Mambar Pierrette élève seule ses deux garçons à Douala au Cameroun. Sa vieille mère malade lui est à charge. Elle exerce ses talents de couturière dans une petite échoppe où défilent ses clients. Mais le sort s’acharne sur elle.
Camerounaise bamiléké, installée depuis 2012 en Belgique, Rosine Mbakam a déjà plusieurs longs métrages à son actif, où elle a documenté la difficulté d’être immigrée et camerounaise en Europe : Les Deux Visages d’une femme bamiléké (2016), Chez Jolie Coiffure (2018), Les Prières de Delphine (2021). Pour filmer Mambar Pierrette, elle est retournée à Douala.
Mambar Pierrette se présente comme une oeuvre de fiction ; mais elle tire du côté du documentaire. Son héroïne est de tous les plans. Elle oppose son visage impassible aux coups du sort répétés qui s’abattent sur elle : sa vieille machine à coudre tombe en panne, des voyous la délestent de ses économies, des pluies diluviennes inondent sa maison et son atelier… Pour payer ses traites, elle n’a d’autre alternative que de solliciter la générosité de ses amis et de vider la tirelire de son cadet.
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l’an dernier, Mambar Pierrette est un film qui pâtit d’une mauvaise direction d’acteurs. Le jeu de son héroïne en particulier est dangereusement inexpressif. Son scénario repose sur l’alternance trop mécanique des visites des clientes qui rythment la vie de la couturière et des catastrophes qui s’abattent sur elle. Leur accumulation aurait pu, sans que l’histoire n’en soit modifiée, durer une demi-heure de plus ou de moins. Autre défaut : la frustration de ne rien voir de Douala ou du Cameroun, Rosine Mbakam préférant les scènes d’intérieur et les plans serrés.