Le Village aux portes du paradis ★☆☆☆

Dans un petit village côtier du sud de la Somalie, un fossoyeur élève seul son fils et essaie tant bien que mal de rassembler l’argent nécessaire à lui fournir une bonne éducation. Sa sœur, récemment divorcée, revient vivre sous son toit et cherche elle aussi à rassembler le capital lui permettant d’ouvrir une petite boutique de couture.

Sans doute a-t-on déjà vu des films qui se déroulaient en Somalie ou au large de ses côtes : La Chute du Faucon noir (2002), Hijacking (2012), Capitaine Philips (2013) … Mais ce Village aux portes du paradis, tourné par un réalisateur somalien, en Somalie même, est sans doute le premier film authentiquement somalien diffusé en France depuis l’âge d’or du cinéma somalien dans les années 70. Depuis lors, le régime socialiste de Siad Barre a été renversé laissant le pays sombrer dans l’anarchie, sa partie nord, qui fut jadis colonie britannique, retrouvant progressivement un semblant de stabilité, alors que sa partie sud, ancienne colonie italienne, reste divisée entre clans rivaux, influences étrangères et montée de l’islamisme fondamentaliste.

Le Village aux portes du paradis exhale donc un indéniable exotisme, même si ce qu’on voit de la Somalie, des rivages quasi désertiques battus par le vent, des banlieues anomiques jonchées de sacs plastique, ne donne guère envie d’y aller en villégiature.

Cet exotisme suffit-il à donner de l’intérêt à ce film ? J’avais eu la faiblesse de l’accepter, s’agissant d’un récent film djiboutien, un autre pays à la production cinématographique confidentielle, La Femme du fossoyeur sorti en avril 2022. Je n’aurai pas une telle indulgence avec ce film-là. Certes, il est moins naïf et moins gnangnan que le résumé que j’en ai fait pouvait le laisser craindre. Il y a au contraire dans les personnages et dans le montage une austérité rugueuse qui refuse toute complaisance. Mais cette austérité, étirée pendant plus de deux heures, devient vite étouffante sinon exaspérante.

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Les fils qui se touchent ★☆☆☆

Alors qu’il approche de la cinquantaine, Nicolas Burlaud, un vidéaste marseillais, est foudroyé par une crise d’épilepsie. Une batterie d’examens révèle une alteration de son hippocampe, une structure de l’encéphale qui joue un rôle central dans la mémoire. Cette révélation le conduit à s’interroger sur son travail au sein de la chaîne de télévision locale Primitivi.

Tout intrigue dans ce film : son titre, qui peut susciter bien des confusions (les fils qui se shootent ? les fils qui se couchent ? qui se mouchent ? qui se douchent ?), son affiche, son sujet même. Nicolas Burlaud commence par nous administrer une leçon de neurosciences qui, selon qu’on n’y connaisse rien ou qu’on ait quelques notions de médecine, pourra sembler sembler trop obscure ou trop simplificatrice.

Il est plus pertinent quand il évoque son travail depuis un quart de siècle dans une télé anarchiste et libertaire – qui se revendique de l’esprit des radios libres des années 80. Les émissions qu’il y a réalisées ont documenté la vie des Marseillais, notamment  des quartiers Nord voués à la destruction de leur logement ou de la rue d’Aubagne menacés par l’insalubrité. Nicolas Burlaud s’interroge sur la manière dont s’est constituée une mémoire collective, qui n’est ni la somme ni la moyenne des mémoires individuelles.

Alors qu’il éprouve dans sa chair la crainte de perdre sa propre mémoire, Nicolas Burlaud nous alerte sur les risques qui pèsent sur notre mémoire collective. Ses traces s’évaporent, comme celles de plus en plus évanescentes que nous montre l’urbaniste Nicolas Mémain qui témoignent des actions contestataires dont Marseille a été le théâtre. Elles sont recouvertes par les classes dominantes qui essaient d’imposer leur récit lénifiant, nous dit le réalisateur qui ne cache pas ses opinions anarchistes et anticapitalistes.

