Georgie (Lola Campbell), douze ans à peine, vient de perdre d’une longue maladie sa mère qui l’élevait seule. La gamine s’est inventé un oncle pour tromper la vigilance des services sociaux. Elle réussit parfaitement à se gérer seule avec l’argent qu’elle gagne en trafiquant des vélos volés. Mais un jour son père biologique(Harris Dickinson remarqué dans Sans filtre), adulescent immature qui vivait jusqu’alors de petits boulots à Ibiza, débarque chez elle et s’y installe au grand dam de Georgie.
Scrapper est le premier film de Charlotte Regan. Molly Manning Walker, qui vient de réaliser How to Have Sex, dont j’ai dit ici tout le bien que j’en pensais, la secondait sur le plateau. Grand prix du jury au festival de Sundance 2023 dans la catégorie des films étrangers, remarqué au festival de Dinard l’automne dernier, Scrapper porte haut les couleurs d’un jeune cinéma britannique en plein renouveau.
C’est un film mignon aux airs de déjà-vu.
Déjà vues les comédies dramatiques tournées dans ces banlieues de l’Angleterre post-thatchérienne si souvent filmées par Stephen Frears ou Ken Loach où le ciel, bas et lourd, pèse comme un couvercle.
Déjà vus les gadgets visuels à la Trainspotting censés donner un coup de fouet à un scénario un peu mollasson.
Déjà vus des gamins débrouillards capables, sans leurs parents, de s’assumer seuls, voire, renversant l’ordre naturel, assumant eux-mêmes la direction de foyers aux parents dysfonctionnels
Déjà vus enfin, comme dans le récent Aftersun, qui avait enthousiasmé la critique, ces duos père-fille voués évidemment à se réconcilier en dépit des obstacles.
Malgré tous ces défauts, malgré son scénario cousu de fil blanc, Scrapper – la bagarreuse en anglais – n’en reste pas moins un feel good movie attachant doublé d’une réflexion touchante sur le deuil.