À l’aube du 1er juillet 1965, à Valensole, près de Manosque, Maurice Masse, un paysan, affirme avoir vu une soucoupe volante se poser dans son champ de lavande et deux extra-terrestres en sortir.
Ce témoignage avait réjoui les gazetiers l’espace d’un été, qui s’étaient gentiment moqué des hallucinations de ce paysan provençal. Le petit bourg bas-alpin (car le département s’appelait alors les Basses-Alpes avant d’opter en 1970 pour un titre moins dépréciatif) connut une célébrité éphémère et vit affluer les curieux, les hippies et les ufologues.
Le problème du film de Dominique Filhol est qu’il traite l’histoire au premier degré. Il le fait sur le mode de la reconstitution historique à la Pagnol, avec l’accent obligatoire pour tous ses personnages et des couchers de soleil somptueux sur la lavande provençale. On se croirait dans une publicité pour Ricard ou pour l’Occitane ! Pastichant Raimu ou Gabin, Matthias Van Khache joue Maurice Masse, étourdi par sa mésaventure, honteux de l’avoir racontée et d’être devenu la risée de tout un pays. Vahina Giocante, jeune première dans les années 2000, se reconvertit dans le rôle d’une sage épouse, prête à croire pour le bonheur de son mari à ses mensonges.
Valensole 1965 se tient au plus près des faits. C’est bien sa limite ; car les faits se limitent à pas grand chose. Pourtant, le sujet n’était pas inintéressant qui se serait prêté à toutes sortes de développements, des plus comiques aux plus sérieux. Les soucoupes volantes et les petits bonhommes verts – comme les apparitions de la Vierge au siècle précédent – sont des faits sociologiques passionnants qui nous disent beaucoup de notre époque, de nos peurs, de nos fantasmes. Il est d’ailleurs étonnant qu’on n’en croise plus guère. Pourtant le sujet n’a rien perdu de son actualité à l’heure des intox et des débunkages plus ou moins convaincants. Si certains croient que la Terre est plate – ou que Brigitte Macron est un homme – pourquoi ne croirait-on pas qu’existent dans l’Univers des formes d’existence extra-terrestre ?!
Des petits bonhommes verts ont-ils vraiment croisé la route de Maurice Masse le 1er juillet 1965 ? Le film aurait été bien maladroit s’il avait tranché cette énigme, dans un sens ou dans un autre. Il évite cet écueil ; mais il échoue sur tant d’autres que son résultat ne se hisse pas au-dessus du niveau d’un mauvais téléfilm.