Aïcha ★★☆☆

Aya habite à Tozeur, une petite ville du Sud tunisien. Elle travaille dans un grand complexe touristique et ramène son salaire à ses parents qui désespèrent de la marier. Un drame imprévu lui donne l’occasion de changer de vie et d’aller s’installer incognito à Tunis. Elle y trouve une colocation et un emploi dans une boulangerie. Mais un nouveau drame attire sur elle l’attention de la police.

Aïcha est le deuxième film du réalisateur tunisien Mehdi Barsaoui. Son premier, Un fils, sorti quelques jours avant le Covid en mars 2020, m’avait enthousiasmé. Malgré son peu d’audience, il avait valu à Sami Bouajila le César du meilleur acteur.

Barsaoui utilise les mêmes recettes pour faire le procès de la Tunisie contemporaine, de la corruption qui ronge son administration, de l’horizon bouché qui est offert à ses jeunes. Mais Aïcha n’est pas aussi réussi qu’Un fils pour deux raisons selon moi.

La première est son scénario qui, certes, ménage de nombreux rebondissements et tient le spectateur en haleine, mais qui souffre d’une construction bancale. L’action commence à Tozeur où lentement une histoire se met en place avec des personnages (Aya, ses parents, ses collègues de travail, le directeur de l’hôtel qui l’emploie…) autour d’un lieu (un palace situé au milieu du désert où le personnel d’entretien se plie aux moindres désirs de touristes invisibles). Brusquement, ce film-là s’interrompt et un autre film commence avec pour seul lien avec le premier, son héroïne, catapultée dans un autre univers.

La seconde est qu’on a vu beaucoup de films sur la Tunisie ces années dernières : La Source, Ashkal, Sous les figues, Harka, Noura rêve, Corps étranger, Les Filles d’Olfa, La Belle et la Meute, Le Challat de Tunis… Certains parmi eux, notamment les trois derniers cités, étaient si remarquables que, par comparaison, cet Aïcha passera inaperçu.

La bande-annonce

Baby ★☆☆☆

Beau comme un ange, Wellington est abandonné à son sort à la sortie d’un centre de détention dans l’immense mégalopole de São Paulo . Sa famille lui a tourné le dos. Dans un cinéma porno, il rencontre Ronaldo. Prostitué occasionnel et dealeur, le quadragénaire prend le jeune homme sous son aile. Une complicité amoureuse naît entre eux.

Une blague circule qui m’amuse beaucoup : le président Trump aurait décidé d’enlever de l’alphabet les lettres L, G, B, T, Q, I, A….. Elle aurait pu tout aussi bien s’appliquer au président Bolsonaro qui partageait avec son homologue américain la même homophobie.

Nouvelle figure du cinéma queer, le brésilien Marcelo Caetano signe son second film après Corpo Electrico en 2017. Il arrive sur les écrans auréolé de son succès à Cannes l’an dernier à la Semaine internationale de la critique.

Sans doute, Baby est-il une vibrante ode à la liberté, au droit de chacun de choisir son orientation sexuelle. On ne peut que prendre fait et cause pour lui, s’apitoyer des coups du sort qui le frappent, se réjouir de la rare sollicitude qui lui est manifestée.

Mais, dans son genre déjà bien exploré, Baby est trop banal pour laisser une trace durable.

La bande-annonce