C’est un passionnant sujet pour les historiens qui s’en sont d’ailleurs emparés depuis longtemps. On ne compte plus les livres ou les colloques sur Mémoire et Histoire, qu’il s’agisse de la traite négrière, de la Shoah, de la Guerre d’Algérie ou de l’immigration. On a l’impression hélas que le réalisateur de ce documentaire autobiographique ignore ce courant de recherches et en découvre candidement l’existence.

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Les Musiciens de Gion (1953) ★★★☆

Eiko est une jeune orpheline, dont la mère, une ancienne geisha, vient de mourir et dont le père, perclus de dettes, ne peut subvenir à l’éducation. Aussi demande-t-elle à Miyoharu de la former au métier de geisha. Pour ce faire, Miyoharu doit s’endetter auprès de Okimi, la riche propriétaire d’une maison de thé. En échange, une fois EIko formée, Okimi exige des deux femmes qu’elles cèdent aux avances de deux clients, un businessman et un haut fonctionnaire. Eiko s’y refuse et blesse l’homme d’affaires qui était sur le point de la violer. Cet incident ulcère Okimi qui retire aux deux geishas tous leurs engagements.

Kenji Mizoguchi est un des plus grands réalisateurs japonais. Décédé à 58 ans à peine, il a laissé une œuvre immense dont beaucoup de films ont été perdus. Sa carrière débute dès les années 20. L’essentiel de sa production, pléthorique, est constituée de films muets. Mais si Mizoguchi a atteint la célébrité, c’est grâce à la dizaine de films qu’il signe au début des années 50 : Les Contes de la lune vague après la pluie, La Rue de la honte, Les Amants sacrifiés

Les Musiciens de Gion est le remake d’un film qu’il avait tourné en 1933. D’une grande brièveté, d’une grande simplicité, il a pour héroïnes deux geishas. La plus jeune des deux fait ses premiers pas, dans cet univers codifié et fantasmé, sous la férule de la seconde plus âgée. Mizoguchi a toujours été fasciné par ce milieu, source de bien des fantasmes et de contresens. Les geishas n’étaient pas en effet, comme l’Occident l’imagine, des prostituées qui vendaient leur corps, mais des dames de compagnie recherchées pour leur conversation et leur grâce. Pour autant, elles devaient souvent se placer sous la protection d’un tuteur qui parfois exerçait sur elles son droit de cuissage.

Les Musiciens de Gion ressemble par son économie de moyens et sa cruauté à une nouvelle de Maupassant. La jeune Eiko y rencontre les limites posées à la condition féminine. Elle y fait également l’expérience de la sororité, avant que le concept devienne galvaudé.

Il n’y a aucune longueur, aucun temps mort dans une mise en scène parfaitement agencée. Le noir et blanc est d’une élégance intemporelle. Les cadrages annoncent ceux d’Ozu, au ras du tatami, avec des personnages souvent filmés à travers une ouverture, dans un arrière-plan étudié.

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The Flats ★☆☆☆

Joe, la cinquantaine bien déglinguée, habite New Lodge une enclave républicaine au nord-ouest de Belfast. Il a vécu dans sa chair la guerre civile qui a longtemps fait rage en Irlande du Nord, opposant les protestants, fidèles à la couronne britannique, aux catholiques qui revendiquaient l’unité de l’Irlande. Il y a perdu un jeune oncle, âgé de dix-sept ans à peine, dont la mort en 1975 ne cesse de le hanter. Révolté par le trafic de drogue qui sévit au pied de son immeuble, il a entamé une grève de la faim, similaire à celle qu’avait menée Bobby Sands en 1981.
D’autres habitants du quartier sont tout aussi traumatisés par un passé qui ne passe pas : Angie, victime de violences domestiques, Jolene, qui doit s’occuper de sa sœur grabataire.

The Flats a l’ambition louable de gratter la mémoire républicaine des « troubles » en Irlande du Nord en dressant le portrait de quelques habitants emblématiques d’un bloc d’immeubles qui, tel le village d’Astérix, revendique irréductiblement son identité catholique et républicaine au cœur de la Belfast loyaliste.

