Aya habite à Tozeur, une petite ville du Sud tunisien. Elle travaille dans un grand complexe touristique et ramène son salaire à ses parents qui désespèrent de la marier. Un drame imprévu lui donne l’occasion de changer de vie et d’aller s’installer incognito à Tunis. Elle y trouve une colocation et un emploi dans une boulangerie. Mais un nouveau drame attire sur elle l’attention de la police.
Aïcha est le deuxième film du réalisateur tunisien Mehdi Barsaoui. Son premier, Un fils, sorti quelques jours avant le Covid en mars 2020, m’avait enthousiasmé. Malgré son peu d’audience, il avait valu à Sami Bouajila le César du meilleur acteur.
Barsaoui utilise les mêmes recettes pour faire le procès de la Tunisie contemporaine, de la corruption qui ronge son administration, de l’horizon bouché qui est offert à ses jeunes. Mais Aïcha n’est pas aussi réussi qu’Un fils pour deux raisons selon moi.
La première est son scénario qui, certes, ménage de nombreux rebondissements et tient le spectateur en haleine, mais qui souffre d’une construction bancale. L’action commence à Tozeur où lentement une histoire se met en place avec des personnages (Aya, ses parents, ses collègues de travail, le directeur de l’hôtel qui l’emploie…) autour d’un lieu (un palace situé au milieu du désert où le personnel d’entretien se plie aux moindres désirs de touristes invisibles). Brusquement, ce film-là s’interrompt et un autre film commence avec pour seul lien avec le premier, son héroïne, catapultée dans un autre univers.
La seconde est qu’on a vu beaucoup de films sur la Tunisie ces années dernières : La Source, Ashkal, Sous les figues, Harka, Noura rêve, Corps étranger, Les Filles d’Olfa, La Belle et la Meute, Le Challat de Tunis… Certains parmi eux, notamment les trois derniers cités, étaient si remarquables que, par comparaison, cet Aïcha passera inaperçu.