Ma vie ma gueule ☆☆☆☆

Barberie Bichette (Agnès Jaoui), la cinquantaine bien (ou plutôt mal) entamée. Elle est poète, mais gâche son talent dans une agence de communication. Elle a connu de grandes histoires d’amour mais vit désormais séparée. Elle a eu deux enfants, Rose et Junior, mais ils ont quitté le nid et l’ont laissée seule.

Ma vie ma gueule est l’ultime film de Sophie Fillières qui est morte l’été dernier avant d’en achever le montage. Ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer, s’en sont chargés pour elle. Aussi revêt-il une dimension testamentaire qui en complique l’évaluation. D’ailleurs les critiques qu’on en lit sont souvent autant d’éloges funèbres à sa réalisatrice et à son œuvre. Et s’il a été projeté à Cannes en mai dernier, c’est surtout pour rendre à sa réalisatrice un dernier hommage.

Diplômée en 1990 de la toute première promotion de la Fémis, Sophie Fillières utilise l’humour comme antidote à la dépression qui menace (Aïe, Gentille, Arrête ou je continue, La Belle et la Belle). Elle porte sur sa vie et sur celle de ses contemporains un regard désabusé et tendre.

Agnès Jaoui était le choix de casting parfait pour son dernier film, obsédé par la mort qui vient. L’actrice est immense, adulée à bon droit ; mais, avec d’autres de sa génération, Karin Viard ou Emmanuelle Devos par exemple, l’huppertisation la menace, le risque de s’enfermer dans les mêmes rôles répétitifs et interchangeables. Au risque de l’huppertisation s’ajoute pour Agnès Jaoui celui de la bacrisation : s’enfermer dans le même rôle de scrogneugneu cynique et dépressive.

Autre défaut qui caractérisait déjà les précédents films de Sophie Fillières : autant elle excelle à camper des personnages, à les rendre vivants, authentiques, à faire naître chez le spectateur une empathie avec eux, autant elle peine à les mettre en scène, à les faire évoluer dans une histoire. Si bien que passée la première moitié du film qui les introduit, la seconde semble interminable. C’est le cas ici lorsque Barbie – le surnom donné à l’héroïne qu’elle déteste – prend la poudre d’escampette de l’autre côté de la Manche, en Angleterre puis en Ecosse.

On aurait aimé rendre un hommage plus touchant à Sophie Fillières ; mais les longueurs de son dernier film y font obstacle.

La bande-annonce

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