Il a le défaut de le faire en se focalisant sur trois personnages, Joe, Angie et Jolene, dont le piètre état semble avoir son origine plus dans leurs tristes histoires personnelles que dans celle de l’Irlande du nord. Aussi attachants qu’ils soient tous les trois, le sens du documentaire en est dévié d’autant.

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Les Oubliés de la Belle Étoile ★★☆☆

La Belle Etoile, c’était le nom d’un centre de redressement, à Mercury, au-dessus d’Albertville, dirigé d’une main de fer par un abbé catholique. Placés par la Ddass, André, Michel et Daniel y passèrent une partie de leur enfance et en furent marqués à jamais. La documentariste Clémence Davigo les a retrouvés au crépuscule de leur vie et a recueilli leurs témoignages alors qu’ils tentent d’obtenir de l’Eglise catholique sinon une réparation du moins des excuses.

Quatre mois à peine après La Déposition est sorti début février ce documentaire qui lui ressemble. Il s’agit de recueillir le témoignage de victimes de sévices commis par l’Eglise. Enfant de chœur, Emmanuel Siess, le protagoniste de La Déposition avait été victime d’attouchements par le curé de son village au début des années quatre-vingts-dix. Les faits relatés dans Les Oubliés de la Belle Etoile sont plus anciens. Ils remontent aux années cinquante et soixante. Ils nous renvoient à une époque et à des témoignages qu’on pensait relégués : celle où l’on enfermait les « sauvageons » dans des centres de redressement pour les mater et les remettre dans le droit chemin. Remontent à la mémoire les récits Quatrième République de Gilbert Cesbron, de Violette Le Duc (racontée au cinéma par Emmanuelle Devos), d’Albertine Sarrazin (L’Astragale), d’Auguste Le Breton (Les Hauts murs porté à l’écran au début des années 2000) ou, plus récemment, le livre Des diables et des saints du prix Goncourt Jean-Baptiste Andréa.

Mais, Clémence Davigo ne se focalise pas sur la vie au pensionnat. Son documentaire ne contient quasiment aucune image d’archives, pas plus qu’il ne rassemble de témoignages d’époque. Ce qui l’intéresse, ce sont ces anciens pensionnaires, aujourd’hui septuagénaires et ce qu’ils sont devenus. Elle veut montrer combien leur enfance et les sévices qu’ils ont subis les ont marqués à jamais. Elle les filme réunis, quelques jours en été, autour d’un pâté en croute et d’une tarte à la mirabelle, dans la maison d’André qui raconte en en riant ses longs démêlés avec la justice, ses lourdes condamnations, les années passées en prison. Michel, devenu coureur de fond, finira par avouer les attouchements dont il fut victime.

Clémence Davigo filme également les démarches entreprises par ces anciens pensionnaires et quelques-uns de leurs camarades auprès de l’Eglise catholique. Un couple de médiateurs les écoute longuement, collectivement puis séparément. L’évêque de Chambéry les reçoit ensuite. Ils acceptent la présence d’une caméra – ce que, si j’avais été à leur place, j’aurais hésité à faire. On peut reprocher à l’Eglise catholique sa surdité sinon son hypocrisie. Mais qu’a-t-elle à offrir à ces hommes sinon une oreille compatissante et la reconnaissance d’une faute ? Une indemnisation en espèces sonnantes et trébuchantes ? de quel montant ? calculée selon quels critères ? Des excuses publiques ? Une plaque commémorative ? Ces réparations hélas semblent bien futiles et ne leur redonneront jamais leur vie définitivement abîmée.

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To the North ★☆☆☆

Deux immigrés roumain et bulgare montent clandestinement à bord d’un porte-conteneur. Il appareille d’Espagne vers l’Amérique. L’un d’eux est rapidement découvert. L’autre réussit à se cacher avec la complicité d’un contre-maître taïwanais.

Inspiré de faits réels, qui se sont déroulés à la fin des années 90, To the North est un film en huis clos qui se déroule en haute mer. Il met en scène quelques rares personnages exclusivement masculins qui incarnent, chacun à leur façon, une valeur. Dumitru est un jeune immigré roumain hanté par l’instinct de survie. Joel est ce marin philippin vieillissant, profondément croyant, que le sort de Dumitru émeut. Le capitaine Tsai incarne l’autorité.

