En août 2021, les Américains abandonnent l’Afghanistan aux Talibans. La France lance l’opération Apagan pour fermer son ambassade, rapatrier son personnel diplomatique et consulaire et avec lui plusieurs milliers d’Afghans persécutés par le régime.
Commandant de police, attaché de sécurité de police adjoint à l’ambassade de France en Afghanistan, à quelques semaines de la retraite, Mohamed Bida a raconté les treize jours qui ont séparé l’annonce du départ des forces américaines d’Afghanisatn et son décollage de l’aéroport de Kaboul dans un livre autobiographique. Avec un groupe de policiers du RAID et en lien avec l’ambasadeur de France, mon ami David Martinon, replié à l’aéroport international, il a accueilli à l’ambassade plusieurs centaines de réfugiés afghans titulaires d’un visa pour la France. Fils de harki, il tenait à les protéger et à les évacuer. Les hélicoptères ayant subi des tirs d’artillerie, la voie aérienne leur était fermée pour quitter l’ambassade. Mohamed Bida et ses hommes ont dû affréter des bus et négocier avec les talibans qui contrôlaient les rues un accord pour autoriser leur transit jusqu’à l’aéroport. Arrivés sur place, il a pendant dix jours encore, sur instructions de Paris identifié, accueilli et exfiltré plusieurs centaines d’Afghans qui cherchaient à fuir le régime.
C’est cette histoire vécue que Martin Bourboulon, le réalisateur à succès de comédies grand public (Papa ou Maman) et de films historiques (Eiffel, Les Trois Mousquetaires), a reconstitué au Maroc, faute de pouvoir tourner en Afghanistan. Pour interpréter le rôle du commandant Bida, il a fait le bon choix avec Roschdy Zem qui lui insuffle ce mélange parfait d’hyper-virilité et d’humanité. Pour le rôle de l’interprète masculin qui a accompagné Bida dans ses négociations, il a fait le choix plus discutable d’une actrice. Et pour faire bonne mesure, il a inventé de toutes pièces une journaliste courageuse, jouée par Sidse Babett Knudsen (Borgen, L’Hermine, La Fille de Brest).
Le résultat a des airs de blockbuster américain. Il en a surtout les défauts : des scènes d’action paroxystiques dont on sait par avance l’issue heureuse, rien sur la guerre en Afghanistan, les ressorts du retrait américain, l’offensive éclair des talibans ou le régime théocratique qu’ils mettent en place, rien non plus sur les personnages réduits à des caricatures.