Le pape meurt brutalement. Doyen du collège, le cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) est chargé de l’organisation du conclave qui élira son successeur. Les cardinaux sont logés dans la résidence Sainte-Marthe, dans l’enceinte de la cité vaticane. Quelques favoris se dessinent – l’ultraconservateur Tedesco (Sergio Castellitto), le libéral Bellini (Stanley Tucci), le Nigérian Ayedemi qui pourrait être le premier Pape de couleur – et un participant de dernière minute, l’évêque de Kaboul, nommé in pectore par le défunt pontife, s’invite.
Unité de temps, unité de lieu, unité d’action : la réunion du collège des cardinaux pour élire en conclave le nouveau pape est un événement profondément cinématographique, avec ses rites, sa dramaturgie, son suspense. Nanni Moretti (Habemus Papam), Fernando Mereilles (Les Deux Papes), Paolo Sorrentino (The New Pope) y ont puisé leur inspiration. C’est à l’allemand Edward Berger (Jack, À l’Ouest rien de nouveau) qu’a été confié le soin de porter à l’écran le thriller de Robert Harris publié en 2016. Il le fait avec une brochette de stars : outre Ralph Fiennes, Sergio Castellitto et Stanley Tucci déjà cités, John Lithgow, en cardinal canadien duplice, et Isabella Rossellini, en sœur silencieuse mais vigilante.
J’ai lu de bien méchantes critiques de Conclave. Le Monde lui reproche ses numéros d’acteurs, son manichéisme (entre l’aile conservatrice derrière Tedesco et l’aile libérale derrière Bellini) et ses coups de théâtre peu crédibles. Je le trouve bien sévère. J’ai pris un réel plaisir à ce film qui m’a tenu en haleine deux heures de rang. J’ai aimé qu’il nous enferme dans les murailles du Vatican sans jamais nous en faire sortir. J’ai goûté l’interprétation de Fiennes et sa voix doucereuse, même si elle reste prisonnière du même registre. Et j’ai apprécié les coups de théâtre qui émaillent le scénario, aussi invraisemblables soient-ils, en particulier le tout dernier qui fut accueilli dans la salle par quelques rires incrédules, dont le mien.