Ceci étant posé, le scénario aurait pu s’orienter dans le sens le plus attendu : celui du film d’action, avec son lot de rebondissements. On aurait pu imaginer par exemple que Dumitru soit découvert par le capitaine Tsai, qu’il soit placé sous écrou, qu’il réussisse à s’enfuir avec la complicité de Joel, que Tsai se venge sur Joel de cette évasion, que Dumitru tente le tout pour le tout pour sauver Joel, etc.

Tel n’est pas le parti que prend le film. Il choisit un scénario beaucoup plus lent sinon statique. Il préfère scruter les âmes de chacun des protagonistes et interroger leurs valeurs, à rebours de la présentation manichéenne que j’en ai faite. Ce parti-là était stimulant et intelligent. Mais hélas, le résultat est assez décevant. À force de tout relativiser, To the North s’égare. Et sa fin ouverte sonne comme un aveu d’échec : faute d’être capable de départager les adversaires, le scénario nous laisse nous débrouiller avec eux.

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September & July ★★☆☆

September et July sont sœurs. Leur mère Sheela est photographe et les élève seule. September et July entretiennent une relation exclusive qui les met en marge des autres élèves de leur école. Leur mère décide de déménager au bord de l’océan dans la maison de ses beaux-parents.

Pour sa première réalisation, l’actrice Ariane Labed (que j’avais adorée dans Fidelio) a décidé d’adapter le roman Sisters de Daisy Johnson. Ariane Labed partage avec son conjoint Yórgos Lánthimos (The LobsterMise à mort du cerf sacréPauvres créatures) le goût de l’étrange et du dérangeant. 

Car September & July n’est pas ce qu’on croit : la chronique façon Diabolo Menthe des années collégiennes de deux sœurs irréductiblement liées. September & July raconte autre chose. Mais on ne sait pas quoi.

La complicité qui unit les deux sœurs cache quelque chose de plus trouble. L’aînée September exerce sur la cadette July une emprise toxique. Elle s’exprime à travers les défis que September lance à sa sœur pour tester sa loyauté (le titre anglais original « September says » est inspiré du jeu enfantin Jacques a dit…). Au point qu’on en vient à se demander si, de tous les dangers qui menacent la fragile July, sujette aux crises de panique, September ne serait pas le plus grand.

[attention spoiler] Sans qu’on comprenne pourquoi, les filles quittent brutalement le collège et vont s’installer avec leur mère au bord de la mer. Le film change de rythme. L’image d’ailleurs change de format – comme Xavier Dolan l’a fait dans Mommy – passant d’un format carré 1:1 à un format 1:85. Ce changement de cadre restera inexpliqué jusqu’à la toute fin du film. Le switch est renversant et donne à tout le film une saveur qu’il n’avait pas.
Je ne sais pas ce qu’il vaut le mieux : l’ignorer et en être surpris, au risque d’avoir trouvé l’heure qui précède bien falote, ou au contraire l’attendre fiévreusement en essayant de le deviner.

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Maman déchire ★☆☆☆

Emilie Brisavoine a plongé dans les archives familiales pour dresser le portrait de sa mère.

On avait découvert Emilie Brisavoine en 2016 avec Pauline s’arrache, un documentaire tourné avec des bouts de ficelle sur l’adolescense révoltée de sa demi-sœur. La sincérité de ce documentaire bourré de défauts m’avait enthousiasmé.

On la retrouve neuf ans plus tard avec les mêmes recettes. Elle se penche cette fois ci sur celle qui n’était dans Pauline… qu’un personnage secondaire : sa mère.

Elle n’y va pas de main morte, dressant de sa marâtre, qui l’a abandonnée à son adolescence, un portrait sans concession : celle-ci a fait payer à ses enfants, à Emilie son aînée, et à Florian le cadet, le prix de ses traumatismes, de sa paranoïa, de ses bouffées de délire psychotique, et les a privés de l’amour dont ils avaient tant besoin.

