire bonne mesure et m’éviter tout procès en sexisme, confesser l’effet causé par les yeux bleus de Nahuel Perez Biscayart.
L’un et l’autre incarnent les deux façons de réagir à un choc traumatique : en le taisant ou en en parlant.
Elles n’évoquent pas l’intelligence d’un montage qui, au lieu de platement se borner à raconter par le menu la funeste nuit du 13 novembre avant, dans une seconde partie, d’en tirer les conséquences, prend le parti assez audacieux d’en mêler les films avec un montage presque stroboscopique. Brutalement, dans la vie de tous les jours de l’Après, une image, un son ramènent brutalement à la fusillade, comme un choc électrique.
Elles ne disent rien – et je prendrai garde de ne pas en dire trop non plus – sur le doute qui bientôt s’insinue dans le récit et qui nous fait sortir de la salle plein d’interrogations sur le sens à donner à ce récit. Question sans réponse et qui, à rebours du cartésianisme qui commande souvent le spectateur, gagne à rester irrésolue.
J’ai trouvé ce film tranchant et bouleversant … ne pas passer à côté !