Omar Zerrouki dit « la fraise » (Reda Kateb) est un malfrat franco-algérien. Condamné en France à vingt ans de prison par contumace, il n’a d’autre solution que de s’installer en Algérie sans espoir de retour. Son inséparable ami d’enfance, Roger Lhermitte (Benoît Magimel), l’accompagne dans son exil doré.
Omar la fraise est un film éminemment sympathique qui met en scène deux des plus talentueux acteurs du moment : Benoît Magimel, enfant de la balle (Chatiliez le révèle à treize ans dans La vie est un long fleuve tranquille), qui faillit se brûler les ailes au feu de la célébrité avant de connaître sur le tard une étonnante rédemption (il vient d’obtenir en 2022 et 2023 deux Césars consécutifs pour De son vivant et Pacifiction) et Reda Kateb qui provoque chez mes amies cinéphiles une incompréhensible pâmoison malgré son menton en galoche, son œil borgne et ses dents en pointe.
On imagine volontiers le plaisir que ces deux potes ont pris, amis à la ville et amis à l’écran, en tournant ce film et en passant ensemble quatre semaines de vacances tous frais payés sous le soleil d’Alger.
Ce plaisir est communicatif ; mais c’est le seul atout d’un film qui n’en compte pas d’autres. Car, tout faraud d’avoir recruté ces deux pointures et de les faire tourner ensemble, son réalisateur, le novice Elias Belkeddar, a oublié l’essentiel : un scénario. L’idylle qu’il imagine entre Omar et une jolie Algérienne (Meriem Amiar), employée dans l’usine qu’il rachète pour blanchir son argent tourne vite court.
La promotion de Omar la fraise laissait miroiter un Tarantino à l’algérienne. C’est peut-être sur cette promesse là que le film a obtenu son ticket pour Cannes où il a été projeté hors compétition. La promesse fait long feu. Passée sa première scène, Omar la fraise troque les délicieuses parodies tarantinesques pour une exaltation sans saveur de l’amitié indéfectible qui unit deux arsouilles sur fond de coucher de soleil sur la Méditerranée. Du couscous sans harissa.
Ce film nous offre au moins le privilège de voir Benoit Magimel rapper, et ce n’est pas rien.