Le résultat est particulièrement émouvant. On y lit une (en)quête : alors qu’elle vient elle-même d’avoir un enfant et interroge le lien si fort qui est en train de naître entre elle et lui, Emilie Brisavoine s’interroge sur le lien qui s’est brisé avec sa mère. Elle montre aussi comment son frère Florian a souffert, encore plus qu’elle, de cette relation toxique.

Mais, Maman déchire n’en donne pas moins le sentiment que la réalisatrice s’est payé une psychanalyse aux frais des spectateurs. On ne peut certes que se réjouir de sa lucidité, se féliciter qu’à la fin [attention spoiler] mère et fille trouvent enfin la voie d’une relation apaisée ; mais on garde l’impression désagréable, comme dans le récent À bicyclette !, d’avoir été convié sans notre consentement à un exercice cathartique qui ne nous regardait pas.

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Aïcha ★★☆☆

Aya habite à Tozeur, une petite ville du Sud tunisien. Elle travaille dans un grand complexe touristique et ramène son salaire à ses parents qui désespèrent de la marier. Un drame imprévu lui donne l’occasion de changer de vie et d’aller s’installer incognito à Tunis. Elle y trouve une colocation et un emploi dans une boulangerie. Mais un nouveau drame attire sur elle l’attention de la police.

Aïcha est le deuxième film du réalisateur tunisien Mehdi Barsaoui. Son premier, Un fils, sorti quelques jours avant le Covid en mars 2020, m’avait enthousiasmé. Malgré son peu d’audience, il avait valu à Sami Bouajila le César du meilleur acteur.

Barsaoui utilise les mêmes recettes pour faire le procès de la Tunisie contemporaine, de la corruption qui ronge son administration, de l’horizon bouché qui est offert à ses jeunes. Mais Aïcha n’est pas aussi réussi qu’Un fils pour deux raisons selon moi.

La première est son scénario qui, certes, ménage de nombreux rebondissements et tient le spectateur en haleine, mais qui souffre d’une construction bancale. L’action commence à Tozeur où lentement une histoire se met en place avec des personnages (Aya, ses parents, ses collègues de travail, le directeur de l’hôtel qui l’emploie…) autour d’un lieu (un palace situé au milieu du désert où le personnel d’entretien se plie aux moindres désirs de touristes invisibles). Brusquement, ce film-là s’interrompt et un autre film commence avec pour seul lien avec le premier, son héroïne, catapultée dans un autre univers.

La seconde est qu’on a vu beaucoup de films sur la Tunisie ces années dernières : La Source, Ashkal, Sous les figues, Harka, Noura rêve, Corps étranger, Les Filles d’Olfa, La Belle et la Meute, Le Challat de Tunis… Certains parmi eux, notamment les trois derniers cités, étaient si remarquables que, par comparaison, cet Aïcha passera inaperçu.

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Baby ★☆☆☆

Beau comme un ange, Wellington est abandonné à son sort à la sortie d’un centre de détention dans l’immense mégalopole de São Paulo . Sa famille lui a tourné le dos. Dans un cinéma porno, il rencontre Ronaldo. Prostitué occasionnel et dealeur, le quadragénaire prend le jeune homme sous son aile. Une complicité amoureuse naît entre eux.

Une blague circule qui m’amuse beaucoup : le président Trump aurait décidé d’enlever de l’alphabet les lettres L, G, B, T, Q, I, A….. Elle aurait pu tout aussi bien s’appliquer au président Bolsonaro qui partageait avec son homologue américain la même homophobie.

Nouvelle figure du cinéma queer, le brésilien Marcelo Caetano signe son second film après Corpo Electrico en 2017. Il arrive sur les écrans auréolé de son succès à Cannes l’an dernier à la Semaine internationale de la critique.

Sans doute, Baby est-il une vibrante ode à la liberté, au droit de chacun de choisir son orientation sexuelle. On ne peut que prendre fait et cause pour lui, s’apitoyer des coups du sort qui le frappent, se réjouir de la rare sollicitude qui lui est manifestée.

Mais, dans son genre déjà bien exploré, Baby est trop banal pour laisser une trace durable.

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